Dans le cas de la Chevrolet Corvette E-Ray 2025, difficile de faire la fine bouche. Car non seulement on a conservé le V8 tant aimé, mais on y a ajouté une motorisation électrique et une puissance accrue. Impossible donc de détester cette combinaison, même si, je l’avoue, on est bien loin des Corvette de notre jeunesse qui faisaient rêver.
Ce nouveau bolide hybride n’est pas simplement un pas vers l’électrification, c’est un coup de canon. Et croyez-moi, je l’ai ressenti jusque dans le bas du dos.
Sous le capot
On parle ici d’un mariage historique pour la Corvette : un V8 atmosphérique de 6,2 litres logé à l’arrière (rappelons en effet que la nouvelle génération est désormais à moteur central, ce qui lui donne une petite allure de super sportive italienne), livrant 495 chevaux. Puis, on a ajouté un moteur électrique de 160 chevaux sur le train avant. Faites le calcul : 655 chevaux combinés, une transmission intégrale (une première pour une Corvette) et une accélération fulgurante : 0 à 100 km/h en 2,7 secondes.
Oui, c’est brutal. Oui, c’est excessif. Et non, on n’est pas dans la délicatesse et la subtilité. Quand on pousse à fond le moteur V8, son grondement caractéristique fait dresser le poil des amateurs du genre. La poussée en accélération est foudroyante, et on suggère de tenir le volant à deux mains tellement le couple est abondant. La boîte automatique à double embrayage réagit au quart de tour et on se retrouve au volant d’une véritable sportive racée, mais raffinée.
Là où la Corvette E-Ray étonne, c’est aussi dans sa capacité à se faire discrète. Le mode furtif (Stealth Mode) permet de rouler en 100 % électrique sur environ 6 kilomètres ou jusqu’à 72 km/h. C’est peu, évidemment, mais c’est suffisant pour quitter discrètement le quartier sans réveiller tout le voisinage.
La grande force de cette E-Ray, c’est son comportement routier. La traction intégrale, jumelée à une suspension magnétique adaptative, transforme ce coupé bas et large en véritable rail. Dans les virages serrés, même à haute vitesse, la voiture reste incroyablement stable. Il n’y a pas de flottement, pas d’hésitation. Juste une précision chirurgicale.
Notre modèle d’essai bénéficiait en prime d’un système de suspension pneumatique qui permettait de rehausser le nez de la voiture à faible vitesse – bien utile pour éviter d’érafler la bavette avant en fibre de carbone dans les entrées de cour trop abruptes. Croyez-en un gars qui a déjà fait le bruit du frottement fatal dans son entrée.
Un style qui claque
Esthétiquement, cette Corvette est une claque visuelle. Large, basse, musclée, elle impose le respect. Le modèle bleu de notre essai ne passait pas inaperçu, d’autant plus que cette teinte se prolongeait jusque dans l’habitacle, sur les cuirs et les surpiqûres. Même le toit Targa amovible, lui aussi d’un bleu transparent, ajoutait à ce look unique. Toit qui, d’ailleurs, s’enlève assez aisément, mais qui, une fois installé dans le coffre arrière, ne laisse plus de place pour aucun bagage. Il faut alors se tourner vers le « frunk », le petit coffre logé sous le capot avant, qui peut accueillir un bagage de cabine, tout au plus.
Tout n’est pas parfait. Entrer à bord demande de la souplesse, et disons que mon gabarit de journaliste bien nourri n’était pas optimal pour cet exercice. Une fois assis, on est bien maintenu, certes, mais une console centrale massive, hérissée de minuscules boutons de climatisation, m’a toujours semblé, disons, inutilement complexe. J’ai surnommé ça la Grande Muraille de la Ventilation. Ergonomie discutable, look indiscutable.
Et parlons prix. À plus de 176 000 $ dans la version bien équipée comme celle testée, la Corvette E-Ray n’est plus la sportive « accessible » qu’elle a déjà été. Est-ce justifié? Si on considère la technologie embarquée, les performances et le facteur exclusivité, probablement, même si le coût semble élevé.
Mais à ce niveau, ce n’est plus qu’une question de logique. C’est une question de passion. Et la E-Ray en déborde. La Chevrolet Corvette E-Ray 2025 est une bête de performance, une vitrine technologique et une démonstration de savoir-faire. Elle réconcilie les fans de gros moteurs avec ceux qui embrassent l’avenir électrique, sans renier l’émotion. Elle n’est pas parfaite, mais une fois lancé sur une route sinueuse, vous ne penserez plus à rien d’autre qu’à votre sourire idiot. Et ça, pour un gars de char comme moi, c’est tout ce qui compte.