En qualité de ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques, l’homme pilotait déjà en 2002-2003 une réforme du mode du scrutin. En fait, dit-il, on parle depuis presque 100 ans au Québec d’une réforme de notre mode de scrutin représentatif hérité des Britanniques. Mais cette fois, nous serions vraiment proches de changer notre façon d’élire nos politiciens. Et ça nous touche tous.
Le 9 mai dernier, tous les partis d’opposition à l’Assemblée nationale ont fait front commun pour demander une réforme du scrutin en signant une entente; ils promettent de réformer le système si l’un d’eux est porté au pouvoir. Simon Jolin-Barrette, député de Borduas et porte-parole en matière de réforme des institutions démocratiques pour la CAQ, a eu le mandat de mener les négociations pour son parti: «Les gens sont désabusés. Dans bien des circonscriptions, ils ont l’impression que leur vote ne compte pas, qu’ils ne peuvent pas vraiment faire de différence. Il est temps de changer ça, de leur redonner confiance au système.»
Dans un système basé sur la proportionnelle mixte compensatoire, comme on en trouve en Nouvelle-Zélande, en Allemagne et en Écosse, une partie des députés seraient élus localement, alors qu’une autre partie serait choisie en fonction du pourcentage de vote obtenu par chacun des partis. On vise ici une répartition des sièges à l’Assemblée nationale plus représentative des votes.
Si tout va bien, rappelle Jean-Pierre Charbonneau, l’élection provinciale en octobre prochain serait la dernière dans notre système actuel si les l’un des partis d’opposition prenait le pouvoir et que l’ensemble des votes additionnés de tous les partis (sauf ceux des libéraux) équivalait à plus de la moitié des votes. En fait, si l’élection avait lieu aujourd’hui, toutes les conditions seraient réunies.
Aujourd’hui membre de l’organisme Mouvement démocratie nouvelle, Jean-Pierre Charbonneau y croit de plus en plus. «Cette fois-ci, les astres s’alignent», dit-il, rappelant que c’est la première fois que plusieurs partis politiques s’entendent sur les modalités. «Tous les partis d’opposition sont d’accord. Il reste seulement à présenter un projet de loi. Pas besoin de refaire tout le processus.»
Je me colle donc à l’opinion de M. Charbonneau. Cette réforme est majeure. Les impacts de cette refonte pourraient changer notre façon d’approcher la politique, de pousser les jeunes à voter et de permettre un renouvellement des idées. C’est carrément un changement de paradigme, avance M. Charbonneau. Notre système actuel est à la limite illégitime, dit-il, puisqu’un parti peut diriger la province sans obtenir la majorité de voix. Dans un mode proportionnel mixte, chaque vote compte et ça force les partis minoritaires à travailler en coalition. Et si l’on veut combattre le cynisme, ce «coup de barre» est primordial, pense M. Charbonneau. Moi aussi.
Et surtout, et c’est bien important, ce grand changement démocratique apporterait probablement espoir et vitalité au peuple québécois qui a peut-être un peu besoin de se faire rappeler qu’il est encore capable d’accomplir de grandes choses.
16 mai 2018 - 16:48
Changement de paradigme
Vincent Guilbault
«Je suis confiant», me souligne Jean-Pierre Charbonneau. «Mais pas naïf.»
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