28 mai 2024 - 05:00
Belœil, ville scandinave
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Pendant 40 minutes au téléphone, la mairesse Nadine Viau débordait de fébrilité à quelques jours du départ vers le Danemark. Nous avons discuté d’urbanisme, de densité, de l’avenir de Belœil, de sa vision pour une ville durable, verte, moderne, mieux pensée. Une ville dont les Belœillois seront fiers. Une ville qui va grandir vite, avec une nouvelle école en chemin et une pression économique importante avec la venue de Northvolt. Belœil ne sera plus la même dans 15-20 ans, me dit-elle, peut-être même avant!

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D’où le voyage. Avec d’autres élus, des fonctionnaires et les architectes de renom Pierre Thibault et Jérome Lapierre, la mairesse prendra part à une délégation qui se dirige vers Copenhague afin de rencontrer de grands noms de l’urbanisme.

L’idée, toute simple, est de prendre la mesure de ce qui s’est fait là-bas. Non pas pour l’exporter directement ici, mais pour comprendre la vision des deux architectes qui se sont inspirés de cette vision scandinave pour imaginer le prochain et dernier développement résidentiel à Belœil.

La mairesse a raison; il s’agit du dernier territoire à développer à Belœil; c’est ce qui va déterminer le portrait final de cette ville. Alors aussi bien le faire comme il faut.

Malgré l’excitation, la mairesse semble plus fragile en fin d’entrevue. La Ville va investir plus de 45 000 $ (en plus d’une subvention de 25 000 du ministère des Affaires internationales) pour ce voyage. Quelques citoyens ont déjà condamné cette dépense. Même le journal a reçu des plaintes, des demandes pour une enquête sur ce gaspillage de fonds publics. Avant de raccrocher, Mme Viau me demande si c’est une bonne idée. Je me garde bien de lui donner mon opinion au téléphone, puisque ce n’est pas mon rôle.

Je vais lui donner maintenant : c’est une excellente idée. Attention, si les élus se rendaient à Copenhague pour du réseautage et prendre des bouchées dans des cocktails, je n’aurai pas le même discours. Mais si tous les partis confondus ont accepté cette dépense, et que l’horaire d’activités et de rencontres est aussi rempli qu’on le laisse croire, il s’agit d’une chance à saisir.

J’ai déjà écrit dans ces pages avoir vécu dans des quartiers mal pensés, des secteurs densifiés avec pour seul but d’entasser le plus de gens possible dans des bâtiments sans âme, sans couleur ni saveur. Rien de plus triste.

Belœil n’a pas le choix, elle doit se développer en suivant les diktats de densité imposés par des instances comme la Communauté métropolitaine de Montréal, qui exige de plus en plus de logements par hectare de terrain. Maintenant, est-ce qu’on peut penser ces développements résidentiels avec un peu d’humanité, de vision du futur et en y intégrant des concepts de développement durable. Et peut-être que ça passe par des élus formés et conscientisés, pas seulement des élus qui acceptent tout ce qu’imposent des promoteurs immobiliers qui ne pensent peut-être pas en termes d’environnement ou de vie de quartier.

Belœil est à un point tournant et décisif de son développement. Est-ce que 45 000 $, c’est du gaspillage? Non. On pourrait débourser le double, je ne serais pas offusqué. Sur un budget annuel de 54 M$, ce sont des peanuts pour mieux armer nos élus qui devront prendre d’importantes décisions pour notre ville. Je dis bravo. Et bon voyage.

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