Puis l’attentat de dimanche. J’ai hésité à commenter, tout le monde l’a déjà fait. Je n’avais pas envie de revenir sur l’horreur.
Ça explique un peu mes blues des dernières semaines. Il se publie tellement de choses. Rapidement, surtout. Des drames de ce genre exigent de nous un recul.
Certains commentateurs ont le doigt enfoncé sur la gâchette, sans prendre le temps de viser. Trop de chroniqueurs ou de gens du public avaient déjà trouvé un coupable ou un responsable à l’acte terroriste de dimanche, alors que des victimes se vidaient encore de leur sang.
Simon Jodoin, rédacteur en chef au Voir, racontait sensiblement ça en entrevue dernièrement. Parfois, certains ont plus de choses que toi à dire; d’autres le disent juste mieux, avec plus d’intelligence. Parfois, vaut juste mieux se la fermer et laisser les bonnes personnes parler.
Surtout sur le sujet de l’intolérance, du racisme, des préjugés. Avec l’attentat de dimanche, nous pourrions attribuer le drame à un paquet de trucs, allant de la maladie mentale au travail des médias; reste qu’on nage dans un climat merdique. Au Québec d’abord, dans le reste du monde ensuite, incluant nos voisins du sud. Je ne ferais pas l’amalgame trop rapidement de ce climat avec les motivations du tueur. Mais l’attentat devrait nous pousser à réfléchir notre rapport à l’autre.
J’écrivais une chronique l’an dernier sur le petit racisme. On tolère un peu trop les commentaires désobligeants envers l’autre, qu’il soit gay, musulman, féministe ou juste pas tout à fait dans le moule. Dans «notre» moule.
Crisse que c’est épuisant. Exacerber l’intolérance en 2017, c’est lourd, redondant. Je nous croyais mieux que ça.
Cultiver l’ignorance et l’intolérance a été à la source des plus grands conflits de notre histoire. Le passé devrait nous prouver une fois pour toutes que la haine engendre seulement la haine.
Bon, je suis surtout fier de la réaction des gens. Il se dit de belles choses. Je retiendrai le positif. Les vigiles, les mots sincères de soutien, la fraternité, la condamnation des bullies et des trolls.
À ceux qui voudraient surfer sur la vague de l’islamisme radical, faites donc comme moi. Prenez quelques semaines de congé et svp, fermez votre boîte. Faites juste la fermer. Le besoin de vous entendre n’est pas si criant. Pas maintenant. Ah pis pus jamais. Chut!