7 septembre 2022 - 01:00
Entreprise À table, c’est prêt!
Après une mésaventure en France, le propriétaire reprend du service
Par: Olivier Dénommée
Nicolas Podschelni a rouvert les portes de son restaurant À table, c’est prêt! le 2 septembre, après avoir été coincé en France quelques semaines. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Nicolas Podschelni a rouvert les portes de son restaurant À table, c’est prêt! le 2 septembre, après avoir été coincé en France quelques semaines. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Après trois années d’existence, dont la majorité dans un contexte pandémique très difficile, le restaurant de prêt-à-manger À table, c’est prêt!, situé sur la rue Duvernay à Belœil, a pris une pause bien méritée pour permettre à son propriétaire et à sa petite famille de retourner en France pendant les vacances de la construction afin de revenir reposés le 12 août. Une situation fâcheuse a toutefois retardé la réouverture du commerce.

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Le propriétaire de l’établissement, Nicolas Podschelni, a raconté son histoire à L’Œil Régional, vendredi dernier, jour où À table, c’est prêt! allumait pour la première fois son enseigne « Ouvert » depuis le 21 juillet. « Le resto est ouvert depuis trois ans et je n’avais encore jamais pris de vacances. Nous sommes allés en France et, au moment d’embarquer à l’aéroport de Francfort [en Allemagne] pour le retour, j’ai été refusé parce que j’avais perdu ma carte de résident permanent. Ma famille a pu retourner au Québec, mais j’ai été laissé seul à l’aéroport, avec seulement mon téléphone cellulaire sur moi puisque mes bagages étaient déjà dans la soute », raconte M. Podschelni, ne remettant pas en cause le protocole, mais dénonçant la rigidité de la personne qui l’avait servi.

La suite de l’histoire est digne de la « Maison des fous » des Douze travaux d’Astérix. « L’employé m’a dit que je devais me rendre au consulat le plus proche, qui était au Luxembourg. Une fois sur place, on m’a dit qu’on ne pouvait rien faire pour moi, qu’il fallait plutôt que j’aille à l’ambassade de Bruxelles (en Belgique) pour obtenir mes papiers. Et là-bas, on m’a dit que je devais plutôt me rendre à celle de Paris pour ma demande. » Il estime avoir parcouru 1047 km en 36 heures à travers trois pays simplement pour pouvoir déposer son dossier, pour lequel on l’a averti que cela pourrait prendre de trois à six semaines de délai. Cela n’a heureusement pas pris autant de temps, mais M. Podschelni garde un goût amer de cette mésaventure. « Il faut savoir que le Canada ne fera rien pour ses résidents permanents dans cette situation. J’ai vu que je ne suis pas le seul à qui une situation similaire est arrivée et c’est vexant de voir qu’on peut empêcher quelqu’un de rentrer chez soi pendant des semaines, avec les lourdes répercussions que cela peut entraîner. »

Un nouveau chapitre

Officiellement de retour à la maison depuis le 27 août, Nicolas Podschelni a pris quelques jours pour préparer la réouverture d’À table, c’est prêt! qui s’est trouvée retardée de trois semaines. Il reconnaît que son temps passé seul en France lui a permis de réfléchir à son commerce. « J’ai eu droit à une réponse surprenante de la part des gens de la région quand j’ai partagé ma mésaventure. J’ai développé un lien amical avec beaucoup de gens ici et ils n’ont pas envie de voir le restaurant fermer. Il y a eu une belle mobilisation et une page GoFundMe a même été créée pour nous aider à traverser cette dernière épreuve », note-t-il.

Sa pause forcée l’a aussi convaincu qu’il ne pouvait plus hypothéquer sa santé comme il l’a fait depuis trois ans, même s’il n’a aucune envie de cesser de « prendre soin de ses clients » comme il aime le faire. « J’en suis à réviser la formule du restaurant, qui est vouée à évoluer quelque peu dans les prochaines semaines. » Si tout n’est pas encore coulé dans le béton, M. Podschelni prévoit éventuellement d’offrir des promotions du midi et espère faire des livraisons dans les entreprises. Il est aussi activement à la recherche d’un employé qui pourra l’épauler à la cuisine. Et dans un contexte inflationniste, le propriétaire prévient aussi qu’il sera difficile pour lui de conserver ses prix. Il a d’ailleurs récemment lancé un appel à sa clientèle pour sonder ses besoins et ses attentes face à l’offre d’À table, c’est prêt!.

Alors que son commerce se trouve dans une situation précaire après des semaines sans rentrée d’argent, Nicolas Podschelni continue de penser aux plus démunis qui n’ont pas toujours le luxe de bien manger au quotidien. « Manger, c’est facile, mais être bien alimenté, c’est autre chose. […] J’ai envie de redonner à ma communauté d’une façon ou d’une autre. Je songe peut-être à demander à ceux qui veulent donner de l’argent de le faire pour que je puisse remettre des cartes-cadeaux à des familles qui ne pourraient pas se permettre nos plats autrement », réfléchit-il tout haut.

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