Le propriétaire actuel, René Grégoire, a décidé de ranger ses outils et n’a pas été en mesure de trouver une relève. Pour M. Grégoire, le temps était venu de s’arrêter. « Je suis rendu à cet âge-là et je travaillais dans le domaine depuis 40 ans. Je suis à ma fin d’année fiscale et mon bail se termine à la fin septembre. C’était peine perdue de trouver de la relève. Des réparateurs de télévisions et de systèmes de son, ça disparaît peu à peu, comme les cordonniers », rapporte celui qui ne prend plus de réparations dans son agenda depuis le 30 août.
L’entreprise a été fondée par Claude Brillon sous le nom de Brillon Radio TV et s’est d’abord installée sur la rue Provencher à Mont-Saint-Hilaire. René Grégoire s’est joint à la compagnie au milieu des années 1990 pour y travailler comme technicien-réparateur. À cette époque, M. Brillon faisait de la vente d’appareils. « Il y a eu jusqu’à trois vendeurs à un moment donné. Moi, j’étais le seul technicien. C’était ma deuxième job dans le domaine. Avant, je travaillais à LeMoyne pour un Grégoire TV, mais je n’avais aucun lien de parenté », se rappelle-t-il.
René Grégoire s’est porté acquéreur de l’entreprise en 2015 et a décidé de conserver le nom Brillon dans la raison sociale. « Brillon était un nom connu, je voulais garder la clientèle », ajoute l’homme qui travaillait seul à son atelier situé maintenant dans un local du boulevard de la Gare.
Durant sa carrière, M. Grégoire s’est vraiment spécialisé dans les télévisions et tout autre appareil pouvant émettre des sons et jouer de la musique. Il n’acceptait aucune commande de réparation d’électroménagers à l’exception des micro-ondes. « Je n’avais pas le goût pour le reste, mais les micro-ondes étaient faciles à réparer. Des réparateurs d’électroménagers me recommandaient même des clients pour les micro-ondes. »
Témoin de l’évolution de la technologie
René Grégoire a été un témoin privilégié de l’évolution de la technologie. « Je réparais au début les écrans cathodiques. Quand les téléviseurs plats sont arrivés sur le marché, j’ai pris une formation pour pouvoir suivre la parade. Les écrans plats étaient plus simples à réparer. Si la technologie a évolué, je trouve que cela a stagné ces dernières années dans le cas des TV. »
M. Grégoire pourrait mettre sur pied un petit musée d’histoire avec tous les vieux appareils qui lui sont passés entre les mains. « Les tables tournantes sont revenues à la mode. J’ai eu aussi à réparer des lecteurs VHS et des lecteurs de cassettes audio. Ce sont des objets auxquels les gens tiennent. »
Selon le réparateur, les gens restent toujours surpris d’apprendre que certains appareils se réparent. « Il y a une tendance à croire que ça ne se répare pas ou que ça coûte trop cher, donc le client va acheter un nouvel appareil. C’est sûr que si les gens vont au magasin, les vendeurs vont prêcher pour leur paroisse. »
René Grégoire admet qu’il achète rarement de nouveaux appareils électroniques vu ses compétences. « Mon épouse me fait la remarque que nos électroménagers ne sont pas neufs, mais je lui fais remarquer qu’ils fonctionnent bien », renchérit-il en riant.