20 mai 2025 - 05:00
Accusations de climat difficile à la Ville
Belœil sans son directeur général titulaire depuis un an
Par : Olivier Dénommée
Depuis maintenant un an, le directeur général de Belœil, Michaël Tremblay, est en arrêt de travail. Photo gracieuseté

Depuis maintenant un an, le directeur général de Belœil, Michaël Tremblay, est en arrêt de travail. Photo gracieuseté

Il y a déjà un an débutait la valse des directeurs généraux par intérim à la Ville de Belœil alors que le DG titulaire, Michaël Tremblay, en poste depuis janvier 2024 seulement, est subitement parti en arrêt de travail. Depuis le 6 mai 2024, trois directeurs généraux intérimaires se sont donc succédé à la tête de la Ville, sur fond de rumeurs que le climat y est difficile pour ses employés.
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Deux conseillers municipaux issus de l’opposition, Martin Robert et Louise Allie, ont eux-mêmes pris une pause au cours des derniers mois, reconnaissant ouvertement que le climat de travail à la Ville avait nui à leur santé. Mme Allie est allée plus loin en affirmant, à la séance ordinaire du 24 mars, que 13 % des effectifs à la Ville sont aussi absents du travail, en partie à cause du climat difficile.

Ce pourcentage n’a pas été contredit par la mairesse, Nadine Viau, bien que celle-ci considère qu’il ne s’agit pas que des cas d’épuisement professionnel. « Il ne faut pas mélanger les arrêts de travail de deux élus et celui de la direction générale et de 13 % de notre organisation qui, pour toutes sortes de raisons, peuvent être en arrêt de travail. Les raisons incluent les congés de maternité et parentaux. Avec les départs à la retraite de plusieurs employés, on a renouvelé nos équipes avec de jeunes recrues qui veulent fonder des familles. Ce n’est pas un problème de climat toxique, c’est juste la vie! »

Via une demande d’accès à l’information auprès de la Ville de Belœil, il a été possible de confirmer qu’en date du 17 avril 2025, sur 116 employés permanents, dont 76 syndiqués et 40 cadres, 15 étaient absents du travail, pour un pourcentage de 12,9 % des employés. De ce nombre, 4 sont en congé de maternité ou parental, 2 en congé sans solde, 2 en congé en vertu de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) et 7 en congé d’invalidité. Les congés de maternité et parentaux comptent ainsi pour un peu plus du quart des absences à la Ville.

L’ŒIL a demandé à un spécialiste en ressources humaines, Victor Y. Haines III, professeur titulaire en gestion des ressources humaines à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal, si un tel pourcentage d’absence au travail pouvait être inquiétant pour l’administration d’une municipalité. Sa réponse a été très prudente : « Bien que les absences peuvent donner des signaux sur le climat de travail au sein d’une organisation, il ne faut pas sauter trop vite aux conclusions. Un congé de maternité ne pourrait être associé à une détérioration du climat de travail, mais plusieurs absences maladie de longue durée pourraient signaler des conditions de travail qui conduisent au burn-out. » Il note par ailleurs qu’un taux de 13 % d’absence ne lui « paraît pas anormalement élevé », bien qu’il n’ait pas en tête un pourcentage précis de ce qu’est la normalité au sein d’une municipalité au Québec.

Mot du DG intérimaire

Plusieurs moments de tensions ont été observés pendant la séance ordinaire de mars du conseil municipal de Belœil, notamment lors de l’adoption d’un nouvel organigramme malgré l’absence du directeur général titulaire, ce qui a été critiqué par l’opposition. Ces tensions entre élus semblent avoir affecté certains employés, à en juger par un courriel envoyé à l’ensemble des employés de la Ville le 28 mars par le directeur général intérimaire, Daniel Marineau, dont L’ŒIL a obtenu copie. « À la suite des événements survenus lors de la séance du conseil du 24 mars, je souhaite vous exprimer tout mon soutien et ma solidarité, à l’ensemble du personnel. Je suis conscient que certaines paroles et attitudes ont pu heurter et laisser des traces. Il est important pour moi de reconnaître l’impact que cela peut avoir sur vous, tant sur le plan professionnel que personnel. […] Je sais à quel point vous donnez le meilleur de vous-mêmes pour contribuer positivement à notre communauté, souvent dans des conditions exigeantes. Sachez que votre travail est apprécié et reconnu. Je suis résolument engagé à maintenir un environnement de travail respectueux et bienveillant. Il est naturel d’être affecté par des situations difficiles, et je vous encourage à ne pas hésiter à solliciter du soutien au besoin », peut-on notamment y lire. M. Marineau y assure qu’il « demeure à l’écoute » des préoccupations des employés et qu’il poursuit ses « efforts pour assurer des communications constructives et respectueuses ».

Une année d’incertitude

Arrivé en poste en janvier 2024 à la suite du départ à la retraite de Martine Vallière, qui a occupé le siège de directrice générale de la Ville de Belœil pendant 18 ans, Michaël Tremblay n’aura été présent que pendant quatre mois avant de tomber en arrêt de travail, laissant les élus dans l’incertitude depuis. La directrice générale adjointe Cathy Goyette a d’abord assumé l’intérim, jusqu’à sa démission pour relever de nouveaux défis du côté de Saint-Basile-le-Grand. Serge Lamontagne, ancien DG à la Ville de Montréal, est ensuite passé en coup de vent au début de l’automne. Depuis la fin octobre, c’est le directeur des loisirs, de la culture et de la vie communautaire, Daniel Marineau, qui est à l’intérim, toujours pour une durée indéterminée.

Chaque fois que la question de la direction générale a été abordée avec les différents élus de Belœil depuis un an, l’incertitude était palpable, même si la mairesse Viau a toujours assuré qu’elle espérait voir le retour prochain du titulaire. « C’est sûr qu’on a hâte. On a travaillé en fonction de son retour et on continue de croire qu’il pourra revenir dans les prochains mois », a-t-elle affirmé en entrevue dans les dernières semaines. Certains conseillers étaient moins optimistes et se sont demandé à quelques reprises s’ils allaient un jour revoir M. Tremblay en poste. Notons que si le sujet du DG titulaire a été très animé en mars, il n’a pas du tout été abordé à la séance d’avril.

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