Dans cette lettre qu’il qualifie de cri du cœur, Martin-Claude Le Blanc avance que le comité qu’il présidait, dont le mandat est de donner son avis sur la politique d’organisation des services éducatifs aux élèves HDAA, n’a pas les données nécessaires pour remplir son rôle.
Le comité de parents EHDAA a demandé à deux reprises, en avril 2016 et février 2017, de répertorier les ressources additionnelles que les enfants avec des besoins particuliers devraient recevoir ainsi que le type de ressources et la fréquence à laquelle l’enfant reçoit ces besoins. Selon les procès-verbaux de juin 2016 et mai 2017, même si elle reconnaît l’absence d’un tel outil, la CSP refuse d’en mettre un en place. «Comment la commission scolaire peut-elle prétendre savoir quel type de professionnel [elle a besoin] et combien en engager si elle ne sait pas ce qui manque?» questionne M. Le Blanc dans sa lettre de démission.
Problème d’incompréhension
La présidente de la CSP, Hélène Roberge, se dit pour sa part très surprise de la lettre du président sortant et estime que certaines affirmations sont erronées. Elle soutient que le président a d’abord une incompréhension de la manière de fonctionner. Selon Mme Roberge, les écoles se fient d’abord aux plans d’intervention des élèves afin de répondre à leurs besoins plutôt que de se fier à une liste d’élèves avec certains diagnostics. Elle rappelle d’ailleurs que les besoins des élèves évoluent avec le temps.
La CSP se fie d’abord à un comité pour répartir les ressources entre les écoles, selon certaines balises. Elle soutient que les directions d’écoles sont là pour faire part des besoins. Ce sont les écoles qui identifient les besoins et répondent aux besoins avec l’argent disponible. Elle soutient que tous les besoins sont répondus.
«À la Commission scolaire des Patriotes, nous n’avons pas une liste d’attente où tel élève n’aura pas de service. Tous les élèves reçoivent des services», dit-elle. Elle concède toutefois qu’il pourrait toujours y avoir plus de services, mais que les ressources doivent être «optimisées».
La CSP s’appuie sur le taux de réussite des élèves et le taux d’intégration d’élèves HDAA en classe régulière afin de mesurer si les services sont suffisants.
Les explications de la CSP aux demandes du comité consultatif ne sont toutefois pas satisfaisantes, selon M. Le Blanc. «Les services donnés sont inscrits dans le plan d’intervention de l’élève et la commission scolaire peut se vanter que tous les besoins sont comblés. Mais la réalité, c’est que les besoins qui ne sont pas comblés ne figurent nulle part, et la commission scolaire ne veut pas le savoir», avance-t-il.
Appui du député
Plusieurs membres du comité EHDAA de la CSP ont d’ailleurs donné leur appui au président sortant sur les réseaux sociaux.
Le porte-parole de la Coalition avenir Québec en matière d’éducation et député de Chambly, Jean-François Roberge, a d’ailleurs tenu à appuyer les propos de M. Le Blanc. Il croit que le départ du président devrait amener la commission scolaire à se poser des questions sur l’organisation et l’offre de service pour ces élèves.
Le député avait d’ailleurs constaté en avril dernier, après une demande d’accès à l’information sur le sujet, que même le ministère de l’Éducation ignorait les besoins réels des élèves HDAA. «Il est aberrant de constater qu’encore aujourd’hui, rien n’a changé, tant à la CSP qu’à Québec. Force est de constater que certains semblent confortables dans leur ignorance.»
La présidente de la CSP assure que le comité a encore toute sa raison d’être. «Peut-être qu’on aurait avantage à améliorer l’information qu’on donne au comité pour être certain qu’il a une bonne compréhension.»
Service de garde au secondaire
Le comité consultatif de services aux élèves HDAA a également demandé à deux reprises à la commission scolaire des Patriotes de réaliser un sondage au secondaire pour évaluer l’intérêt d’un service de garde pour ces élèves. La présidente du conseil des commissaires, Hélène Roberge, précise que la CSP a refusé de tenir un tel sondage parce qu’il n’y avait aucun service sur son territoire prêt à offrir ce service. «Ça créerait de fausses attentes chez les parents, dit-elle. On offrait toute notre collaboration s’il y avait des organismes qui étaient prêts à mettre sur pied ce service-là. On irait même jusqu’à prêter des locaux et organiser du transport scolaire.»