14 juin 2023 - 07:00
Parc canin de Belœil
Changement de ton de la mairesse devant les utilisateurs
Par: Olivier Dénommée
Le parc canin répond à un besoin à Belœil, mais le poids des plaintes, en particulier pour des jappements excessifs, menace son existence à long terme si certains propriétaires ne changent pas leurs habitudes. Photothèque | L’Œil Régional ©

Le parc canin répond à un besoin à Belœil, mais le poids des plaintes, en particulier pour des jappements excessifs, menace son existence à long terme si certains propriétaires ne changent pas leurs habitudes. Photothèque | L’Œil Régional ©

« Le parc canin est là pour rester », titrait encore L’ŒIL en début d’année lorsque la Ville en est arrivée à une entente à l’amiable avec Jean Caumartin, ancien voisin du parc qui se battait pour le faire fermer. Cette affirmation semble moins certaine aujourd’hui alors que la mairesse Nadine Viau a participé à une rencontre virtuelle avec des utilisateurs où elle leur a demandé de faire des efforts pour corriger certaines situations afin de pouvoir le garder ouvert.
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Une rencontre d’une heure par Facebook Live où seuls les membres du groupe ont été conviés a eu lieu le 29 mai en présence de Mme Viau et de la nouvelle administratrice de la page, Sandra Lo Maglio. Parmi les 1300 membres de la page, la vidéo a été vue plus de 300 fois et environ 25 personnes l’ont suivie et ont interagi en direct, cumulant plus de 160 commentaires pendant la diffusion. Depuis son élection en 2021, la mairesse marchait systématiquement sur des œufs chaque fois que le sujet du parc canin revenait pendant la période de questions en séance publique, défendant à la fois la pertinence d’avoir un tel parc sans minimiser les inconvénients que vit son voisinage. Mais son ton était sensiblement différent lors de cette rencontre. « L’heure est grave pour le parc à chiens », a-t-elle notamment affirmé, demandant la bonne foi de tout le monde pour assurer la survie à long terme du parc.

Nadine Viau rappelle qu’il y a eu des tensions avec le voisinage dès l’arrivée du parc, en 2020, mais que de nombreuses mesures ont été mises en place (heures réduites la fin de semaine, portes moins bruyantes, etc.) pour atténuer les irritants que les voisins enduraient, mais qu’une plainte revient toujours, encore aujourd’hui : les jappements excessifs qui peuvent survenir à tout moment dans la journée, allant jusqu’à causer de la détresse psychologique auprès de certaines personnes.

« Il arrive des moments où un chien commence à hurler sa vie et ça a un effet papillon sur les autres dans le voisinage. […] C’est un dossier qui, systématiquement, revient à la table du conseil, à cause des irritants, des nuisances, des plaintes. L’administration est mobilisée par les plaintes liées au parc et je ne cacherai pas que la tendance des villes est de fermer les parcs devant autant de plaintes. On reçoit des idées d’amélioration, mais on ne pourra pas y arriver si on ne règle pas en premier le problème fondamental, le vivre-ensemble. Si on ne s’occupe pas des jappements problématiques et du respect des règles, on part à -2 », s’inquiète la mairesse. « Notre chien, il est là pour s’éclater, mais je ne pense pas qu’il est là pour éclater les tympans des voisins. »

Un autre irritant soulevé pendant la rencontre est le fait de laisser son chien circuler sans laisse à l’extérieur de l’enceinte du parc canin. En plus d’être potentiellement dangereux à la fois pour les chiens et les gens circulant à proximité, il s’agit d’une contravention à une loi provinciale, rappelle Sandra Lo Maglio.

Faire partie de la solution

Ainsi, le but avoué de cette rencontre virtuelle est de sensibiliser les utilisateurs aux actions simples qu’ils peuvent prendre pour montrer leur bonne foi. « Un chien qui jappe, c’est normal, mais si ça dure pendant 5 minutes, il faut intervenir et le mettre en time-out », suggère Mme Lo Maglio. « Si votre chien devient incontrôlable, de prendre l’initiative de quitter, ça ferait toute la différence, renchérit Nadine Viau. Avec les “cadeaux”, les utilisateurs ont commencé à prévenir les autres quand ils voient quelque chose. On pourrait faire la même chose avec les jappements excessifs. » Une signalisation « ludique » devrait aussi voir le jour prochainement pour informer et sensibiliser les utilisateurs.

Quelques suggestions ont été formulées à la Ville pour limiter l’accès au parc, y compris la nécessité d’avoir une carte Accès Belœil, qui pourrait ainsi éliminer la plupart des visiteurs venus de l’extérieur de Belœil, estimés à 30 % des utilisateurs. Cette proposition ne serait toutefois évaluée qu’en « dernier recours ». « Je n’aime pas beaucoup la gestion par exclusion. On n’en voit pas de frontières avec les voisins », soutient Mme Viau. Il semble aussi difficile d’établir une limite fixe de personnes dans le parc simultanément.

Mme Viau croit que les utilisateurs font « partie de la solution » et sent qu’ils peuvent ainsi diminuer la grogne du voisinage, malgré quelques récalcitrants. « On va voir dans quelques semaines ce que ça va donner, mais juste après la diffusion du Facebook Live, je me suis rendue au parc et les gens présents en parlaient déjà », soutient-elle. « Au tout début, c’était presque une guerre ouverte entre les deux parties. Aujourd’hui, on n’en est plus là, on en est à chercher un équilibre et on a eu des échanges intéressants et constructifs. » La balle est donc dans le camp des utilisateurs s’ils veulent conserver leur parc. « On est tous responsables de la survie de notre parc », martèle-t-elle.

Défis pour un deuxième parc

Cela fait presque un an que la Ville annonce son intention d’ouvrir un deuxième parc canin sur son territoire, cette fois plus près de l’autoroute 20. Malheureusement, la Ville ne possède aucun terrain dans le secteur et est en pourparlers avec le ministère des Transports. Il a été possible d’apprendre que Belœil a déjà essuyé quelques refus. « On a refusé nos demandes plusieurs fois déjà, alors on cherche une solution pour que le non devienne un oui, mais ce n’est pas facile », a reconnu Nadine Viau en entrevue. Elle réitère aussi l’intention d’avoir deux parcs canins, et non pas de simplement déménager le premier dans une zone moins controversée.

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