Fondatrice et présidente de la Clinique Santé Capillaire, située à Montréal, Mme Grimard refuse de discuter retraite. « J’ai comme objectif de dépasser 100 ans. J’ai donc encore beaucoup de temps devant moi », répond la femme, tout sourire. Beaucoup trop de « jeunes » prennent leur retraite et, lorsqu’ils cessent d’être actifs, meurent aussi trop jeunes, trouve-t-elle. « Le corps perd son rythme », répond celle qui s’occupe encore seule de sa maison de deux étages, de son jardin et de sa clinique. « Je fais deux journées doubles, parfois trois au travail. Pour le reste, je suis à Mont-Saint-Hilaire! »
Avant d’ouvrir sa clinique spécialisée dans la perte de cheveux par une approche de santé globale et de gestion du stress, cette infirmière et naturopathe vivait aussi avec une santé fragile. « À 27 ans, j’étais empoisonnée au mercure; j’étais une loque humaine », n’hésite-elle pas à dire. Atteinte d’une sévère arthrite rhumatoïde, Mme Grimard était destinée à la chaise roulante à l’âge de 30 ans. « L’arthrite touche tout ce qui bouge dans mon corps; la mâchoire, les épaules, les coudes, les doigts, la colonne, les hanches, les genoux et les pieds. »
Aujourd’hui, la seule trace de sa maladie se voit dans ses mains aux doigts croches. Pour le reste, la dame de 80 ans dit se sentir mieux aujourd’hui qu’à l’âge de 50 ans!
Devant la maladie et les propositions de médicaments par les médecins, Mme Grimard fera le choix de cesser la médication et de se lancer corps et âme dans la compréhension de sa santé. Après une série de jeûnes, d’un coma qu’elle a vécu comme une expérience mystique, et un régime aux suppléments alimentaires et une alimentation basée sur des produits frais, Mme Grimard a « rebâti » sa santé. Puis, elle s’est lancée dans l’étude de la médecine naturelle avec un spécialiste français. « J’étudie toujours à temps plein; c’est mon sport favori. Apprendre, ça multiplie les connexions au cerveau et ça donne l’impression de ne jamais vieillir. »
Elle garde aussi son corps actif et affirme faire plus de « 500 exercices par jour », souvent sous la forme de légères contractions, en partant « des orteils jusqu’aux cheveux ».
La clinique
Diplômée en soins infirmiers en 1965, Mme Grimard est toujours membre de L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) à ce jour. Elle s’est aussi formée en naturopathie et en diverses médecines douces et naturelles pour en venir à développer sa méthode pour traiter la perte de cheveux. Une expertise qu’elle met en œuvre depuis 1989 à sa clinique de la rue Saint-Denis, à Montréal. L’OIIQ lui a accordé une licence d’infirmière pour soigner exclusivement la perte de cheveux en 1992.
« J’ai une clinique unique, souligne Mme Grimard. Je traite la perte de cheveux avec une approche de santé globale. Je prends la personne au complet, avec tous ses problèmes. Si on néglige la santé, le cheveu ne peut pas être en bonne santé. Les gens qui viennent à mon bureau veulent être en bonne santé. J’ai des clients depuis 33 ans. » La perte de cheveux peut être déclenchée par plusieurs facteurs tels qu’une mauvaise adaptation du corps à son environnement, un déséquilibre intérieur ou encore à cause du stress, peut-on lire dans la description de la clinique.
Si son approche a été reçue avec beaucoup d’animosité dans le milieu de la santé au début, elle affirme s’être taillé une belle place aujourd’hui et sa license pour traiter la perte de cheveux témoigne de ses compétences, dit celle qui a traité des gens d’un peu partout au pays, et au-delà. Elle a notamment pu dévoiler une partie des secrets de sa méthode dans sa propre émission de radio, à CKVL, pendant trois ans. En entrevue, Mme Grimard est d’ailleurs constamment interrompue par le son du téléphone pour une prise de rendez-vous, preuve que la popularité de sa clinique n’est plus à faire.
Libre
C’est Anne Aster, la fille de Mme Grimard, qui a contacté le journal pour parler de l’anniversaire de sa mère. « Ma mère est incroyablement travaillante, courageuse, entêtée, déterminée et généreuse. Je crois que ça mérite un article. »
Mme Grimard montre d’ailleurs au journaliste toutes les lettres de souhait qu’elle a reçues des différents députés et ministres pour lui souhaiter un bon anniversaire. « Ne manquait juste que le chef des Premières Nations, Justin Trudeau et la reine, en riant. Le reste, ma fille les a tous contactés! »
Pendant l’entrevue, Mme Grimard parle de son enfance difficile à Sainte-Anne-de-la-Pérade, sans l’amour maternel. Une enfance qui l’a poussée à travailler très tôt et à cumuler plusieurs emplois, notamment en hôtellerie, en pharmacie, en comptabilité et dans le traitement de photographies. Mariée à l’âge de 25 ans, elle est aujourd’hui divorcée et plus libre que jamais. C’est d’ailleurs la conclusion de son entrevue. « Avoir eu une vie difficile avec de nombreux défis m’a rendue plus forte. Aujourd’hui, je ne suis ni soumise ni influençable. Je suis 100 % libre de ma vie et de mes actions. »
Et libre de travailler, parce qu’elle en a envie. Pour encore longtemps, souhaitons-lui!