8 juillet 2020 - 18:48
Petit à petit, Jean-Louis Slezak a fait son nid
Par: Olivier Dénommée
L’exposition Le nid présente certaines des plus belles œuvres de l’Hilairemontais Jean-Louis Slezak. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

L’exposition Le nid présente certaines des plus belles œuvres de l’Hilairemontais Jean-Louis Slezak. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Autodidacte, minutieux et débordant d’imagination, l’Hilairemontais Jean-Louis Slezak a confectionné une cabane à oiseaux hors normes qu’il a remise à son voisin en 1998. C’est à ce moment qu’on lui a appris qu’il était un artiste et qu’il devait continuer dans cette voie, chose qu’il fait depuis plus de 20 ans et qui le mène à une exposition rétrospective au Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire (MBAMSH).

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L’exposition Le nid, présentée au musée du 2 juillet jusqu’au 9 août, présente les plus belles « sculptures-mémoires » signées Jean- Louis Slezak, des œuvres qui ont en commun d’être entièrement faites de bois, d’être en fait des nids d’oiseau et d’être inspi- rées par un souvenir marquant de la vie de l’artiste. « Tout a commencé avec une cabane à oiseaux que j’ai remise à Jocelyn Fiset [un autre artiste de Mont-Saint-Hilaire], et je suis toujours resté sur ce thème », résume l’artiste, resté fidèle à cette ligne directrice sans jamais y déroger. Atteint d’une dépression en 2000, M. Slezak a consacré « 16 heures par jour » à l’art pour s’en sortir, et n’a jamais arrêté de créer depuis.
Les œuvres présentées incluent des objets du quotidien recréés avec une telle précision qu’on peine à croire qu’ils soient seulement faits de bois. Parmi ses pièces les plus complexes, on retrouve une bicyclette qu’il avait offerte à son épouse avant d’apprendre qu’elle n’aimait pas particulièrement le vélo, une vieille machine à écrire comme celle que possédait sa famille et une tondeuse à gazon, même s’il maudit celui qui a inventé la pelouse. « Certaines œuvres peuvent me prendre jusqu’à deux mois de travail, admet M. Slezak. J’ai toujours dit que, si tu veux faire de l’art, il faut que tu travailles! » D’un naturel pince-sans-rire, il s’est dit « aux oiseaux » lorsque le MBAMSH l’a approché pour une exposition, sa deuxième en carrière.

Hommage à sa muse
Malheureusement, à cause de la pandémie, Le nid a été présentée avec un peu de retard par rapport aux dates prévues initialement, et la muse de M. Slezak, sa femme Denise, n’a pas eu la chance de voir l’exposition avant de rendre son dernier souffle, le 19 juin. « Nous étions ensemble depuis 36 ans et nous avons été mariés 33 ans. Après avoir gagné sa bataille contre deux cancers, j’étais persuadé
qu’elle passerait au travers du troisième », mentionne l’artiste qui lui dédie cette exposi- tion. Il confirme que sa Denise continue de l’inspirer dans son art et il a l’intention d’écrire un livre sur les deux dernières semaines vécues avec elle pour l’aider à faire son deuil.

Fascination du hachoir
Jean-Louis Slezak a une passion affirmée pour le bois et pour les nids d’oiseau, mais il en a aussi une pour les hachoirs à viande. « J’ai toujours trouvé ça fascinant. Quand j’étais jeune, je les démontais, les nettoyais et les remontais ensuite. Pour moi, c’est un symbole de beauté : ça existe depuis des siècles et ça n’a jamais changé! », explique-t-il. Il pousse sa fascination pour les hachoirs à viande jusqu’à travailler sur une série de hachoirs faits de différents bois. « Je travaille généralement avec l’érable, le chêne et le pin, mais je voulais expérimenter avec différentes essences », explique l’artiste. Il caresse aussi un fantasme d’un jour créer une sculpture de hachoir en ferro-ciment d’une taille de 50 pieds de haut, ce qui pour- rait bien être sa « pièce ultime » s’il parvient à la réaliser.

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