Il s’agit probablement de l’un des plus gros investissements privés dans la province, sinon le plus gros. En ajoutant ce projet à la filière batterie de Bécancour, cette usine permettra à la province d’être active dans toutes les étapes de la création d’une batterie, allant de l’extraction du minerai à son recyclage en fin de vie.
Mais qu’est-ce que ça veut dire pour la région? À ce stade-ci, difficile à dire. Mais on commence déjà à soulever des interrogations.
D’abord, pourquoi ici? Parce que l’on manque clairement de terrains aussi gros, près de la main-d’œuvre, et dont le zonage permet l’arrivée d’une industrie. Le maire de Saint-Basile-le-Grand a confirmé au journal qu’après la disparition de l’usine d’explosifs CIL, la Ville avait voulu modifier son zonage industriel pour permettre le développement domiciliaire. Mais Québec a fermé la porte, pour se laisser une marge de manœuvre pour accueillir des industries.
Maintenant que l’on confirme que McMasterville est aussi visée par l’implantation de l’usine, il ne faut pas être dupe concernant l’avenir du quartier TOD. Ce quartier résidentiel prévu près de la gare, qui devait accueillir potentiellement 775 unités d’habitation, ne peut pas partager le même espace que l’usine. On ne confirme rien pour le moment, mais lorsqu’on pose la question aux personnes près du dossier, on sent que le projet est bel et bien mort et enterré.
Certaines personnes commencent à soulever aussi la question de l’eau et de l’électricité. Lorsqu’on lui pose la question, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, souligne que contrairement à l’usine de Volkswagen qui nous a glissé sous le nez en faveur de l’Ontario en raison d’une question énergétique, le dossier Northvolt n’est pas le même. Québec devrait pouvoir fournir l’électricité nécessaire à l’usine à court terme.
Le recours à d’importantes quantités d’eau par les usines de batteries est une question soulevée par beaucoup d’environnementalistes. Certes, selon ce que rapporte le journal économique Bloomberg, la compagnie Northvolt espère construire l’usine à batterie la plus verte au monde. Mais la construction de batteries demande beaucoup d’eau. Et avec nos populations grandissantes et le développement résidentiel dans la région, on sent déjà une pression énorme sur notre réseau. Surtout que les résidents tendent à consommer de plus en plus d’eau selon les chiffres de la Régie intermunicipale de l’eau de la Vallée-du-Richelieu.
Et je ne m’étendrai pas de l’impact de la venue d’une usine près des quartiers résidentiels sur le transport et la congestion. Ni toutefois sur les revenus en taxes pour les deux municipalités. Une usine de 7 milliards, ça rapporterait nécessairement quelques bidous aux deux communautés. Plus d’argent, plus de services.
Et dernière chose. Supposons que l’annonce se fasse bien en août. Il faudra tout de même séduire les résidents de McMasterville avec l’idée car, contrairement à Saint-Basile-le-Grand, le zonage des terrains visés ne permet pas pour le moment la venue d’un complexe industriel. Une modification de zonage est susceptible de faire l’objet d’un référendum. Mais bon, une étape à la fois.