10 novembre 2025 - 05:00
Élection de Daniel Picard et de son parti Belœil, c’est nous!
Belœil opte pour du changement
Par : Olivier Dénommée
Le nouveau maire de Belœil, Daniel Picard. 
Photo Robert Gosselin | L'Œil Régional ©

Après quatre années de division, le conseil municipal de Belœil sera beaucoup plus homogène : le parti Belœil, c’est nous!, dirigé par le candidat à la mairie Daniel Picard, a raflé sept des neuf sièges en jeu. Seuls les districts 2 et 3 ont choisi de faire confiance à un candidat d’Oser Belœil de la mairesse sortante Nadine Viau.

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Comme en 2021, le vote est assez partagé entre les deux partis. Une fois que les 77 boîtes de scrutin ont été dépouillées, Daniel Picard a obtenu 4896 votes, soit 648 voix de plus que Nadine Viau, qui sollicitait un second mandat. Ainsi, 51,96 % des votants ont choisi de lui faire confiance contre un peu plus de 45,09 % pour la mairesse sortante. L’indépendant Olivier Cholette a pour sa part récolté 2,95 % des votes.

Même au niveau des sièges de conseillers, les deux partis en lice ont dans certains cas été une bonne partie de la soirée au coude-à-coude. Le premier district à s’être démarqué est le district 5 du Vieux-Belœil, où Hélène Gosselin a vite devancé la conseillère sortante Julie Lavoie. On se souviendra en 2021 que le premier résultat à s’être démarqué à Belœil était justement celui du district 5. En revanche, le sort du district 3 des Villas se sera décidé à la toute dernière boîte pour finalement reconduire Karim-André Laz pour un deuxième mandat avec seulement 28 votes d’avance.

Avec M. Laz, Jonathan Brisson du district 2 devient l’opposition du nouveau conseil, contre le reste des sièges pour le parti du nouveau maire, Daniel Picard. Le portrait est donc bien différent d’il y a quatre ans, où quatre élus étaient issus du parti de la mairesse, deux de Belœil, c’est nous! et trois de Belœil gagnant (qui a par la suite perdu un siège avec le décès de Pierre Verret, au profit d’Oser Belœil, et qui s’est dissous ces derniers mois pour joindre ses forces avec Belœil, c’est nous!). Malgré cette majorité claire au conseil, les élus se sont parfois décidés par quelques dizaines de voix seulement, signe de deux grands clans à Belœil – l’un souhaitant poursuivre avec la vision ambitieuse de Mme Viau et l’autre désirant une approche différente et plus prudente. Seule Louise Allie du district 1 a dépassé, de peu, la barre des 60 % des voix, obtenant un 5e mandat consécutif. Le nouveau conseil dirigé par Daniel Picard est donc maintenant composé de Louise Allie, Jonathan Brisson, Karim-André Laz, Vincent Chabot, Hélène Gosselin, Claudia Nigrelli, Youann Blouin et Alexandra Picard-Dubé.

Le cœur à la fête

Le regroupement de Belœil, c’est nous!, tenu au Club de golf Belœil, était en mode célébration le 2 novembre en soirée, s’étant démarqué avantageusement dès la sortie des premiers résultats partiels. Malgré tout, Daniel Picard est demeuré prudent jusqu’à la toute fin, attendant le décompte de la toute dernière boîte pour livrer une allocution à ses partisans et pour parler au journaliste de L’Œil Régional.

S’il se dit fier du résultat obtenu le 2 novembre, confirmant selon lui le fait qu’une majorité de Belœillois désiraient une approche différente de celle de Mme Viau et de son équipe, il reconnaît que ce n’est pas une victoire « écrasante » dans les pourcentages. « On ne va pas entrer au conseil comme des fanfarons, et ce n’est pas mon style non plus », assure sobrement le nouveau maire.

Dès la première séance du conseil, Daniel Picard espère voir un changement d’ambiance par rapport au conseil précédent, incluant le retrait de la limite de 2 minutes pour les questions des citoyens, qu’il considère comme trop limitante. Il promet aussi de laisser la place aux élus d’Oser Belœil ainsi qu’à leurs idées au sein du nouveau conseil. « La démocratie a parlé, et ils ont autant le droit de siéger que nous », rappelle Daniel Picard.

À court terme, il compte se concentrer sur l’élaboration du prochain budget, qui doit être complété dans les prochaines semaines, et espère mettre en place plusieurs de ses engagements dès le début de 2026, notamment quant à la participation citoyenne afin d’aider à préciser les priorités de Belœil pour les prochaines années.

Déception

Du côté d’Oser Belœil, la mairesse défaite Nadine Viau reconnaît sa confusion face au résultat, mais assure avoir « tout donné » pendant la campagne et ne pas avoir de regret. Elle se dit aussi très fière de son bilan des quatre dernières années et, si elle admet qu’elle aurait préféré rester pour poursuivre son travail d’implanter sa vision, elle reconnaît que la démocratie a parlé. « J’ai un respect profond pour chaque élu et j’espère que Belœil aura gagné à l’issue de cette élection. » Elle croit aussi que les deux élus de son équipe apporteront une expérience inestimable au nouveau conseil.

Au moment de l’entrevue, mercredi dernier, Nadine Viau n’avait pas encore appelé Daniel Picard pour le féliciter, mais elle l’a fait sur les réseaux sociaux. Elle a par ailleurs souligné le taux de participation élevé à l’élection du 2 novembre : 50,5 % des électeurs inscrits ont fait valoir leur droit de vote cette année contre 41,61 % il y a quatre ans. « Tous les citoyens devraient être fiers d’avoir eu cette chance de voter pour les élus qu’ils voulaient voir à la tête de la Ville », soutient-elle.

Nadine Viau laisse planer le mystère sur son avenir. Elle commencera par prendre de « vraies vacances », chose qu’elle n’a pas faite ces quatre dernières années. « La politique a pris beaucoup de place, ça va prendre un moment pour rééquilibrer […], mais je ne suis pas inquiète pour mon avenir. Je peux très bien retourner à ce que je faisais avant, mais en quatre ans, j’ai appris que j’étais pleine de ressources et je garde des portes ouvertes. » Pour les prochains mois, elle prévoit de laisser au nouveau conseil l’occasion de s’installer avant de se présenter en séance publique et elle se garde d’annoncer son désir ou non de retenter sa chance dans quatre ans.

Contacté après la soirée électorale, le candidat indépendant Olivier Cholette n’a pas caché sa déception face aux résultats, mais reconnaît l’ampleur du défi auquel il a fait face. « Je me suis lancé tard dans la course, j’aurais dû m’entourer d’une équipe et j’aurais dû prendre le temps d’expliquer plus profondément mon programme », commente-t-il. Malgré tout, il n’a pas l’intention de cesser de suivre la politique locale et compte talonner le nouveau maire pour s’assurer qu’il va bien tenir ses engagements dans les prochaines années. Il ne ferme pas non plus la porte à l’idée d’éventuellement faire un retour en 2029 et se félicite d’avoir permis d’offrir une troisième voie pour les électeurs.

Olivier Cholette, qui s’est notamment fait connaître dans le dossier de l’avenir de l’église Saint-Matthieu, croit que son projet de la racheter pour la transformer en salle de spectacle est plus pertinent que jamais. « Je vais le porter encore plus auprès de la Ville. Je crois toujours que Belœil peut vivre avec deux pôles culturels et la balle est maintenant dans le camp de M. Picard », lance-t-il.

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