24 avril 2019 - 20:05
15, 16 ou 17 ans
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Ce n’est pas un reproche. Je veux dire, je n’y ai pas plus pensé que vous. Je n’ai jamais pensé aux jeunes dans tout ça, comme la plupart d’entre vous, j’ose croire. Maintenant que j’y pense, c’est effectivement malaisant. Je m’imagine attraper une ITSS à 15 ans; ou 16; ou même 17 ans! Bon, juste l’idée de moi à 15 ans qui ai de la sexualité, ça frise la fiction, mais pour la discussion, prétendons que c’est possible. Qu’est-ce que j’aurais fait?

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À 20, 30 ou 40 ans, si jamais tu chopes une infection transmissible sexuellement ou par le sang, je nous imagine assez « adultes » pour prendre un congé du travail afin de nous rendre au CLSC ou à l’hôpital pour un test de dépistage.
Mais à 15, 16 ou 17 ans? Impossible de quitter l’école sans éveiller les soupçons. Pas question de demander à ses parents de nous conduire à l’hôpital. Je veux dire, à 15, 16 ou 17 ans, acheter un condom, déjà, c’était la fin du monde!
J’aurais été voir l’infirmière de l’école, j’imagine. Déjà, le malaise; pire, la honte! Lui dire que j’ai couché avec une personne. Que depuis, ben ça pique. Que j’ai peur! Imaginez, à 15 ou 16 ou 17 ans! Imaginez-vous devoir vous rendre à Saint-Hyacinthe, sans voiture, parce que le CLSC n’offre pas de test pour le dépistage!
L’histoire que rapporte François Blais, de l’organisme Ruban en route, peut sembler bien banale à première écoute. Au téléphone, lorsqu’il m’a dit que Belœil n’avait pas de clinique jeunesse, je fronçais les sourcils. Ouain pis?
Vérification faite, la clinique existe. Mais sans médecin, elle est temporairement suspendue. Des infirmières sont disponibles, mais sans médecin, impossible pour elles de dépister une ITSS à un jeune. L’option qui reste au jeune en détresse, c’est de se rendre à Saint-Hyacinthe (ou à Sainte-Julie, insiste le porte-parole du CISSS!). « Ça n’a aucun sens, souligne M. Blais, avec raison. Ils doivent motiver une absence à l’école. Même si légalement, à partir de 14 ans, tu es autonome du côté médical, comment tu expliques ça? Tu t’y rends comment? En autobus? Souvent, les jeunes sont gênés de parler d’ITSS. On n’en parle pas encore aussi facilement qu’un rhume. »
Je n’ai pas de reproche à faire. Je pense que vous étiez dans le même bateau que moi. Genre, « ouain, ça existe des tests de dépistage. Pis j’imagine ben qu’avec les années, le système médical a prévu le coup! »
Il semble que oui… mais non.
Une autre malheureuse preuve qu’on pense toujours à nos ados en dernier.
Ah oui, et des munitions de plus pour ceux qui pensent que les infirmières devraient avoir plus de latitude dans leur travail.

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