29 juin 2022 - 07:02
Participation au livre « Les insectes et les arachnides »
Gilles Arbour, pour l’amour des bibittes
Par: Olivier Dénommée
Au fil des années, Gilles Arbour a pris des centaines de photos fascinantes d'insectes et d'araignées. Dans la photo du haut, on retrouve une mouche dans la famille des Syrphidae, souvent confondue avec une guêpe. « Elle était simplement dans ma cour sur des fleurs de phlox », se souvient le photographe. Quant à celle du bas, on reconnaît un petit hémiptère (Chloriona sicula), qu'il a aperçu pour la première fois en Amérique du Nord dans la tourbière de Saint-Denis-sur-Richelieu.
Photo François Larivière | L'Œil Régional ©

Au fil des années, Gilles Arbour a pris des centaines de photos fascinantes d'insectes et d'araignées. Dans la photo du haut, on retrouve une mouche dans la famille des Syrphidae, souvent confondue avec une guêpe. « Elle était simplement dans ma cour sur des fleurs de phlox », se souvient le photographe. Quant à celle du bas, on reconnaît un petit hémiptère (Chloriona sicula), qu'il a aperçu pour la première fois en Amérique du Nord dans la tourbière de Saint-Denis-sur-Richelieu. Photo François Larivière | L'Œil Régional ©

Le livre Les insectes et les arachnides de Marie-Claude Ouellet contient quelques photos prises par l'Otterburnois Gilles Arbour.
Photo François Larivière | L'Œil Régional ©

Le « livre Les insectes et les arachnides » de Marie-Claude Ouellet contient quelques photos prises par l'Otterburnois Gilles Arbour. Photo François Larivière | L'Œil Régional ©

Paru en mai, le livre Les insectes et les arachnides de la biologiste Marie-Claude Ouellet se veut une porte d’entrée adressée à un jeune public pour le monde fascinant, mais trop souvent méconnu, de ce qu’on appelle communément au Québec les « bibittes ». Reconnu à l’international, le naturaliste d’Otterburn Park Gilles Arbour a lui-même apporté sa contribution au projet en fournissant quelques-unes des photos servant à illustrer cet ouvrage.

Publicité
Activer le son

L’Œil Régional a rencontré Gilles Arbour, un grand passionné au plaisir contagieux, chez lui pour notamment discuter du livre. « [L’autrice] Marie-Claude [Ouellet] est une connaissance lointaine depuis quelques années, mais c’est l’éditrice qui m’a contacté pour avoir la permission d’utiliser quelques-unes de mes photos. Ça me fait toujours plaisir de participer à ce genre de projets, alors j’ai accepté! » Sur la soixantaine de pages du livre, une poignée d’images sont de M. Arbour, issues de sa banque de photos accumulées au fil des années. « Plusieurs ont été prises dans ma cour! La beauté de s’intéresser aux insectes et aux araignées, c’est qu’on n’a pas à aller loin pour en trouver! »

Cette coccinelle et ses œufs, une vue plutôt rare, ont été captés dans la cour arrière de Gilles Arbour en 2019. Photo Gilles Arbour

Même s’il n’a pas participé à sa rédaction, M. Arbour croit que le livre est une excellente initiation pour ceux qui veulent en savoir plus sur les insectes et les araignées, mais aussi sur le monde vivant en général. « Un livre comme celui-là, c’est formidable! Je l’ai montré à mes petits-enfants de 7 et 10 ans et ils ont été surpris de tout ce qu’ils y ont appris. Ça s’adresse à un jeune public, mais les adultes aussi apprennent plein de choses. Ça part de la base, parce que pour plusieurs, tout est une bibitte, et ça répond à des questions que je me posais moi-même étant plus jeune », soutient le naturaliste. « Ça montre à quoi ça sert les insectes à part nous piquer et nous achaler l’été. »

Armé de son appareil photo et de sa lentille macro, Gilles Arbour ne cache pas son plaisir de « montrer des choses qu’on ne remarquerait pas autrement » sur différents insectes, allant jusqu’à capter une araignée de 0,5 mm! « Mais, dans le livre, on apprend qu’il existe encore plus petit, 0,2 mm! Et quand j’ai affaire avec des insectes ou des araignées un peu plus grosses, ça me permet de montrer des détails. […] Pour moi, une photo réussie n’est pas qu’esthétique, elle l’est aussi si elle a quelque chose de pédagogique à apporter », relate-t-il.

