En moins de six mois, Nadine Viau, cheffe du parti Oser Belœil, et Marc-André Guertin, chef de Transition MSH, ont passé de parti inexistant à maire de leur municipalité. Leur point commun? Democratik, une firme spécialisée dans la victoire électorale.

Attention! Avant de continuer, mettons une chose au clair : les deux politiciens ne sortent pas de nulle part. Mme Viau avait travaillé quelques années à la Ville et elle avait pu entrer en contact avec beaucoup de gens d’affaires. M. Guertin est un ancien de la montagne qui s’intéresse aux questions hilairemontaises depuis belle lurette. Les deux politiciens ont aussi mené une belle campagne sur le terrain et ont su bien s’entourer. Je n’enlève rien à ça, au contraire.

Mais revenons à Democratik. Lorsque nous avons épluché les dépenses électorales de tous les partis municipaux, le nom de Democratik revenait souvent. Nous nous sommes vite rendu compte que l’entreprise lavalloise offrait un service clé en main. Le « petit kit » du parfait candidat aux élections : pancartes à bon prix, site transactionnel pour les dons, « robocalls », système de pointage. Comme le mentionne elle-même Nadine Viau, le système de pointage a permis de bien cibler les intentions de vote et de prévoir le résultat des élections. C’est quand même fort.

Et à l’air du ciblage web, ça n’ira pas en s’arrêtant. Tu veux parler de vélo? Ciblons les quartiers avec le plus de jeunes familles et de sportifs. Oups, le ciblage nous montre que tel quartier est habité par des professionnels qui travaillent à l’extérieur de la ville? Pourquoi ne pas parler de transport en commun et de mobilité ? C’est facile comme ça. Et surtout, bien moins épuisant.

Est-ce que c’est mal? Oui. En fait, non. Bien sûr que non. Il serait fou de se passer de ces outils. Les grands partis le font depuis toujours. Mais au municipal, j’avais l’impression que c’était le dernier bastion de la proximité. Le lieu de pouvoir où un vote s’échangeait contre une poignée de main. Et non pas par un algorithme qui nous souffle les bons mots à dire à la bonne personne. J’exagère. Mais pas tant, j’ai l’impression. C’est ce qui me désole.

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Il y a quelques semaines, dans un souper d’amis, mon chum me dit que je devrais me lancer en politique parce que je connais la politique municipale. Je lui réponds que, au contraire, il est mieux placé que moi. Surpris, il me demande pourquoi. « Parce que tu es un organisateur né; tu sièges au comité de parents de l’école, tu diriges un magasin d’une franchise importante et tout le monde t’aime. Même nos soupers de chums, c’est toi qui les organises. Tu es un politicien né. »

Quelques jours plus tard, je suis en train de me dire que le politicien du futur, même au municipal, va ressembler un peu plus au Terminator qu’à mon ami. On mélange des pancartes, un algorithme efficace et une belle présentation en images de synthèse et hop, on a un candidat aux élections.