Membre des Chevaliers de Colomb depuis les 44 dernières années, Claude Lebrun a tenu le fort alors que l’organisation affrontait de nouveaux défis, notamment le manque de relève et le déménagement de local. C’est à la demande de membres qu’il est redevenu Grand Chevalier en 2015 pour un mandat qui devait durer quelques mois, mais qui s’est étiré pendant neuf ans.

Ce n’est pas la première fois que l’homme est demandé en renfort. En 1980, alors qu’il intègre à peine l’organisation pour la première fois, il prend rapidement le poste de Grand Chevalier; l’organisme ne va pas très bien et compte seulement 35 membres « pas trop actifs » dans ses rangs, dit-il. L’organisme montera rapidement à 500 membres, et doit « tenir deux initiations par année » en raison de la popularité, ajoute M. Lebrun. « Nous avons déjà eu plus de 1500 membres et nous étions le plus gros chapitre du Québec, dit-il. Ça fonctionne quand le monde s’implique. »

En entrevue, il admet toutefois qu’aujourd’hui, l’organisme gère la décroissance et peine à trouver une relève. Les jeunes ne s’impliquent pas de la même façon et la laïcité ambiante a un impact sur le recrutement. La relève chez les Chevaliers est en baisse partout. Il rappelle que la moyenne d’âge de son membership est de 76 ans, ce qui fait de lui un « jeune » chevalier à 72 ans.

« Le côté catholique ne passe plus auprès des jeunes. Mais c’est souvent une question de cycle », pense-t-il. Aujourd’hui, le chapitre de Belœil compte 400 membres, dont 200 membres à vie qui ne paient pas de cotisation.

Un constat que partage son successeur, Gerry Guimond, un peu plus jeune (62 ans) et à quelques mois de la retraite, lui qui se départit actuellement de ses entreprises pour se consacrer totalement à la cause.

Comme M. Lebrun, M. Guimond veut apporter un peu de modernité au sein des Chevaliers, comme ouvrir davantage les portes aux femmes, qui ne peuvent pas encore aujourd’hui devenir membres officielles. Rappelons que les Chevaliers de Colomb est d’abord un organisme catholique originaire des États-Unis. Mais M. Guimond vante la collaboration des Chevaliers avec des organismes gérés par une majorité féminine comme la Maison de la famille et espère voir encore plus de femmes pendant les activités des Chevaliers. Il veut aussi se distancer de l’aspect religieux pour attirer plus de jeunes.

Le nouveau Grand Chevalier a de grandes ambitions et souhaite que l’organisme soit de plus en plus présent, en attirant plus de bénévoles comme ce fut le cas lors des activités de Nez Rouge. Une des clés de la participation des bénévoles a été de remettre une ristourne en argent provenant des dons aux organismes qui participaient avec leurs bénévoles. « On doit changer les choses, impliquer davantage les membres et être créatif », dit le nouveau Grand Chevalier, issu du milieu entrepreneurial.

Mission

« Nous avons encore notre place, mais nous allons avoir besoin de membres », pense M. Lebrun, en rappelant que la charité est la première mission des Chevaliers. Et en regardant les problèmes sociaux contemporains, notamment liés aux logements, il pense que des organismes comme le sien peuvent encore jouer un rôle.

Le chapitre local des Chevaliers de Colomb reste très imbriqué dans le milieu communautaire de la région. L’organisme participe à la vie civile en s’impliquant au sein de différentes tables de concertation, tout en continuant sa mission d’aider les plus démunis. On peut penser à la mise sur pied de la clinique annuelle d’impôts, ou encore le don de manteaux d’hiver à plusieurs enfants de familles plus démunies de la région. Puis, l’organisme a repris avec succès l’organisation de L’Opération Nez rouge dans la région, alors que le service périclitait depuis quelques années.

Mais l’organisation a laissé tomber son service de comptoir alimentaire et l’organisation de la guignolée, en raison d’une absence de relève, du vieillissement des bénévoles et de l’arrivée de l’organisme Grain d’Sel dans la région et de la duplication des services de comptoirs alimentaires.

Par contre, en octobre dernier, les Chevaliers ont vendu leur local de la rue Hubert, comprenant une salle de location, à l’organisme L’Arche Belœil pour un montant de 1,2 M$. Grâce à la création de la Fondation Partage de la Vallée-du-Richelieu, les Chevaliers ont utilisé ce fonds pour remettre 135 000 $ en 2023 à plusieurs organismes de la région, notamment l’AVRDI/TSA et la Fondation l’Intermède.

À 72 ans, M. Lebrun veut continuer de donner au prochain en restant membre des Chevaliers, mais aussi en s’impliquant auprès des parents d’enfants vivant avec une déficience ou un trouble du spectre de l’autisme, mais qui sont devenus adultes et obtiennent moins de services.

La suite logique pour celui qui s’est toujours dévoué aux autres. Claude Lebrun a été pompier toute sa vie, à l’emploi de la Ville de Belœil. Il prend la direction du service par la suite jusqu’à sa retraite en 2006.

Après un départ un peu cahoteux, il lance une entreprise spécialisée dans la formation continue en matière de prévention incendie en entreprise. Il finit par vendre son camion modèle et trouver un emploi au salon funéraire Demers, d’abord comme porteur de cercueil, puis comme organisateur de funérailles. Un poste qu’il occupera pendant 16 ans.

Il a tenté de se faire élire comme conseiller municipal en 2021, au sein du parti Belœil, c’est nous!, dirigé par le chef Luc Cossette. Mais il a perdu au vote populaire contre Julie Lavoie, du parti de la mairesse Nadine Viau.

Après autant de projets et une santé plus chambranlante, Claude Lebrun n’est quand même pas près de s’arrêter. Son successeur Gerry Guimond souhaite le garder près de lui comme « bras droit », lui qui dit ne pas détenir encore toute l’expertise pour piloter seul le navire. Il n’a d’ailleurs que de bons mots pour M. Lebrun, un homme généreux et qui redonne toujours au suivant.

Après neuf années à titre de Grand Chevalier, Claude Lebrun a décidé de laisser sa place afin de se reposer un peu et se lancer dans d’autres projets.

Gerry Guimond succède à Claude Lebrun. Il a été très actif au sein de l’organisme, notamment en organisant la campagne locale de l’Opération Nez rouge.