3 juin 2021 - 13:48
Brouhaha autour du nom du parc de l’Érablière-Cardinal
Par: Denis Bélanger

Le conseil d’administration de La Maison amérindienne demande formellement à Mont-Saint-Hilaire de changer le nom du parc de l’Érablière-Cardinal, nommé en hommage à l’ancien propriétaire des lieux Maurice Cardinal. Le dossier a d’ailleurs été soumis au comité de patrimoine et toponymie de Mont- Saint-Hilaire. La situation chagrine énormément le fils de feu M.Cardinal, Gilles Cardinal, qui souhaite conserver la mémoire de son père.

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Le parc est situé sur la montée des Trente à côté de La Maison amérindienne. Maurice Cardinal, également un ancien conseiller municipal de Saint-Hilaire-sur-Richelieu et de Mont-Saint-Hilaire, a été propriétaire de l’érablière de 1953 à 1989. Après s’être départi de la propriété, M. Cardinal a continué d’exploiter la salle de réception jusqu’en 1995.

Un nom inapproprié

La Maison amérindienne suggère de retirer simplement le patronyme Cardinal pour que l’endroit soit rebaptisé parc de l’Érablière. Parmi les arguments évoqués par les administrateurs, on retrouve le fait qu’une rue de Mont-Saint-Hilaire porte déjà le nom Cardinal.

Les membres du conseil d’administration affirment aussi que le nom de M. Cardinal était inapproprié pour le parc en question. Ils qualifient M. Cardinal « de fossoyeur » du parc « puisqu’il ne s’est jamais préoccupé de sa préservation ». « Il l’a vendu à des développeurs immobiliers, José Lobato et André Potvin, qui voulaient y faire un lotissement de plus de 80 maisons avant que la Ville, à la suite des pressions des citoyens, ne le rachète », peut-on lire dans un extrait d’une résolution de La Maison amérindienne signée par son président, Richard Ruest.

Les membres du CA affirment aussi que le maire Yves Corriveau a fait changer le nom du parc pour respecter une promesse électorale à un ami. Une prétention basée sur commentaire en ligne fait dans le cadre d’une consultation publique par Gilles Cardinal affirmant que trois maires lui avaient promis d’honorer son père.

M. Corriveau a réfuté l’allégation et souligne l’impartialité du comité de toponymie. « Ils lancent une fausse rumeur pour tenter de discréditer la première décision du comité de toponymie. Malgré ce qu’ils croient, j’aimerais rappeler à la population que les comités municipaux sont indépendants. Les citoyens qui les composent ont été choisis selon leurs compétences et non selon leur affiliation politique. Ce sont des comités hautement compétents. Leurs analyses sont justes et les critères sont respectés. »

Une recommandation émanera de l’analyse du comité de patrimoine et de toponymie de Mont-Saint-Hilaire. Mais ce sera aux élus de déterminer l’issue du dossier. Il est arrivé dans le passé que la majorité des élus rejette une recommandation d’un de ses comités citoyens. Notons qu’un seul élu, Jean-Pierre Brault, siège au comité, en compagnie de plusieurs citoyens, dont Antoinette Leroux de Patrimoine hilairemontais ainsi qu’Alain Côté de la Société d’histoire de Belœil–Mont-Saint-Hilaire.

Reconnu depuis 2014

La demande de changement de nom survient plus de six ans après que la Commission de toponymie du Québec a officialisé le nom du parc le 9 septembre 2014. Les démarches de changement de nom avaient commencé à la fin de l’administration du maire Michel Gilbert.

Le comité de toponymie de Mont-Saint-Hilaire avait recommandé, à sa réunion du 31 octobre 2013, de donner au lieu public le nom de parc de l’Érablière-Cardinal. La décision a été entérinée le 11 novembre suivant par un conseil municipal nouvellement élu. Quatre élus de l’époque sont toujours en place, soit le maire Yves Corriveau et les conseillers Jean-Pierre Brault, Sylvain Houle et Emile Grenon Gilbert. Ce dernier avait appuyé la résolution à cet effet.

Pétition pour préserver le nom

De son côté, Gilles Cardinal se désole de voir le nom de son père être entaché par la démarche de La Maison amérindienne. « Mon père en a fait beaucoup plus que n’importe qui pour l’érablière. Il a aidé beaucoup de monde. » Selon M. Cardinal, les possibilités d’exploitation du terrain étaient limitées à l’époque pour son paternel, ce qui l’a mené à tâter le terrain du côté de développeurs.

Gilles Cardinal a déposé à la Ville en début d’année une pétition de 15 signataires, tous des résidents de la montée des Trente, demandant le maintien du nom actuel. « La famille Cardinal est présente à Mont-Saint-Hilaire depuis cinq générations. De plus, cette cabane à sucre est l’héritage des traditions québécoises depuis plus de 100 ans », peut-on lire dans le texte de la pétition.

Affiche qui se fait attendre

En dépit du changement de nom, l’affiche située près de l’espace vert et à l’entrée de La Maison amérindienne contient toujours l’ancienne appellation, soit le parc de l’Érablière. Ce n’est toutefois pas une enseigne de la Municipalité. Gilles Cardinal avait tenu des représentations auprès de la Ville pour que la situation soit corrigée, mais le tout ne s’est jamais concrétisé.

Mont-Saint-Hilaire travaille d’ailleurs sur un plan directeur de signalisation qui prévoit entre autres l’uniformisation de l’affichage dans les parcs municipaux. « Ce sera donc le nom officiel au moment de procéder qui y sera affiché. Si le nom fait encore l’objet de discussions au moment de procéder, il sera possible de reporter à une phase ultérieure, et ce, afin d’éviter de devoir refaire le travail peu de temps après », explique la porte-parole Julie Benjamin.

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