Ce qui m’irrite au plus haut point dans cette démarche, si jamais elle réussit, c’est que cet argent proviendra de la poche du contribuable. Ces propriétaires, indifférents à la protection du patrimoine environnemental et visuel de la zone A-16, s’enferment dans une logique purement mercantile prête à sacrifier la quiétude et la beauté des lieux. Ils trouvent la justification de leur démarche dans un commentaire émis dans la décision du tribunal qui affirmait que les développements résidentiels hors des zones agricoles font partie « d’une stratégie nationale en vue de combattre le réchauffement climatique en contrant l’étalement urbain et en protégeant adéquatement le territoire agricole » (Cour supérieure, 22 mai 2020, par. 243).
En quoi la destruction d’espaces verts et l’augmentation du parc automobile constitue-t-elle une lutte contre le réchauffement climatique et l’étalement urbain? Un tel commentaire de la part du tribunal le rend complice de la cécité dont souffre une grande partie du monde des développeurs et des promoteurs immobiliers face aux graves problèmes environnementaux de notre planète. La devise de l’approche écologique est « Penser globalement, agir localement ». Sera-t-elle supplantée par la devise « Penser monétairement, détruire localement » par nos propriétaires terriens?
S’ils tiennent tant à obtenir des compensations, je leur suggère de passer le chapeau en faisant du porte-à-porte. Ceux qui compatissent à la misère des riches sauront leur donner quelques écus, mais s’ils frappent à ma porte, je leur répondrai que je n’ai rien à donner à ceux qui, sans aucun scrupule, demandent à des citoyens de payer pour satisfaire leur esprit revanchard dénué de respect envers le bien commun.
François Poitras
Mont-Saint-Hilaire