Le projet de démolition de la maison située au 1660, rue Richelieu à Belœil n’a pas été accepté puisque le propriétaire n’a pas convaincu la Société d’histoire et de généalogie de Beloeil–Mont-Saint-Hilaire de la nécessité de démolir le bâtiment.
Selon la Société d’histoire, il n’y a eu aucun échange entre le propriétaire et l’organisme. Soulignons que les bureaux de l’organisme sont fermés depuis le début de la crise sanitaire. « On s’objectait à la démolition. On avait voté une résolution dans ce sens. On a eu une rencontre avec l’urbaniste à ce sujet, mais on n’a pas eu de nouvelles depuis », souligne le président de la Société d’histoire, Alain Côté.
Le nouveau propriétaire du 1660, rue Richelieu, par le biais d’une compagnie à numéro, Gaétan Lavoie, a préféré ne pas commenter le dossier, affirmant être en discussion avec la Ville.
En janvier, le comité de préservation du patrimoine bâti a analysé une troisième demande de démolition pour ce bâtiment. Le nouveau propriétaire avait aussi soumis deux rapports au comité, un d’inspection et un autre de salubrité afin de justifier la démolition du bâtiment.
Les membres du comité avaient donc relancé la balle dans le camp de la Société d’histoire et de généalogie de Beloeil–Mont-Saint-Hilaire en suggérant au propriétaire de convaincre l’organisme, sans quoi le projet de remplacement devrait conserver la structure du bâtiment existant et ramener les éléments architecturaux. La Ville a choisi de maintenir sa décision prise en janvier. Le projet tel que présenté par le propriétaire a été rejeté.
Rappelons qu’une première demande de démolition avait été refusée en juin 2018 après que la Ville ait reçu plusieurs lettres d’opposition. Une deuxième demande avait été déposée en avril 2019. À ce moment, le comité avait présenté une ouverture à un projet de démolition partielle qui correspondrait à la partie la plus récente (1920-1930) tout en conservant la partie ancienne. Le comité avait aussi démontré une ouverture à un déplacement du bâtiment.
Le bâtiment est répertorié dans l’inventaire du patrimoine de la MRC de la Vallée-du-Richelieu. Cette maison était celle de Fugère-dit-Champagne, construite en 1840. Il s’agit de l’une des rares maisons de ferme toujours debout et en bon état sur le territoire de la Ville de Belœil, peut-on lire dans l’argumentaire de la Société d’histoire écrit en 2018, en réponse à la demande de démolition.
La Maison Eugène-Desnoyers
Les membres du comité de préservation du patrimoine ont accepté une démolition partielle de la Maison Eugène-Desnoyers, située au 504, rue Richelieu.
Le bâtiment a été construit en 1911. Il y a trois ans, la demande de démolition complète avait suscité une opposition, notamment celle de la Fédération Histoire Québec. Selon le propriétaire, le bâtiment est vacant depuis 2010 et présente des signes de détérioration. L’immeuble ne fait pas partie de l’inventaire du patrimoine de la MRC.
« Ça nous fait hérisser les poils des bras quand la Ville utilise cet argument. Ce n’est pas un inventaire exhaustif. Il n’y a jamais eu d’inventaire exhaustif. C’est difficile pour moi de commenter cette décision parce que je ne connais pas les détails de ce qui sera démoli », a ajouté M. Côté.
La Ville de Belœil a imposé certaines conditions. Le propriétaire ne pourra pas agrandir la façade avant afin de préserver le style d’origine et le projet sera encadré par un projet particulier de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble (PPCMOI).
Belœil refuse plusieurs demandes de démolition
Parmi les six demandes de démolition, plusieurs visaient à démolir des bâtiments afin de construire des multilogements, ce qu’ont refusé les membres du comité.
C’est notamment le cas pour la maison Hubert, construite vers 1907 sur la rue Hubert. Le bâtiment fait partie de l’inventaire des bâtiments à caractère patrimonial de la MRC de la Vallée- du-Richelieu. Le demandeur souhaite déplacer le bâtiment de trois logements afin de permettre la division du terrain en trois lots. Il espère y construire deux autres triplex.
Le comité a refusé la demande parce que le projet de remplacement est trop dense et dénaturerait le secteur. Selon le comité, le bâtiment doit conserver son caractère patrimonial et les grands lots longitudinaux en bordure de la rivière Richelieu doivent être conservés.
Le comité a aussi analysé la demande de démolition d’une habitation bifamiliale sur la rue Montenach. Le propriétaire souhaitait démolir complètement le bâtiment afin de diviser le terrain en deux et d’y construire deux bâtiments de cinq logements.
Une première demande de démolition avait été déposée en août 2019. Le comité avait conclu que le bâtiment présentait des caractéristiques architecturales particulières. La détérioration du bâtiment n’était pas suffisante pour accepter la démolition.
Pour justifier la deuxième demande, le propriétaire a présenté une évaluation des coûts de mise à niveau et de l’état de vétusté. Le comité a tout de même refusé le projet de démolition et de construction. Le bâtiment, bien qu’il ne soit pas considéré patrimonial, présente un caractère architectural qui bonifie le patrimoine global de la ville de Belœil, peut-on lire dans le procès-verbal. Les membres du comité ont conclu que la détérioration n’est pas assez importante et que le projet de remplacement est trop important pour l’espace disponible.
Sur la rue Brunelle, le comité de préservation du patrimoine a analysé deux demandes de démolition, une pour une maison unifamiliale et une autre pour un bâtiment mixte. Les deux demandes visaient à remplacer les immeubles par des habitations à six logements. Bien que le comité avait déjà donné son accord à la démolition des bâtiments, il a jugé que les projets tels que présentés étaient trop importants pour l’espace disponible. Le propriétaire doit donc retourner à la planche à dessin.
Alain Côté, de la Société d’histoire, est tout de même content de cette nouvelle tangente prise par la Ville de Belœil. « Il y a plusieurs demandes concernant des bâtiments sur le long de la rivière Richelieu qui ont reçu une fin de non-recevoir. C’est une bonne chose, mais il y a des enjeux ailleurs. La Ville parle de revitalisation. Nous, on parle plutôt de revalorisation. »
M. Côté n’a d’ailleurs pas été surpris des conclusions du rapport de la vérificatrice générale du Québec dévoilé la semaine dernière concernant la préservation du patrimoine. Selon ce document, le Ministère ne s’intéresse qu’aux bâtiments ayant un intérêt national en lançant la balle aux municipalités sans en donner les moyens.
« On voit très bien que les villes ne sont pas outillées pour appliquer le pouvoir de citation des bâtiments. Si on ne donne pas les outils financiers, les villes n’auront pas les moyens de préserver le patrimoine. »