Quand la course a pris fin, elle a levé les yeux, regardé à gauche, à droite : il n’y avait personne. « Je ne comprenais rien », dit-elle, encore sous le coup de l’émotion.
Et pour cause : le duo canadien venait de remporter la finale du C2 200 mètres junior, avec un temps impressionnant de 46,06 secondes – près de deux secondes devant leurs poursuivantes, un écart énorme.
Dans les eaux calmes mais disputées de Montemor-o-Velho, au Portugal, ce samedi 26 juillet, les deux Canadiennes ont été sacrées championnes du monde. Elles ont devancé les Chinoises Tianrui Wang et Huixin Wang (47,57 s), ainsi que les Espagnoles Lara Remigio et Marta Castiñeiras (48,04 s).
Et pourtant, rien ne laissait présager une telle domination. Lors des qualifications, Amélie et Isabel avaient terminé sixièmes de leur série (ou heat), dans une course difficile. « Ce n’était pas une belle course », admet-elle en entrevue avec L’Œil Régional.
Les deux athlètes ont donc décidé de complètement revoir leur stratégie avant la finale. Elles se sont éloignées l’une de l’autre sur leur embarcation, puis ont revu leur technique de rames. « On a changé énormément de choses », dit la pagayeuse du Club de canotage OBC.
Le pari audacieux s’est transformé en médaille d’or. La première, puisque les deux pagayeuses ont refait le coup le lendemain, en remportant une autre médaille d’or, cette fois au C4 500 mètres, aux côtés de Grace Theunissen et Madeleine Beauregard.
Au-delà des attentes
Amélie Laliberté, 18 ans, voulait pourtant juste « bien faire » en se rendant au Portugal, elle qui avait obtenu sa qualification à la fin juin en terminant 2e à l’épreuve individuelle du 200 m et 6e au 500 m. Même si elle est habituée à la victoire, notamment au national, les championnats du monde, c’est une « autre game », confie t-elle. « J’y allais plus pour avoir du fun. De me qualifier, c’était déjà bien. Je visais ds’abord les finales. Et pendant les semi-finales, en C4, ça s’est super bien passé. Ça nous a donné de la confiance. »
Pour le 500 mètres, elle parle « d’une autre super belle course ». Et contrairement au 200m, les filles ont suivi cette fois le plan à la lettre. « On a commencé vite, puis on a relaxé un peu. En milieu de course, nous étions quatrièmes, ce qui est difficile comme stratégie, car tu vois les autres devant toi. Puis à 200 mètres, on s’est dit let’s go, et on a tout donné pour dépasser tout le monde en flèche. De belles émotions. » Les Canadiennes ont remporté avec un temps de 1:56.58 devant l’Ukraine et la Hongrie.
« C’est une performance au-delà de nos attentes », ajoute Philippe Laliberté, le coach d’Amélie depuis quatre ans. « C’est une belle surprise. Mais son camp d’entrainement et son experience passée, sa meilleure gestion du stress ont fait la différence », explique l’entraîneur-chef du Club de canotage OBC.
« Disons que ça augure bien pour sa carrière », ajoute l’entraîneur, qui souligne du même coup qu’Amélie est la première athlète féminine du Club a remporter l’or dans une championnat mondial. « Pour notre Club, c’est une immense fierté. Briller à l’international, ça montre à quel point le Club s’est bien rebâti depuis cinq ans. »
Prochains rendez-vous
De retour en sol canadien, encore exaltée par la victoire, Amélie Laliberté n’a pas le temps de se reposer. Elle s’entraîne déjà en vue des Jeux du Canada, qui se tiendront à St. John’s, Terre-Neuve, du 8 au 25 août. Elle se rendra ensuite à Régina pour participer aux Championnats nationaux. « C’est sûr qu’on s’attend à de bonnes performances pour Amélie », précise M. Laliberté.
En entrevue avec L’ŒIL, quelques jours avant de partir pour le Portugal, Amélie Laliberté confiait vouloir participer à plus d’une épreuve et grimper sur le podium à St. John’s. Ses résultats aux Mondiaux pourraient bien lui donner raison.
