2 août 2023 - 07:00
Polaritésde la Belœilloise Isabelle Lafortune
Ceci n’est pas un polar
Par: Olivier Dénommée
Dans le récit Polarités, la résidente de Belœil Isabelle Lafortune s’éloigne du polar qui a fait sa renommée, mais conserve un certain lien avec Terminal Grand Nord en s’attardant à deux de ses personnages secondaires.  Photo Robert Gosselin | L’Œil Régional ©�

Dans le récit Polarités, la résidente de Belœil Isabelle Lafortune s’éloigne du polar qui a fait sa renommée, mais conserve un certain lien avec Terminal Grand Nord en s’attardant à deux de ses personnages secondaires. Photo Robert Gosselin | L’Œil Régional ©

Depuis 2019, le nom de la Belœilloise Isabelle Lafortune est intimement lié au polar, le style de ses deux premiers romans, Terminal Grand Nord et Chaîne de glace. Mais elle sort de ce registre le temps du récit Polarités, qui s’intéresse à deux personnages de Terminal Grand Nord, 18 ans avant les événements de son premier roman.

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Malgré son titre qui peut porter à confusion et son lien assumé avec ses autres livres, « Polarités, ce n’est pas un polar! », insiste l’autrice qui a été approchée par son éditrice pour participer à la nouvelle collection Draisine des éditions XYZ. « Ce n’est pas un roman ni une nouvelle. À 86 pages, c’est comme un mini roman, un récit juste assez long pour un voyage de train jusqu’à Québec, illustre-t-elle. Le livre s’intéresse à deux personnages secondaires de Terminal Grand Nord en 1994, une vingtaine d’années avant les événements de mon premier roman. »

Polarités donne ainsi la parole à Providence et à Marie, deux femmes rivales se battant pour l’affection du même homme à Schefferville. « Ça se passe dans le Nord, mais les polarités sont les deux personnalités opposées de ces femmes qui devraient se détester, mais qui n’y arrivent pas. Au fil de la lecture, on va comprendre Marie et voir ses failles; même chose pour Providence, qui a l’air faible, mais qui est plus forte que ce qu’on peut penser », soutient la Belœilloise. Si Isabelle Lafortune s’attend à ce que les lecteurs prennent davantage position en faveur d’une des deux protagonistes, elle espère qu’ils comprennent leurs deux points de vue. « Il y a beaucoup de zones grises, ce qui est pour moi le plus intéressant. […] C’est là où la discussion devient possible et ça permet d’explorer autre chose. »

Pour l’occasion, dans Polarités, elle délaisse la forme du polar et crée des enjeux et des tensions sans impliquer de meurtre. « Je propose un dénouement qui, je l’espère, va surprendre, et qui va amener le lecteur à se poser des questions. J’ai écrit un mini drame, qui essaie d’aller là où le lecteur ne l’attend pas. »

Nouveau public?

Isabelle Lafortune précise toutefois que, malgré ses liens avec des personnages de ses autres livres, Polarités peut parfaitement être lu et apprécié à part. « La collection Draisine s’adresse à des gens qui ont envie de petits récits littéraires. Peut-être que des gens découvriront mon univers et seront intéressés de lire par la suite mes autres livres. Et inversement, ceux qui ont apprécié mes polars auront peut-être le désir d’avoir plus d’informations sur ces personnages. Le récit s’adresse à tout le monde, pas juste aux lecteurs de Terminal Grand Nord, mais c’est certain que ça ajoute de l’épaisseur à ces personnages et que ça peut bonifier la lecture. »

Habituée des briques plus volumineuses – ses deux polars ont respectivement 350 et 450 pages – Isabelle Lafortune avoue avoir beaucoup apprécié l’expérience de « tirer le pur jus » d’une histoire pour la concentrer en seulement 86 pages. « Si mon éditrice me demande de répéter l’expérience un jour, ça se pourrait que j’accepte! », lance-t-elle.

Le récit Polarités est officiellement en librairie à compter du 2 août. Une première activité de promotion est prévue à l’occasion de la journée « Le 12 août, j’achète un livre québécois », où Isabelle Lafortune sera à la Librairie L’Intrigue de Saint-Hyacinthe entre 13 h et 15 h en compagnie de trois autres auteurs.

Voix féministes

En plus d’en raconter davantage sur l’histoire de deux personnages secondaires de ses romans, Polarités sert de tremplin au prochain projet d’Isabelle Lafortune, qui souhaite donner la parole à des femmes inspirantes qui ont fait de grandes choses. « Je veux faire un ouvrage sur la condition féminine avec des personnages de femmes fortes, capables de grandes choses et de petites choses aussi. J’ai envie de faire des portraits de femmes avec humour et de mettre en scène des voix intéressantes qu’on n’entend pas nécessairement souvent », explique-t-elle. Sa grand-mère, décédée il y a quelques années à peine, fait partie de ses inspirations, elle qui s’est battue à une époque où les femmes ne pouvaient rien faire sans leur mari et que les curés avaient le pouvoir d’intimider celles qu’ils ne jugeaient pas assez catholiques à leur goût.

Il faudra toutefois patienter avant de voir ce projet publié. « Il est sur la table et j’ai un plan. Je sais où je veux aller, il ne me reste qu’à finaliser le plan et à écrire. Si tout va bien, je pense être capable de déposer mon manuscrit quelque part l’an prochain. » Dans des conditions optimales, il pourrait voir le jour en 2025, espère l’autrice.

Le film sur la glace

Et il faudra être encore plus patient avant de voir l’adaptation de Terminal Grand Nord au grand écran. Si le scénario pour un film d’environ 90 minutes est fin prêt, le financement ne suit pas pour le moment « pour des considérations administratives », ce qui empêche la concrétisation du projet. Isabelle Lafortune ne cache pas sa déception de voir que ce projet, dont elle parle depuis au moins 4 ans, n’est pas près de se réaliser dans un avenir prévisible. « C’est dommage qu’il soit sur la glace parce que c’est vraiment un beau film, assez différent du roman. » Selon elle, la production de Terminal Grand Nord pourrait coûter autour de 5 M$, ce qui est impensable au Québec sans un important financement. Elle demeure persuadée que le film verra éventuellement le jour, mais n’ose pas prédire le moment où il se concrétisera.

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