Prenons un gars comme Laurent Duvernay-Tardif, qui prend sa retraite bien méritée et douloureuse du football cette semaine. Aujourd’hui, je n’ai que du respect pour l’homme. Mais je me souviens que dans ses premières apparitions médiatiques, il me tapait un peu sur le système.
Je veux dire, après une journée de job, me reste assez d’énergie pour les devoirs des enfants et c’est à peu près ça. Lui, après une journée de sport, d’entraînement et de médecine, il va faire des bols pour soutenir sa fondation. Pis écrire un livre, pis faire du pain, pis se lancer en affaires, faire de la publicité, du coaching, etc. Voyons, dort pas, lui! Au moins, s’il était laid. Ben non. Il est juste représentant pour le lait. Toudoum tsh!
On s’amusait entre collègues journalistes (cyniques) à chercher les failles. Par exemple les bols; il en a déjà fait, mais ce n’est pas vraiment les siens qu’on peut acheter pour sa fondation. Il y a un artisan derrière ça. Fausse publicité, alors, de mettre Laurent de l’avant et nous faire croire que ce sont ses bols. Non? Ouain, pas tant non.
C’est tout.
C’est tout ce que j’ai trouvé.
C’est un de ses anciens entraîneurs qui m’a fait changer de lunettes pour observer Laurent. Il m’a dit un peu off record que, dans le fond, Laurent, « il n’est juste pas comme toi et moi ». Une exception, une tête sur de bonnes épaules, qui a grandi dans un bon contexte familial. Un champion, comme il y en a toujours. Un genre de Léonard de Vinci, doté de tous les talents.
J’ai tout vu ça pour la première fois en action un jour où le Collège Saint-Hilaire a nommé son gymnase en l’honneur de sa famille, bien implantée dans la région.
J’ai plongé ma main dans la sienne pour le saluer et j’ai compris tout de suite la raison de la légende. Tu le sais quand tu rencontres un grand.
Je ne parle pas de stature, même si on lui a fait la blague deux-trois fois. J’ai senti une petite irritation du genre « ben oui, je suis grand, revenez-en ». Mais il a pris une petite respiration subtile et il a souri même si on doit lui faire la remarque chaque jour. Comme moi qui est chauve; on passe le commentaire très souvent. On rit et on continue.
Non, un grand personnage. Tout le monde était heureux de le voir.
Et en entendant parler de ses exploits pendant la soirée, tu ne peux que vouloir toi aussi te dépasser. Te lever le matin et faire de ton mieux au lieu de chialer.
D’ailleurs, c’est le plus beau cadeau que l’athlète pourrait offrir à notre jeunesse : l’inspiration. En entrevue, il dit vouloir consacrer de l’énergie à sa fondation dont la mission est d’encourager le développement des jeunes par le sport et l’art. Faudrait être un rabat-joie rare pour ne pas applaudir.
Alors j’applaudis aussi. Bonne retraite, jeune homme. Et merci de la vivre avec nous au Québec.