Comme tous les adolescents de son âge, Jeremy partage son temps entre l’école secondaire de Mortagne et son emploi, à la succursale Super C de Belœil. Il travaille dans le département de la boucherie à temps partiel depuis près d’un an. «J’ai appris à être moins gêné, à avoir de la communication, de l’autonomie», reconnaît le jeune homme.
Son éducatrice spécialisée au Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest, Isabelle St-Louis, constate elle aussi que le travail a eu un gros impact dans la vie de Jeremy. Elle estime que l’expérience a permis au jeune homme, de nature très gênée, de développer sa confiance en lui et d’être plus autonome. «Quand j’ai rencontré Jeremy et qu’on allait porter les CV, il se trainait un peu les pieds, il avait son capuchon noir, se rappelle-t-elle. Maintenant, c’est un jeune homme qui s’exprime bien, il regarde dans les yeux.»
Recherche d’emploi
C’est Jeremy qui a exprimé le désir à sa mère de se trouver un emploi. «Je voulais gagner de l’argent, avoir des choses, payer mes affaires et aussi avoir un permis de conduire», explique Jeremy, qui possède aujourd’hui un permis d’apprenti conducteur.
L’éducatrice a d’abord aidé Jeremy a cerner ses besoins. «On a pratiqué comment faire des CV, comment porter des CV, elle m’a montré comment faire des entrevues», se rappelle le jeune homme. Pour l’aider à faire le suivi, l’éducatrice a monté avec lui un calendrier détaillant la date de première approche et la date à laquelle faire un suivi.
Au départ, l’éducatrice faisait semblant de magasiner pour accompagner l’adolescent à distance lorsqu’il portait des CV. Avec le temps, Jeremy a toutefois gagné en assurance et l’intervenante l’attendait dans la voiture. L’intervenante a aussi accompagné Jeremy lors des entrevues.
Jeremy a choisi de mentionner d’entrée de jeu, dans sa lettre de présentation, qu’il était atteint d’un TSA, puisqu’il trouvait moins gênant de l’écrire que de le mentionner en personne. En entrevue, le jeune homme constate que son trouble n’a eu que peu d’importance.
Une aide appréciée
Au Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest, près de 350 personnes ont trouvé un emploi rémunéré dans des entreprises privées ou une occasion de bénévolat dans des organismes à but non lucratif grâce au programme d’intégration au travail.
«Le programme, on l’a ouvert à Jeremy», explique l’éducatrice spécialisée, alors que peu de jeunes de 17 ans se tournaient vers le programme. «On ne voulait pas que ce soit seulement un travail d’été. Mais avec Jeremy, c’est comme n’importe quel jeune à l’école. Il vit des expériences de stage à l’école, mais avec nous, c’est un emploi qui lui permet d’avoir de l’autonomie, un permis de conduire, de découvrir l’expérience du marché du travail.»
Les employés du CISSSMO demeurent présents pour aider l’employeur avec la formation et la supervision de l’employé jusqu’à ce que l’employé soit autonome. Une aide qui contribue à inciter les employeurs à ouvrir leurs portes à la différence.
Révision à la maison
Dans le cas de Jeremy, le jeune homme ne tenait pas à voir son éducatrice sur son milieu de travail, pour ne pas être stigmatisé. Le gérant de boucherie un courriel avec les apprentissages de la journée à l’éducatrice, qui le révisait à la maison avec Jeremy. «Les plus beaux compliments que j’ai eus, c’est quand le gérant m’avait dit que Jeremy était un de ses meilleurs employés, soulignant sa ponctualité, sa grande disponibilité et son bilinguisme», se rappelle l’intervenante.
Aujourd’hui, Jeremy a appris à prendre l’autobus pour se rendre seul à son travail. Il se dit heureux dans son travail. À 17 ans, il ne sait pas encore ce qu’il aimerait faire de sa vie, comme bon nombre de jeunes de son âge. Il explore encore les possibilités qui s’offrent à lui dans le monde de l’emploi. Mais s’il devait se trouver un nouvel emploi, il se dit confiant qu’il y arriverait maintenant seul.