Même au lendemain d’une victoire écrasante dans la circonscription en octobre dernier, le chef du Bloc québécois admet avoir trouvé cette campagne plus difficile d’un point de vue national. D’abord, c’était une campagne inutile, rappelle celui qui a toujours condamné le déclenchement des élections par Justin Trudeau, l’accusant d’avoir voulu profiter d’un momentum dans les sondages pour aller chercher une majorité de sièges aux communes.
« C’était plus personnel aussi; j’étais plus ciblé. Tu essaies de parler des aînés, de l’environnement, de la santé, mais tu te fais juste poser des questions sur la controverse du jour : des questions sur mes souliers, sur la distance entre mes pieds quand je suis debout et sur le fait que je suis arrogant ou pas arrogant. C’est frustrant, car je suis très engagé dans les contenus; tout ce qu’il y a dans la plateforme, dans les programmes, j’y ai beaucoup participé. Je suis capable d’en parler quand j’arrive devant les journalistes. »
Il souligne aussi que les libéraux n’avaient pas pris le Bloc « au sérieux » en 2019. Ce ne fut pas le cas cette fois, dit-il, en soulignant que les libéraux ont été plus agressifs envers le Bloc. Mais puisque le Bloc a obtenu le même nombre de sièges qu’en 2019, cela prouve, selon M. Blanchet, que dans les régions québécoises, les électeurs ont décidé qu’ils voulaient de nouveau être représentés par son parti.
La rivière
Yves-François Blanchet a eu l’occasion dans les dernières semaines de rencontrer plusieurs élus municipaux, notamment les nouveaux maires et mairesses de Beloeil, d’Otterburn Park et de Mont-Saint-Hilaire. L’environnement s’est imposé dans les discussions. « Rapidement [les élus municipaux] te parlent d’environnement. Le caucus des maires et mairesses de la région, c’est comme une gang de militants écologistes. Avec mon passé de ministre de l’Environnement et de militant écologiste, je trouve ça particulièrement intéressant. Ça a le potentiel de changer le visage de la circonscription », pense-t-il.
Le fil conducteur naturel de la région, c’est la rivière, ajoute-t-il. « Les municipalités riveraines ont une identité marquée par le Richelieu. »
Normal donc que le sujet de la vitesse sur la rivière, qui a retenu l’attention médiatique dans la région, ait été un sujet abordé. Les municipalités riveraines ont vu qu’il se passait quelque chose, dit-il, en référence au projet de règlement en suspens de limiter la vitesse sur la rivière. « Les autres municipalités appuient en général le principe, mais ont de nombreuses questions. On commence une première étape de consultation régionale, une étape cruciale », lance M. Blanchet. Il prétend d’ailleurs que le public et la plupart des utilisateurs veulent un règlement, même si sa forme finale doit encore être discutée.
Outre la vitesse, le député veut éventuellement rencontrer les élus pour d’autres aspects concernant la rivière. Cette discussion pourrait inclure les rejets dans l’eau, les plantations d’arbres, le barrage Fryers, la mise en valeur patrimoniale et la protection des berges et du Chevalier cuivré.
Pour la circonscription, le député aimerait aussi s’impliquer davantage dans les dossiers de la relance économique, de la pénurie de main-d’œuvre et du transport collectif. Il est possible de « magasiner » les travailleurs spécialisés sur le marché étranger et d’encadrer leur arrivée au Québec, dit-il. Pour le transport en commun, le dossier est surtout piloté par Québec. « Mais je veux une lecture, une compréhension et être un partenaire du gouvernement du Québec. Ça touche quand même ma circonscription, mais ça va se faire avec Simon [Jolin-Barrette] et Jean-François [Roberge]. »
Présence accrue
À son retour de congé, Yves-François Blanchet aimerait être plus présent dans la région. En 2019, au lendemain des élections, il était déjà en campagne électorale, indique-t-il. « C’était un gouvernement minoritaire; on s’attendait à ce que ça ne dure pas tellement longtemps. Cette fois-ci, c’est encore minoritaire, mais je m’attends à ce que ça dure au moins trois ans. Le gouvernement ne fera pas la même chose deux fois, soit d’essayer d’aller décrocher une majorité. J’ai donc beaucoup plus de temps pour m’occuper réellement des dossiers du comté. »