11 octobre 2023 - 07:00
Gratuité du transport en commun à Belœil et à McMasterville
Augmentation de l’achalandage de 78 % en un an
Par: Olivier Dénommée
En un an de gratuité, on observe une hausse de 78 % de l’achalandage à travers le circuit local de Belœil et McMasterville. Sur la photo, le maire de McMasterville Martin Dulac et la mairesse de Belœil Nadine Viau. Photothèque | L’Œil Régional ©

En un an de gratuité, on observe une hausse de 78 % de l’achalandage à travers le circuit local de Belœil et McMasterville. Sur la photo, le maire de McMasterville Martin Dulac et la mairesse de Belœil Nadine Viau. Photothèque | L’Œil Régional ©

Depuis le 1er septembre 2022, le transport en commun sur le territoire local de Belœil et de McMasterville est gratuit pour tous. À l’occasion de ce premier anniversaire, les statistiques de l’achalandage ont été dévoilées et on peut constater une hausse de 78 % de l’achalandage par rapport à l’année précédente.
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Selon les chiffres rendus disponibles par Belœil, de septembre 2021 à août 2022, un nombre de 26 737 usagers a été comptabilisé, alors que l’année suivante jusqu’à la fin août, on a enregistré plus de 20 000 entrées supplémentaires, pour un total de 47 586, ce qui explique la hausse de 78 % en un an. Le mois le plus achalandé a d’ailleurs été celui d’août 2023, qui a vu une hausse de 106 % (passant de 2278 utilisateurs à 4701) comparativement à 2022, alors que l’été est en général une période plus tranquille. Il n’y a toutefois pas de détails plus précis sur la clientèle qui a le plus profité de cette gratuité dans la dernière année.

En entrevue, la mairesse de Belœil, Nadine Viau, s’est avouée « agréablement surprise » de constater ces chiffres, qui étaient « au-delà des attentes » selon elle. « Je sais qu’il y a eu certains ratés au début avec exo à la demande [le service actuellement offert sur le territoire], mais il y a eu de gros efforts pour améliorer le service. Je pense que l’achalandage pourrait être encore plus important : il y a eu beaucoup de bouche-à-oreille dans la dernière année et il y a lieu de faire une nouvelle campagne pour informer la population. Même après un an, beaucoup de gens ne savent pas encore que c’est gratuit! »

Mme Viau reconnaît que c’était un pari audacieux, mais que le concept de gratuité a « fait des petits » depuis. « On a été en quelque sorte des cobayes, mais ça a valu la peine d’investir cet argent. La gratuité a entraîné une facilité d’utiliser le transport en commun et je suis moi-même mère d’ados qui l’utilisent abondamment. » Le service exo à la demande, qui était depuis mai 2021 un projet pilote à Belœil et à McMasterville avec des autobus voyageant sur réservation sans trajet fixe, est depuis peu devenu un service permanent, mais la mairesse Viau espère que l’achalandage sur le territoire augmente assez pour nécessiter le retour de davantage de lignes fixes pour mieux répondre aux besoins.

Souhait à long terme

Avec des chiffres prometteurs, Belœil espère voir une diminution du nombre de voitures sur la route, bien qu’il soit trop tôt pour sentir des résultats tangibles. « C’est sûr qu’à ce stade, c’est encore risqué et difficile de faire le choix de se départir de sa voiture, mais je soupçonne que beaucoup d’adolescents ont commencé à utiliser le transport en commun et que ce sont eux qui, dans quelques années, pourront faire le choix de continuer à l’utiliser parce qu’ils ont développé l’habitude plutôt que de s’acheter une voiture », commente Nadine Viau. Elle note aussi que les différents maires de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) demandent d’importants investissements en transport collectif sur les couronnes et que, dans la région, il faudrait dans le futur trouver un moyen d’améliorer l’accessibilité aux autres villes avoisinantes. « Ce n’est pas vrai qu’un jeune de Belœil a seulement des amis à Belœil et à McMasterville, il veut aussi se rendre à Mont-Saint-Hilaire, à Otterburn Park et à Saint-Mathieu-de-Belœil par exemple », soutient-elle.

Elle s’interroge toutefois sur l’avenir de la gratuité du transport en commun à plus long terme. « Est-ce la réponse à tout? Je ne sais pas, mais quand on a un réseau de qualité et abordable, ça fait toute la différence. […] C’est sûr qu’il y aura des choix difficiles à faire. » Bien que les discussions pour 2024 n’aient pas encore eu lieu, tout porte à croire que la gratuité va se poursuivre pour au moins une année supplémentaire.

Un « game changer »

Selon Mme Viau, l’annonce de la venue prochaine d’une usine de batteries de la compagnie suédoise Northvolt à McMasterville et à Saint-Basile-le-Grand risque de changer la donne pour la mobilité dans la région. « La 116 va devenir pleine à craquer si tout le monde se déplace en voiture. On milite depuis longtemps pour que le train de Montréal jusqu’à Mont-Saint-Hilaire ne soit pas offert qu’à l’heure de pointe, mais toute la journée et même la fin de semaine. Une annonce comme celle du 28 septembre, ça peut être un game changer pour les besoins en transport collectif », estime la mairesse.

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