30 septembre 2024 - 05:00
À un logo près
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Lorsque nous avons appris que le dépliant d’information, préparé par quatre élus municipaux de Belœil et distribué dans les maisons de Belœil, avait été payé avec l’argent de la Ville, nous avons eu un énorme malaise. À nos yeux, des conseillers municipaux du parti politique Oser Belœil venaient de se payer une pub électorale aux frais des contribuables.

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Comme le résume mon collègue dans un article, les élus se sont fait rembourser des dépenses en recherche et en soutien, une manœuvre tout à fait légale et encadrée. Si l’utilisation des montants respecte les consignes, c’est donc tout à fait éthique. Ce qui dérange (et insulte même) les conseillers de l’opposition, c’est que les montants des quatre conseillers ont été utilisés pour un dépliant qui se veut, selon leur prétention, électoral.

Nous avons donc consulté Danielle Pilette, une experte du milieu municipal, comme le rapporte mon collègue dans son reportage. Mme Pilette n’adhère pas à cette vision électoraliste du dépliant et de la manœuvre des conseillers. Oui, elle reconnaît que les quatre élus, avec leur dépliant, utilisent les couleurs de leur parti politique, posent avec la mairesse sur la couverture (qui fait partie de la même formation politique), même s’il ne s’agit pas d’une publication de la Ville. Mais ils ne font pas la promotion de promesses électorales, n’utilisent pas le logo de leur parti ou celui de la Ville et flirtent avec la mince ligne qui sépare partisanerie et information sans jamais la dépasser. En gros, résume-t-elle, ils évitent « formellement » toute forme de promotion partisane. Le seul aspect à questionner, c’est la pertinence de ce dépliant qui, pour un montant d’un peu plus de 7000 $, n’informe pas tant le citoyen et se substitue maladroitement au département de communication de la Ville de Belœil. Peut-être que la Commission municipale du Québec voudra étudier le cas, surtout sur cet aspect de pertinence, si je peux me permettre de résumer.

Je dois donc me ranger en partie du côté de Mme Pilette, dont l’expertise n’est plus à démontrer.

Je dis en partie, parce que j’ai beau retourner la question dans tous les sens, j’en viens à la même conclusion : le malaise. Car au-delà des règles et des consignes à suivre, je trouve que ce dépliant mélange la population, qui ne saisit pas nécessairement toutes les nuances entre information neutre et partisane. Je crois que beaucoup de citoyens vont voir dans ce dépliant un pamphlet électoral qui vante les mérites de quatre candidats. Surtout que l’on sait que les gens du parti Oser Belœil ont appuyé les quatre élus dans la diffusion du dépliant.

Certains y verront une communication officielle de la Ville (ce qui n’est pas le cas) qui braque le projecteur sur quatre élus aux dépens des quatre autres, qui ont été évacués de l’exercice.

On mélange les genres, je pense, et on joue sur la ligne de la bonne information et de la transparence.

Bien sûr, les élus d’Oser Belœil maintiennent que tout a été fait dans les règles de l’art. En tout cas, pour le moment, c’est la conclusion qui tient et je dois leur donner raison.

Mais questionnés par les autres élus en séance publique lundi dernier sur l’utilisation des montants de recherche et soutien, les élus d’Oser Belœil ont tourné autour du pot et tenté de ne pas trop répondre directement à la question. Il aura fallu l’intervention du public pour qu’on finisse par dire que l’argent avait servi à ce dépliant. C’est comme si on avait… un malaise.

C’est peut-être pour ça que je ne réussis pas, moi aussi, à me débarrasser de ce même sentiment.

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