La Mysmena quebecana, la plus petite araignée au Canada, ne mesure que 0,5 millimètre! Photo Gilles Arbour

Une approche différente
Jouissant d’une belle reconnaissance, particulièrement au Québec, mais aussi au Canada et à l’international pour ses photos, Gilles Arbour se voit avant tout comme un amoureux de la nature qui a pu consacrer tout le temps qu’il voulait à sa passion au moment où il a pris sa retraite en 2014. « J’aime la nature en général, mais les insectes en particulier! À 10 ans, j’avais une collection de libellules et, à 12 ans, on m’a fait fabriquer une fourmilière. C’est quelque chose qui m’habite depuis longtemps. Je ne suis ni biologiste ni photographe [de formation] – j’étais homme d’affaires –, mais à ma retraite, j’ai commencé à prendre beaucoup de photos d’oiseaux, puis d’insectes », se remémore-t-il.

Cette photo colorée représente une abeille indigène (Halictidae – Augochlora pura) butinant sur une fleur d’aster à Mont-Saint-Hilaire. Photo Gilles Arbour

Il est aussi l’instigateur d’un groupe Facebook de photos d’insectes du Québec, où il espérait trouver à l’époque « peut-être une cinquantaine d’autres bozos qui aiment ça autant que [lui] ». Mais la page a connu beaucoup plus d’engouement que prévu. « On est maintenant 6000 membres! Ça m’a étonné de voir autant de gens intéressés par la nature et c’est fascinant de voir le taux de participation aussi élevé sur cette page! » Une autre page, cette fois dédiée aux photos d’araignées du Québec, regroupe 12 000 adeptes.

« Mon but dans tout ce que je fais, c’est d’intéresser les gens à la nature. On protège ce qu’on aime, on aime ce qu’on connaît, on connaît ce à quoi on est exposé. C’est comme ça que les gens peuvent développer une âme d’environnementaliste », croit-il. Il écorche au passage le message trop négatif de certains mouvements environnementalistes. « Ça dénonce beaucoup de choses, mais c’est trop lourd, trop gros de penser à tous les problèmes de la planète. Et éliminer les sacs de plastique et les pailles, ce n’est pas ce qui va faire une si grande différence. Je préfère de loin l’approche de l’attachement à la nature : c’est plus intéressant. Moi-même, plus j’en connais sur les insectes, plus je les vois partout! Ce n’est pas qu’il y en a plus qu’avant, c’est que j’en ai maintenant conscience! »

Sa mission est de contribuer à « développer un attachement viscéral à la nature » en exposant le public « à la richesse de ce qui est juste autour de nous ». « Pas besoin de faire un safari : on peut simplement aller dans notre cour ou au parc pour faire des découvertes! », insiste-t-il. Et cette philosophie ne s’applique pas que pour ses photos, lui qui vit depuis huit ans dans une maison bordée d’un grand terrain digne d’un parc où la biodiversité est la bienvenue.

Ce coléoptère (Cucujus clavipes) trouvé à Otterburn Park fait l’objet d’études sur la résistance au froid puisqu’il peut survivre sous forme de larve à des températures allant jusqu’à -100 °C, explique Gilles Arbour. Photo Gilles Arbour

Nombreux projets
Photographe naturaliste très en demande, Gilles Arbour a été occupé ces dernières années avec l’inventaire des plus de 200 espèces qu’on trouve à la tourbière du Bois-des-Patriotes à Saint-Denis-sur-Richelieu avec l’aide du biologiste arachnologue Pierre Paquin pour le Centre de la nature mont Saint-Hilaire, propriétaire de l’endroit. « On a maintenant fini de l’explorer et il y a des espèces que j’ai été le premier à découvrir en Amérique du Nord, mais j’ai reçu des offres pour une tourbière à Brossard et deux à Granby. » Ajoutons à cela sa participation aux photos pour différents guides, dont le nouveau guide des araignées du Québec, qui doit paraître cet automne, de même que pour différents articles scientifiques à travers le monde.

Le livre Les insectes et les arachnides, de la collection « Mon Mégadoc » chez Méga Éditions, est disponible partout depuis le 19 mai.

Pour voir les photos de Gilles Arbour, cliquez ici.

image