Le deuxième constat : notre monde médiatique et culturel semble totalement à côté de la plaque. Normal que des jeunes quittent les médias traditionnels pour suivre des gens qui commentent des jeux vidéo en direct. Les médias n’y sont pas!
Même moi, dans la quarantaine, je trouve parfois les médias loin de moi. Gardons l’exemple des jeux vidéo, une industrie florissante malgré ses déboires côté emplois en 2024. Une industrie si milliardaire qu’elle rapporte plus que celles de la musique et du cinéma. Selon le site StockApps, le chiffre d’affaires mondial des jeux devrait dépasser les 300 milliards de dollars d’ici 2026.
Pourtant, à la radio, à la télé, on n’en parle presque jamais. On va me répéter chaque heure, sur toutes les émissions et sur toutes les chaînes, que les Canadiens vont échanger un joueur de quatrième trio et qu’ils ont (encore) perdu la game la veille, analyse en profondeur à l’appui de chaque maudit coup de patin. Mais combien de Québécois comme moi n’en ont rien à faire des résultats du hockey? Mais si on veut un peu d’info sur le monde du jeu vidéo ou autre, on doit se rabattre sur YouTube ou des sites spécialisés, comme si c’était un sujet obscure ou en marge, alors qu’environ 50 % des Québécois et des Québécoises disent jouer à des jeux vidéo.
Dans mes discussions avec mes amis, le jeu Baldur’s Gate a été un incontournable de nos discussions pendant un moment, ou la prochaine extension du jeu Elden Ring. Mais personne pour me parler du nouveau court-métrage psycho-dramatique tourné dans le nord dont la trame narrative explore la crise existentielle d’une personne vivant avec ses démons intérieurs.
Je parodie, bien sûr; rien contre la culture, au contraire. Mais pour bien des gens (et pas mal plus qu’on pense), les jeux vidéo prennent plus de place que la nouvelle pièce de théâtre de l’heure.
Désolé, je passe du coq à l’âne. Bien sûr, la culture québécoise est importante. On rappelait sur les ondes de Radio-Canada la semaine dernière que 85 % des jeunes Canadiens francophones âgés de 18 à 34 ans ont accès à une télé connectée. Pourtant, ces télés nous proposent déjà les applications de Disney ou Netflix, mais pas celles de nos chaînes québécoises comme TVA ou Noovo. Bien sûr, ça serait déjà un pas dans la bonne direction d’imposer plus de contenu franco sur nos télé.
Mais quand je vois que 21 000 personnes préfèrent regarder un streamer se prendre pour une police dans Grand Theft Auto, je me dit qu’on est en train de l’échapper quelque part. Nos consommateurs de contenus, surtout les plus jeunes, désertent ce qui se fait de conventionnel pour aller voir un gars dans son sous-sol qui passe sa soirée devant son ordi. Ça devrait nous sonner une cloche.