C’est le reportage publié le 31 juillet dans Le Journal de Montréal sur la contamination d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sur des sites d’écoulement près du terrain de Northvolt qui a amené la Ville à réagir. Selon le reportage, lors de fortes pluies, des HAP se retrouvent dans la rivière, faisant leur chemin jusqu’à Belœil et à sa piscine en eaux vives. Or, la Ville se montre rassurante en rappelant « qu’elle accorde une grande importance à la qualité de l’eau de la rivière Richelieu, particulièrement en lien avec son aménagement de baignade publique ».
Selon Belœil, l’information reçue le 14 juillet par le Comité d’Action Citoyenne – projet Northvolt (CAC) mentionne qu’il faut des précipitations de plus de 25 mm pour que les contaminants cancérigènes ruissellent dans le Richelieu. Il est déjà prévu de fermer la piscine à ces occasions, puisque le niveau de coliformes fécaux est lui-même trop élevé pour la baignade.
« Les HAP sont des contaminants qui sont transportés et stockés dans les sédiments. Le fond de l’eau, là où pourraient éventuellement se stocker les contaminants, n’est pas brassé par les baigneurs puisque la piscine est profonde. Les contaminants qui pourraient éventuellement se retrouver stockés ne seraient pas une menace puisqu’ils ne sont pas remis en suspension », explique André Bélanger, directeur général de la Fondation Rivières, relativisant les risques que posent ces contaminants. Pour sa part, la Ville rappelle que les analyses faites depuis trois étés permettent d’affirmer que, par temps sec, la qualité de l’eau du Richelieu est « excellente ».
Bonifier le protocole
La Ville de Belœil a donc fait le choix de garder sa piscine en eaux vives ouverte, même si la mairesse Nadine Viau a admis être « très préoccupée » par les enjeux de qualité de l’eau dans la rivière. Dans un communiqué, la Ville assure avoir « déjà entrepris des démarches, auprès d’une chaire de recherche, afin de bonifier son protocole de suivi » qui irait au-delà de la détection des coliformes fécaux dans l’eau, actuellement la seule donnée analysée en temps réel par l’appareil ColiMinder.
« La Ville demeure en lien avec la Direction de santé publique afin de s’assurer que les mesures de surveillance et de prévention demeurent efficaces. Elle continuera d’agir avec prudence et rigueur pour protéger la sécurité des usagers et la qualité du milieu naturel », poursuit le communiqué.
Selon la porte-parole de la Ville, Maghali Provencher, la rigueur du protocole permet d’assurer que la piscine puisse rester ouverte d’ici la fin de l’été tant que les conditions météorologiques le permettent. L’activité « D’une rive à l’autre », une traversée entre Belœil et Mont-Saint-Hilaire prévue le 17 août, ne serait donc pas menacée, sauf en cas de pluie. La Ville s’engage aussi à partager avec la population les données sur l’enjeu des contaminants dès qu’elle les recevra.
« Ne pas prendre de chance »
Tous ne sont pas en accord avec la décision de la Ville de garder son installation ouverte sans savoir si elle est véritablement sécuritaire. Daniel Picard, candidat à la mairie avec le parti Belœil, c’est nous!, critique le choix de garder la piscine ouverte avant même que les études valident le risque réel d’être en contact avec ces contaminants.
« Ce que je déplore, c’est que dès qu’on est au courant qu’il y a un risque important, on ne peut pas faire croire qu’on est prudents. Pour moi, la chose prudente à faire aurait été de fermer la piscine de façon temporaire, le temps que ça prendra pour faire les analyses. […] Et tant mieux si finalement, les études nous confirment dans deux ou trois semaines qu’il n’y a pas de danger, mais je pense qu’on ne devrait pas prendre de chance avec la santé des baigneurs. »
Il trouve aussi « aberrant » de voir que, dès le mois de mai, Le Devoir publiait des informations inquiétantes sur la qualité de l’eau à proximité du site de Northvolt et que la lettre du CAC est datée du 14 juillet. « Pourquoi on a attendu au 31 juillet pour faire quelque chose? » questionne-t-il.
Daniel Picard invite la Ville à « marcher sur son orgueil » et à revenir sur sa décision de garder la piscine ouverte pour le moment.