« Il y a beaucoup d’informations sur les réseaux sociaux qui pourraient être dangereuses. On parle notamment de néoprène qui contient une mousse étanche au centre qui ne permet pas à l’air de circuler suffisamment pour pouvoir respirer. Ce sont des choses auxquelles les gens ne pensent pas. Il n’y a pas de ressource ou de référence pour les aider. Il n’y a plus de formation à l’université ou au niveau collégial en textile depuis quelques années », observe la fondatrice de Tengiva, Annie Cyr.
Annie Cyr et le Dr Carlos Agudela sont un duo de chercheurs qui ont fondé Tengiva il y a deux ans à Belœil. Ils se spécialisent en approvisionnement de textiles et possèdent une connaissance approfondie de la chimie textile.
Au cours des deux derniers mois, ils ont été grandement sollicités par des entrepreneurs qui souhaitaient développer des masques. « Notre première recommandation, c’est de ne pas essayer de rencontrer les normes médicales. On leur dit de faire ce qu’ils font de mieux, soit le design. Le masque doit couvrir la bouche et le nez, c’est très important. Les normes médicales ne sont pas faites pour des masques réutilisables », souligne-t-elle.
Mme Cyr rappelle qu’un masque non médical n’est pas destiné à protéger les utilisateurs des autres individus. Ils sont destinés à réduire le risque de contaminer les autres, en réduisant la vitesse de transmission des particules de salive.
Confectionner son masque
Selon les études connues, il n’y a pas de préférence entre les tissus tissés, non tissés ou tricot dans la confection de masque non médical, mentionne-t-elle. Si une personne choisit un modèle qui colle davantage à la forme du visage, Mme Cyr suggère un tissu extensible comme le tricot. Pour un masque qui s’inspire des masques chirurgicaux, elle propose plutôt un tissu tissé. Il est aussi recommandé de coudre deux couches de tissu pour assurer une meilleure protection. Pour les tissus plus denses, comme le denim, une seule couche peut être suffisante.
Les tissus à éviter sont les néoprènes, les textiles laminés avec des membranes de plastiques et les textiles enduits. Ces tissus présentent des risques de suffocation puisqu’ils ne permettent pas une circulation de l’air.
« Sur les réseaux sociaux, on a vu des masques fabriqués avec de mauvais matériaux. Les gens ne pensaient pas que cela empêchait de respirer. Ils pensent que c’est facile à nettoyer. C’est une inquiétude qu’on avait. […] C’est difficile pour les entrepreneurs et monsieur et madame Tout-le-Monde de s’y retrouver », ajoute-t-elle.
Il est aussi à noter que les tissus antibactériens peuvent représenter une valeur ajoutée, mais ne sont pas efficaces contre les virus. « Il faut se rappeler qu’une bactérie n’est pas un virus. Ce ne sont pas les mêmes organismes. »
Les finitions hydrofuges ou déperlantes peuvent repousser les gouttelettes, mais elles n’empêchent pas la pénétration de l’eau. « Il faut garder en tête que des gouttelettes peuvent rester en surface lorsqu’on enlève le masque. »
Annie Cyr ajoute qu’un lavage à l’eau savonneuse est suffisant pour tuer le virus. Il est nécessaire de laver le masque après chaque utilisation.