« Cette vente marque une nouvelle étape et permet de transmettre le Domaine à un acteur capable de perpétuer et de faire évoluer cet héritage unique », peut-on lire dans un communiqué signé par les nouveaux propriétaires. « La famille Robillard tient à remercier chaleureusement tous les visiteurs, campeurs, golfeurs, bénévoles, artistes et partenaires qui ont contribué à faire du Domaine un succès pendant plus de six décennies. Leur dévouement a permis de bâtir un héritage durable. »
Les parties impliquées refusent de dévoiler le montant exact de la transaction pour des raisons de confidentialité. Des documents de cour indiquent toutefois un montant d’environ 14 M$. La nouvelle direction dément cette information. « Nous pouvons dire toutefois que c’est une somme substantielle », a déclaré à L’Œil Régional l’actionnaire principal de SEMA, Christian Ostiguy.
Établie notamment à Sorel-Tracy, la famille Cournoyer est impliquée dans cette transaction sous la raison sociale de Groupe Jean Cournoyer inc. Jean Cournoyer a œuvré dans plusieurs domaines et a notamment fondé, dans les années 1990, l’entreprise de transport Kiroule. Pour sa part, la famille Guay opère sous le nom de Groupe Raymond Guay. Basée à Beloeil, l’entreprise est spécialisée dans la location et l’achat d’immeubles résidentiels et commerciaux. La présidente de la société est Nancy Leclerc et le vice-président est Raymond Guay. Ce dernier est également derrière l’entreprise Les Habitations Raymond Guay.
SEMA, diminutif pour Société d’exploitation des marchés agricoles, est administrée par Christian Ostiguy de Saint-Mathias- sur-Richelieu, Pierre Tétrault de Saint-Jean- Baptiste et Martine Ostiguy de Richelieu.
Rappelons que Maurice Robillard, avec son épouse Gertrude Fontaine, a fondé le camping en 1960. À son décès, son entreprise est revenue à ses enfants Louis, Marie, Luc et Charles Robillard. À la fin, Charles Robillard détenait à lui seul plus de 99 % des actions avec droit de vote.
Problèmes financiers et procédures judiciaires
Ce sont des problèmes financiers qui ont mené à la vente, comme en témoigne une décision de la Cour supérieure rendue le 7 novembre. Le Domaine de Rouville était en défaut auprès de son créancier, la Caisse Desjardins de Beloeil–Mont-Saint-Hilaire. À la mi-septembre, l’institution financière a publié un préavis d’exercice de recours hypothécaires de la vente sous contrôle de justice; l’institution réclamait au Domaine de Rouville un montant d’environ 8,9 M$. Un processus de sollicitation d’investissement et de vente (PSIV) a été officiellement entamé le 16 octobre par la firme Raymond Chabot Grant Thornton. Les investisseurs potentiels étaient invités à soumettre des offres non contraignantes avant le 8 novembre et des offres contraignantes (finales) avant le 18 novembre.
Le nouveau groupe de propriétaires était arrivé dans le portrait avant la mise en marche du plan de vente. Leur intérêt pour l’acquisition du domaine remonte au moins à cet été. Une offre d’achat a été déposée le 27 septembre, et trois administrateurs du Domaine, dont Charles Robillard, ont formellement recommandé cette offre.
Les familles Guay et Cournoyer, ainsi que SEMA, ont même déposé, le 28 octobre, une requête au tribunal pour suspendre le processus de sollicitation d’investissement et de vente. La requête a toutefois été rejetée le 7 novembre par la juge Geeta Narang. Aucun membre du nouveau groupe de propriétaires n’a souhaité commenter cette procédure judiciaire.
Ajoutons que les frères et la sœur de Charles Robillard, qui se sentent lésés dans cette transaction, ont entamé en juillet un processus judiciaire sous la forme d’injonctions provisoires et interlocutoires. Louis, Luc et Marie Robillard s’étaient d’ailleurs fortement opposés à la suspension du processus de sollicitation d’investissement et de vente. Leur recours n’a toujours pas été entendu devant un juge. L’Œil Régional a tenté de contacter leur avocat, mais ce dernier n’a pas donné suite à la demande du journaliste.
