D’où l’idée de GAFAM, le monstre à cinq têtes. Dans son essai, l’enseignant de secondaire en Éthique et médias à l’école Ozias-Leduc depuis maintenant 19 ans parle directement aux jeunes à propos des grandes entreprises informatiques. Les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) s’incrustent dans toutes les sphères de nos vies et monnayent nos données qui ne nous appartiennent jamais vraiment. Pourtant, ces géants et ces plateformes numériques sont peu abordés dans les classes. « On en parle peut-être dans certaines écoles, mais il n’y a rien de prévu dans le programme du Ministère. C’est à la bonne volonté des profs », souligne l’auteur.
Loin d’être un « technophobe », Philippe Gendreau reste un amateur des nombreuses plateformes Web, notamment Twitter et YouTube. Sa classe est dotée d’un immense écran et les murs sont parsemés d’affiches sur la culture populaire et les médias. Dès qu’il commence à parler des jeunes et de leur contact avec les médias sociaux, de la pub, du cinéma et de la télé, son regard s’illumine. « Je veux que les élèves utilisent les médias sociaux, et non qu’ils soient utilisés par eux. C’est incroyable ce que les gens créatifs peuvent faire. Si les jeunes se servent [des médias numériques] pour faire connaître leur talent sur les réseaux sociaux, c’est super. Mais il ne faut pas qu’ils deviennent seulement consommateurs de tout ce qui est produit pour les distraire, capter leur attention. »
Les jeunes et leurs parents
Sur la question de la littératie numérique, l’enseignant fonde un peu d’espoir sur le prochain cours de Culture et citoyenneté québécoise, à venir, qui se veut ancré dans la réalité des élèves d’aujourd’hui. Mais, en attendant, le livre discute de cet aspect qui n’est pas ou peu vu dans les cours concernant l’effet intrusif des GAFAM et autres plateformes comme TikTok. « Les jeunes sont là-dedans tout le temps, et personne ne leur en parle. L’élève se connecte pour ses travaux, ses relations intimes, s’informer, se divertir. C’est à la croisée de toute leur vie. Moi, ce que j’aimerais, c’est qu’un jeune lise mon livre pour voir si j’ai visé juste et qu’il puisse ensuite avoir une discussion avec ses parents. »
Lancé mercredi dernier, GAFAM, le monstre à cinq têtes est disponible en librairie et en édition électronique sous l’étiquette Radar, une nouvelle collection d’essais destinée à la jeunesse et présentée par la maison d’édition Écosociété. Le livre sera aussi distribué en Europe.