Virginie Millien est officiellement entrée en poste au début de l’année. Présentement codirectrice de la réserve avec Gregor Fussman, elle devrait officiellement opérer seule en septembre.
Déjà conservatrice en chef des collections d’histoire naturelle du musée Redpath de Montréal, la direction de la réserve lui apparaissait comme une étape naturelle de son parcours professionnel.
Qu’est-ce qui vous motive à prendre le relais à la direction de la réserve?
«On arrive dans un contexte où les chercheurs s’intéressent de plus en plus au développement durable, à la conservation. Je trouve que c’est le meilleur terrain de jeu pour développer, appliquer ces connaissances. Surtout pour une montagne qui a tellement de succès. Pour moi, ce sera le défi des prochaines années de maintenir cette relation particulière entre le public et leur montagne, tout en apportant mon expérience de scientifique pour préserver la montagne. Notre mission, c’est la conservation, mais aussi l’accès au public. L’un ne pourrait pas exister sans l’autre.»
En quoi votre approche sera-t-elle différente de vos prédécesseurs?
«Le fait que je parle français, je crois que ça va faciliter la communication. J’ai l’espoir que ça va modifier l’image de l’université McGill.»
Comment le fait d’être francophone peut-il vous aider?
«McGill a tout un réseau de stations de terrain que nous sommes en train de restructurer. Le but, c’est de recréer le lien avec les étudiants et le public qui, historiquement, a peut-être été brisé. Je pense que c’est principalement une question de langage. Je n’ai jamais eu de problème à travailler avec les gens ici. Je pense que si je me présentais en disant que je suis de l’Université McGill en parlant anglais, ça ne marcherait pas aussi bien.»
Comment fait-on pour recréer ce lien?
«La communication. On travaille beaucoup là-dessus. La visibilité. Ce n’est pas toujours évident pour le public, quand ils viennent ici, de savoir s’ils sont sur une montagne ou sur une réserve universitaire. Quand une personne vient sur la montagne, j’aimerais qu’elle sache que c’est McGill et que c’est un service que l’on rend.
Je pense aussi au développement des activités de recherche, mais avec des thèmes qui ont une application directe. Il y a un intérêt direct du public. Quand je travaille sur la maladie de Lyme, tout de suite les gens comprennent. On est très forts à McGill en théorie. Je fais plus de sciences appliquées et c’est probablement par là que j’orienterai mes propres recherches. Je réfléchis à développer des programmes de recherches qui pourraient être bénéfiques pour la montagne.»
Quels genres de projets?
«La première question, c’est le développement durable à long terme. Comment va-t-on faire avec une augmentation moyenne de 6% de visiteurs sur la montagne chaque année pour maintenir ce succès et continuer à ouvrir les portes tout en préservant la montagne? C’est un exercice compliqué. […] Nous sommes le noyau central d’une réserve de la biosphère de l’UNESCO. À long terme, il y aussi une vision de voir la montagne dans un contexte plus régional. Ce que j’aimerais, c’est amener mon côté scientifique à ces questions-là.»
Quelle forme pourrait prendre cette recherche sur le développement durable?
«J’aimerais faire un état des lieux, une étude d’impact scientifique. Ce sont des idées qui se développent, mais j’imagine un projet qui combinerait des données scientifiques pour faire une étude d’impact et des consultations du public pour faire le lien entre ces deux types d’activités et faire des recommandations dans le futur.»
Vous mentionniez que les recherches terrain étaient très peu financées au cours des dernières décennies, ce qui a eu un impact négatif sur les collections de musées d’histoire naturelle. Comment votre double fonction peut-elle vous aider à faire le lien entre la Réserve et le Musée Redpath?
«Maintenant, je sais quels projets ont lieu sur la montagne; je vais y ajouter une clause pour dire que s’il y a des spécimens, on veut au moins conserver les données pour les réutiliser plus tard; ça nous aide à savoir ce qui se passe sur la montagne de consulter les spécimens.»