Le directeur général du CSSP, Luc Lapointe, admet avoir appris l’existence de ces démarches citoyennes via l’article du journal. Tout en assurant ne pas avoir de biais négatif envers cette approche pédagogique, il insiste pour dire qu’un tel projet est impensable vu le manque de places sur le territoire du CSSP. « La région connaît une forte croissance démographique et ça se reflète dans les demandes qu’on fait au ministère de l’Éducation pour de nouvelles écoles et des agrandissements. La priorité est de répondre aux besoins des différents secteurs, ce qui n’est pas compatible avec une demande pour une école avec un projet pédagogique particulier, dont les élèves pourraient provenir de partout sur le territoire. »
Bâtir une école à vocation Waldorf sur le territoire ne serait donc tout simplement « pas envisageable à court terme », d’autant plus que les nombreuses demandes jugées pressantes du centre de services scolaire au gouvernement pourraient encore prendre quelques années avant de toutes recevoir leur feu vert. « Faire une demande pour ce genre d’école irait à l’encontre des autres demandes qu’on fait déjà », insiste M. Lapointe, confirmant du même souffle que le rêve qu’a formulé Janie Blouin, représentante de l’initiative pour une école Waldorf dans la région, de voir la future école de Belœil être de vocation Waldorf n’a tout simplement aucune chance de se réaliser.
Un précédent
Notons que l’idée d’une école souscrivant à la pédagogie Waldorf dans la Vallée-du-Richelieu n’est pas une première : entre 1997 et 2013, l’école de la Roselière, à Chambly, proposait un tel projet pédagogique particulier, jusqu’à ce que la Commission scolaire des Patriotes (CSP, l’ancienne identité du CSSP) décide de ne pas renouveler sa demande d’approbation au Ministère à la suite de « manquements majeurs » observés à cette école.
« Le Ministère avait des préoccupations quant aux services éducatifs dispensés à cette école et s’inquiétait de la réussite des élèves », mentionne M. Lapointe. Un rapport de 93 pages avait été produit fin 2012 par Yolande Nantel, consultante indépendante en éducation, pour dresser un portrait de ce qui se passait à l’école de la Roselière. Si elle a écrit dans ses conclusions avoir remarqué « de belles relations humaines et un esprit d’équipe au sein du personnel enseignant » et le fait que « l’engagement du personnel et l’intérêt porté aux enfants sont notoires », elle n’a pas eu le choix de constater que cette école ne respectait pas dans sa totalité le Programme de formation de l’école québécoise pour se concentrer sur des éléments de la pédagogie Waldorf et que l’évaluation des apprentissages posait problème à plusieurs niveaux. Malgré la protestation de parents et de membres du personnel à l’époque, la CSP avait fait le choix de mettre fin à cette pédagogie controversée.
Après avoir perdu sa vocation Waldorf en 2013, l’école de la Roselière a définitivement fermé ses portes en 2014. Aujourd’hui, le bâtiment situé au 31, rue des Carrières à Chambly abrite les locaux de la Société des écoles du monde du BI (baccalauréat international) du Québec et de la francophonie (SÉBIQ).
À la connaissance de M. Lapointe, le projet défendu notamment par la Belœilloise Janie Blouin serait la première tentative de citoyens pour ramener la pédagogie Waldorf sur le territoire du CSSP après la fermeture de l’école de la Roselière. À la suite de la première entrevue avec L’ŒIL, Mme Blouin a reconnu être bien au fait qu’il a existé une école à vocation Waldorf dans un passé récent dans la Vallée-du-Richelieu. C’est justement l’administration de l’ancienne commission scolaire qu’elle avoue viser lorsqu’elle parlait de cette pédagogie « méconnue et mal comprise », expliquant selon elle le fait que l’on a préféré fermer cette école plutôt que de défendre son projet pédagogique qui respecte vraiment le rythme de l’enfant. Pendant cette même rencontre, elle semblait d’ailleurs certaine d’avoir en main tous les arguments pour convaincre le CSSP de donner une nouvelle chance à une école de ce type.
Une autre avenue?
Si la porte d’une nouvelle école à vocation Waldorf au CSSP semble bien fermée pour le moment, il reste peut-être d’autres façons de redonner accès à cette pédagogie dans la région. M. Lapointe souligne d’ailleurs que des écoles peuvent faire le choix d’offrir des projets pédagogiques particuliers, ce qui ne relève pas du CSS lui-même. C’est par exemple le cas de l’École secondaire de Mont-Bruno, à Saint-Bruno-de-Montarville, qui offre maintenant une concentration en art. Mentionnons également l’école Le Rucher, à Sainte-Julie, qui inclut depuis peu un volet alternatif dans certaines de ses classes.
Au moment de mettre sous presse, les organisateurs de la soirée d’information sur la méthode Waldorf du 7 avril dernier n’avaient pas encore accepté d’accorder de nouvelle entrevue pour faire le bilan de la soirée et décrire les prochaines étapes en connaissant la position claire du CSSP, mais Janie Blouin semble toujours optimiste quant à la possibilité de voir ce projet se concrétiser, d’une façon ou d’une autre. « La soirée fut vraiment un succès. Les gens sont intéressés et prêts à m’appuyer et à embarquer avec moi dans l’aventure, donc ça ira plus loin et ça nous conduira, j’en suis sûre, à la concrétisation d’une école ou d’un centre d’apprentissage Waldorf », a-t-elle simplement commenté par courriel.