Oh, il en aura un ou deux d’ici la fin de la campagne : un pauvre candidat libéral ou conservateur parachuté ici, ou recruté parmi les militants locaux pour se sacrifier à la cause et affronter le chef du Bloc québécois. Juste assez pour amasser suffisamment de votes afin d’obtenir le remboursement électoral minimal (si le candidat obtient au moins 10 % des voix, Élections Canada rembourse jusqu’à 60 % de ses dépenses électorales admissibles). Aussi pour stimuler un peu les collectes de fonds dans le coin et accéder aux listes électorales.
Même chose dans l’autre circonscription que nous surveillons au journal, c’est-à-dire Pierre-Boucher–Les Patriotes–Verchères. J’ai rencontré Xavier Barsalou-Duval, le candidat bloquiste qui se présente pour un quatrième mandat. Il avait l’air assez zen. Il ne pouvait même pas nommer un de ses adversaires (et moi non plus, d’ailleurs). On est loin des candidats vedettes.
Dans mon entreprise, nous avons aussi un journal à Sorel-Tracy. Le candidat là-bas est encore une fois Louis Plamondon, qui se présente pour la 437e fois (plus ou moins une, je ne saurais dire). Il a obtenu 54 % des votes en 2021, soit encore plus qu’en 2019. Je ne pense pas que mes collègues à Sorel sont sur le qui-vive en ce moment…
Je ne dis pas que M. Blanchet peut se la couler douce, comme le suggère notre caricature. Le très crédible site internet Canada338 lui donnait environ 92 % de chances de l’emporter, en date du 28 mars dernier. Notons que ce chiffre était toutefois à la baisse, au profit des libéraux – dont on ne connaissait toujours pas le nom du candidat au moment d’écrire ces lignes. Il devra donc garder un œil sur la région pour freiner cette tendance.
Mais son vrai combat, sans surprise, sera au national, où il devra convaincre les électeurs que sa formation politique est plus pertinente que jamais face à notre criminel de clown du Sud (ah oui, aucune nuance, je ne me gêne plus). Convaincre les Québécois que leurs intérêts seront mieux représentés par un parti d’opposition que par un parti avec un mandat fort pour affronter nos voisins.
Car même si, comme journal local, nous nous donnons le mandat de vous offrir une couverture juste des enjeux régionaux dans cette course, je ne crois pas me tromper en disant que la vraie question de l’urne, celle qui fera pencher la balance pour bien des électeurs, ce sera de savoir qui pourra le mieux nous protéger des Américains. Selon un récent sondage de la firme Léger, 28 % des Canadiens considèrent que la guerre commerciale avec les États-Unis est la principale préoccupation en vue des élections, tandis que 21 % estiment que l’inflation est l’enjeu prédominant.
Nous présenterons les arguments des candidats sur les pensions de vieillesse, l’immigration et autres dossiers fédéraux, mais notre vote sera, même ici, influencé par la peur du clown à la tête de la plus grande puissance mondiale.
Sur ce, bonnes élections!