Les citoyennes rencontrées par L’Œil Régional font valoir que les autobus scolaires se retrouvent souvent au milieu de la route pour tourner et que leur derrière obstrue la voie de gauche de la route 116.
«C’est comme si on demandait aux autobus: essaies d’embarquer su la 20 quand tu es complètement arrêté», image Claire Gosselin, qui habite au coin du chemin Authier et de la route 116 depuis 30 ans.
La réduction de la vitesse est aussi évoquée dans cette zone de 90km/h, séparée par deux portions de 70km/h, comme une solution. «Ça va trop vite. L’été, ça course tous les soirs», indique Margueritte Lajoie. Selon elle, beaucoup de gens roulent au-dessus de 100 km/h.
Dans le cas de l’accident de vendredi, la vitesse excessive est en cause. Le porte-parole de la Régie intermunicipale de police Richelieu – Saint-Laurent, Yanic Parent, mentionne qu’il est possible que l’accident soit lié à une course de voitures, mais que cette hypothèse n’est pas confirmée pour l’instant.
«Si l’enquête démontre qu’il y a eu négligence ou conduite dangereuse, des accusations pourraient être logées contre le conducteur», ajoute le capitaine Parent.
Pour sa part, le maire Yves Corriveau, qui se questionne sur la limite de vitesse, dit avoir contacté lundi matin le ministère des Transports du Québec afin de sécuriser l’intersection. Dans les prochaines semaines, plusieurs options seront évaluées dont l’installation de feux de circulation et la réduction de la vitesse.
La direction du Collège Saint-Hilaire appuiera la Ville dans ses démarches pour demander un feu de circulation.
Les autorités évalueront aussi la possibilité de changer la trajectoire des autobus scolaires afin qu’ils tournent à droite sur le boulevard Sir-Wilfrid-Laurier pour ensuite prendre la prochaine intersection, affirme le maire. Celui-ci précise qu’en cinq ans, il y a eu 11 accidents à cette intersection.
«Je ne veux pas que tu meures»
Depuis qu’elle habite dans ce secteur, Claire Gosselin dit avoir été témoin de huit accidents avec blessés graves et de trois accidents impliquant des autobus. Chaque fois, cette infirmière s’est précipitée sur les lieux pour venir en aide aux victimes.
Vendredi dernier, Mme Gosselin a porté secours à Marc-Antoine Landry, le conducteur de la voiture qui a percuté l’autobus scolaire transportant des dizaines d’élèves du Collège Saint-Hilaire à la sortie des classes.
«Il avait les yeux grands ouverts. Il ne bougeait pas. J’avais beau lui parler, il ne bougeait pas, se souvient MMe Gosselin. Un moment donné, j’ai vu deux doigts de la main droite bougée. Là, je me suis mise à le frotter. J’ai crié après: je ne veux pas que tu meures! Tu ne me fais pas ça!»
Le jeune de 19 ans repose toujours aux soins intensifs à l’hôpital. Sa passagère, Danika Grabosky, est quant à elle décédée. Mme Gosselin a vu la jeune femme de 18 ans respirer à deux reprises. «C’était peut-être les deux dernières respirations», estime l’infirmière d’une trentaine d’années d’expérience.
Une ambiance «fébrile»
Du côté des élèves, une trentaine ont été transportés à l’hôpital, mais la plupart n’ont pas été hospitalisés. Six d’entre eux ont été blessés plus gravement. Dès les premières heures, un soutien psychologique a été apporté aux jeunes.
Le chauffeur de l’autobus a pour sa part subi un choc nerveux et des blessures mineures, informe la directrice générale d’Autobus Chambly, Isabelle Robert.
La force de l’impact a fait renverser l’autobus scolaire qui arrivait du chemin Authier pour tourner à gauche. Les élèves sortaient du haut et de l’arrière de l’autobus. Plusieurs adultes témoins de la collision sont venus aider les écoliers.
Lundi matin au Collège Saint-Hilaire, l’ambiance était « fébrile», indique la directrice de l’école, Diane Lavoie. Certains élèves étaient plus fragiles. Une intervenante en relation d’aide était à bord de l’autobus du circuit 737 pour accompagner les élèves durant le trajet. «Quand ils sont arrivés sur les lieux de l’accident, quelques-uns ont pleuré», mentionne Mme Lavoie.
Les élèves ont aussi été rencontrés, notamment par des intervenantes du CLSC et des policiers pour les rassurer sur le niveau de sécurité des autobus.
Mme Lavoie dit que du support sera offert tant et aussi longtemps que les élèves en auront besoin. La police assurera aussi une présence aux abords de l’intersection durant quelques jours.
Avec la collaboration d’Annabelle Baillargeon