Cela fait déjà un an que la Ville a annoncé en grande pompe la première phase de son grand projet d’infrastructures récréatives, faisant suite à une étude des besoins déposée par Raymond Chabot Grant Thornton, mais on n’a toujours rien de concret sur ce qui pourra être réalisé, à quel endroit et, surtout, à quel coût. Nadine Viau confirme que l’attente ne sera plus très longue avant de pouvoir en dire plus aux Belœillois. « On travaille depuis un an avec le programme PAIR (Programme d’amélioration des infrastructures récréatives) et, ce qu’on veut, c’est avoir une vue macro des besoins [avant d’aller de l’avant]. L’année 2025 en sera une de planification vraiment importante pour Belœil, autant pour le nouveau quartier que pour nos parcs et espaces verts. »
La mairesse reconnaît que le futur complexe sportif, qui doit répondre aux besoins grandissants de certains sports comme le hockey et le soccer, est au sommet de la liste de priorités alors qu’un quartier de 4000 portes va pousser dans les prochaines années et que l’aréna André-Saint-Laurent a pris de l’âge. « On doit s’occuper des grosses roches en premier : on a réglé le dossier de l’endroit où l’école sera dans le nouveau quartier, là le gros enjeu, c’est le complexe sportif et on va devoir décider comment on va gérer ça. » Pour Mme Viau, le défi d’un projet de cette envergure est de faire face aux « tant qu’à ». « Tant qu’à faire, on peut aussi ajouter ça ou ça ou ça… La liste d’épicerie devient tellement grosse que ça rend le tout irréalisable. C’est pour ça qu’on a engagé une firme pour voir ce qu’on est réellement en mesure de mettre dans le futur complexe. »
Le mandat d’une durée de 16 semaines doit arriver à terme au courant de l’automne, ce qui devrait donner l’heure juste sur ce qui pourra effectivement être fait, avec quel modèle de financement et à quel endroit.
Prochain budget
Le rapport de la firme permettra de mieux planifier ce projet dans le prochain budget. Nadine Viau réitère aussi son rêve d’un jour accueillir les Jeux du Québec dans la région grâce à de nouvelles infrastructures sportives de qualité. « Moi, je trouve que c’est un bel objectif de les accueillir dès 2030 si on a les infrastructures adéquates. » Il est toutefois encore trop tôt pour connaître l’impact de ces projets sur les taxes des citoyens, mais la Ville a déjà ajouté dans son budget 2024 une réserve financière pour l’amélioration des infrastructures récréatives, ce qui lui permet d’accumuler environ 1,35 M$ à cette fin. Tout porte à croire que cette mesure sera de retour dans le prochain budget.
La vision de Belœil ne se limite pas qu’aux gros projets de plusieurs millions de dollars, note Mme Viau, qui explique la vision de la Ville face aux différents parcs du territoire. « On ne veut plus de parcs avec juste des modules 0-5 ans. […] Il nous faut plus d’espaces polyvalents alors qu’on a de moins en moins d’espaces à Belœil. » Pendant l’entrevue, la mairesse a répété à quelques reprises la phrase « on attire ce qu’on bâtit », ce qui veut dire que si on construit une infrastructure pour répondre à un besoin très spécifique, on va attirer des gens au même profil, alors que la Ville souhaite au contraire avoir davantage de mixité.
Inspiration Copenhague
Le voyage de plusieurs élus et employés de la Ville cet été à Copenhague, la capitale du Danemark, a été très inspirant et aura un certain impact sur l’évolution du projet de nouveau quartier, pour le moment surnommé « Nouveau Belœil ». « Dans ce quartier, on veut faire des îlots et on a vu là-bas ce qui a plus ou moins fonctionné : on a vu des îlots trop fermés et très hauts, où c’était anxiogène et où deux enfants qui jouaient simplement au ballon créaient une nuisance pour le monde. Et, dans un autre, il y avait plus de distance, moins de hauteur, des matériaux différents… On était capables d’entendre les oiseaux pendant que les jeunes jouaient! »
Ainsi, le projet a sensiblement changé depuis la présentation des « plans A et B » faite par Pierre Thibault et Jérôme Lapierre à l’automne 2022, alors qu’un « plan C » sera présenté aux citoyens au courant de l’automne. « Là, on travaille sur le bilan du voyage à Copenhague, qu’on a très hâte de présenter. On veut amener la population à cheminer dans le développement du quartier avec nous. Dès cet automne, tout va se mettre en branle, avec un plan de communication, une nouvelle présentation de l’Atelier Pierre Thibault, les travaux pour la future école et l’ouverture de la rue Serge-Pepin [qui va rejoindre la rue Paul- Perreault]. » Selon Nadine Viau, l’inspiration et les grands principes entourant le projet demeurent intacts, mais différents éléments ont été modifiés au fil des discussions avec les promoteurs, par exemple le nombre de kilomètres de rues et les types de rues présentes dans le quartier. « Ce qui est intéressant, c’est qu’on a cinq propositions à faire quant au stationnement, alors ça ne sera pas nécessairement quelque chose d’uniforme. On a trouvé des alternatives trippantes qu’on va bientôt pouvoir présenter à la population! »
Invitée à résumer les axes principaux qui vont animer Belœil dans la prochaine année, Mme Viau en retient quatre : la mise à jour de son plan d’urbanisme, le développement du nouveau quartier, le projet de complexe sportif et la reconduction du projet pilote de la piscine en eau vive.
Constat d’échec pour le patrimoine
Si la mairesse Nadine Viau aime travailler sur des projets majeurs pour l’avenir de Belœil, elle a beaucoup moins de plaisir à aborder le sujet du patrimoine, dossier dans lequel elle fait un triste constat de l’impuissance de la Ville pour protéger les maisons anciennes de son territoire.
Le dernier exemple est celui de la maison du Bedeau, dont l’état lamentable a amené les élus à se résigner à la voir démolie pour être reconstruite à l’identique avec une extension pour accueillir un futur restaurant. Notons qu’au moment de mettre sous presse, la MRC de La Vallée-du-Richelieu ne s’était pas encore prononcée dans le dossier de la démolition, mais elle devrait le faire incessamment. « Dans le cas de cette maison, quand on a ouvert les murs, on a bien vu qu’on était 20 ans trop tard pour la sauver. C’est épouvantable. […] On se rend compte que la Ville n’a pas de pouvoirs, même si on essaie de mettre en place des outils. » La mairesse reconnaît qu’il « faut y croire » pour entretenir une maison patrimoniale en 2024, et que ce ne sont pas tous les propriétaires, même de bonne foi, qui ont les moyens de le faire.
Ajoutons à cela l’incertitude entourant l’église Saint-Matthieu, qui a besoin de travaux d’urgence depuis deux ans, mais qui peine à obtenir les subventions pour les réaliser, ce qui amène des discussions pour que la Ville puisse éventuellement l’acheter si elle parvient à obtenir des subventions pour réaliser les travaux. « Si on n’a pas de subventions, je ne sais pas ce qu’on va faire. Déjà, des citoyens viennent au micro pendant les séances publiques pour poser des questions alors qu’on n’a même pas encore commencé à penser à l’acheter! Le patrimoine, c’est vraiment un dossier polarisant, étonnamment. Les gens aiment le Vieux-Belœil et son cachet, mais son âme, ce sont les bâtiments patrimoniaux. Chaque fois qu’on en perd un, c’est d’une tristesse infinie. »