Cinq ans après avoir quitté les Forces armées canadiennes en 2003 et avoir complété trois missions, Mme Boivin a vécu son premier flashback lors des feux d’artifice de la fête du Canada. Ce n’était que le début d’une série de symptômes qui l’ont tourmentée pendant des années.
« Je voulais raconter mon histoire. Je voulais être entendue. Je me sentais incomprise par tout le monde, par ma famille, par le monde qui m’entoure et surtout par la communauté médicale. Je trouvais que les soins étaient inadéquats. J’ai vu que je n’étais pas toute seule dans cet état-là. J’ai cherché à expliquer le stress post-traumatique du point de vue d’une personne qui le vit », affirme-t-elle.
Les problèmes de santé mentale demeurent un sujet tabou, reconnaît-elle. Celle qui travaillait comme adjointe médicale dans les Forces véhiculait elle-même ces tabous lorsqu’elle travaillait au sein des Forces armées canadiennes. « J’étais une personne très dure, qui jugeait. Pour moi, le stress post-traumatique, c’était pour des moumounes. Dans l’armée, on est entraîné à agir et à ne pas avoir peur. […] Avoir un trauma et choisir de rester en vie, il faut être fait fort en tabarouette », ajoute-t-elle.
Elle a vécu l’enfer au point où elle a envisagé de mettre fin à ses jours. L’image de la première de couverture de son livre vient illustrer l’état d’esprit dans lequel elle se trouvait. « [Les Forces], c’est ce que j’aimais faire dans la vie. J’aimais aller à la guerre pour aider. Je me suis retrouvée toute nue sans habit. J’ai perdu mon identité. J’ai perdu mes capacités. Sur la photo, je suis en position de vulnérabilité. La corde au cou, elle est tout le temps là, et elle va toujours rester là. Il faut que je prenne soin de ma santé mentale régulièrement, sinon il y a des dangers. »
Un jour, elle a choisi de se battre afin de rester présente pour ses enfants. Elle a commencé à expérimenter des techniques et des outils pour retrouver une vie saine. « J’ai fait un switch. Je reste en vie, mais je me sors de là et je redeviens une mère pour mes enfants. Ça m’a pris des années, mais je n’ai jamais lâché. Je suis allée fouiller dans plein de techniques différentes. Je m’accrochais à un outil. Je l’essayais, je l’analysais. Je suis passée d’un outil à l’autre », se remémore-t-elle.
Elle n’arrivait pas à se faire comprendre pendant les premières années où elle devait composer avec son stress post-traumatique. À travers son livre, elle met des mots sur les maux que vivent les personnes ayant traversé la même épreuve. Le livre s’adresse à tous, autant ceux ayant vécu ou vivant cette problématique que ceux qui souhaitent la comprendre.
« Mon message que je veux passer, c’est que ça se peut, se sortir de l’enfer, et qu’il y a toujours des solutions. »
Le livre Mémoires d’une déjantée est disponible sur la plateforme web Bouquinbec.ca et en vente au Quartier général à Belœil.