Dans un sondage mené par la firme Léger, commandé par l’entreprise suédoise et obtenu par Le Devoir, on apprend finalement que les citoyens voient d’un bon œil l’arrivée de Northvolt dans la région, mais craignent certains impacts environnementaux, et pensent qu’un examen du BAPE (Bureau d’audiences publiques sur l’environnement) aurait dû être mené.
Selon les données rapportées dans Le Devoir, 54 % des répondants « se disent inquiets du projet au point de vue environnemental », 31 % nommant sur l’impacts du projet sur les milieux humides et la rivière Richelieu. Quelque 67 % des 500 répondants se disent en faveur d’un BAPE, même si le gouvernement Legault refuse de soumettre le projet à cette procédure. On craint aussi pour l’impact du projet sur la circulation (73 %) et la pénurie de logements (59 %).
Toutefois, notons que 72 % des répondants disent trouver qu’il s’agit là d’un « bon projet » et 62,5 % font confiance à Northvolt pour la protection de l’environnement. La cote d’amour du public envers l’entreprise n’a donc pas trop été entachée dans les dernières semaines.
Ajoutons que le sondage a été réalisé du 2 au 8 février. Depuis, plusieurs informations ont été révélées, notamment sur l’impact de l’implantation de l’usine sur les milieux humides et la faune. Nous avons aussi appris qu’au moins une rencontre a eu lieu entre le dirigeant de l’usine, Paolo Cerruti, et le ministre Pierre Fitzgibbon avant l’inscription au registre des lobbyistes de représentants de l’usine. Aussi, Radio-Canada dévoilait la semaine dernière les comparaisons des rapports environnementaux entre le projet d’usine et celui d’un développement résidentiel qui devait être initialement implanté sur le site. On se rend compte que la fonctionnaire attitrée aux deux dossiers a fait preuve d’un peu moins de zèle dans son évaluation environnementale pour le dossier Northvolt que pour le dossier de développement résidentiel…
Je trouve que ce sondage reflète bien les conversations que j’ai avec plusieurs intervenants ou citoyens : nous ne sommes pas contre la venue de l’usine, mais le gouvernement a fait preuve d’un flagrant manque d’éthique et de transparence dans ce dossier.
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Une note sur la couverture du journal. On m’a reproché à moi et au journal d’être en opposition au projet parce que nous donnons la parole à des opposants ou des scientifiques qui soulèvent des craintes. Je pense notamment à notre entrevue avec le chercheur Philippe Gachon, qui craint un impact majeur de la destruction de milieux humides sur la capacité de la région à faire face aux inondations.
Il faut comprendre que le journal n’est ni pour ni contre le projet de facto. Mais lorsqu’un spécialiste reconnu soulève des inquiétudes, c’est notre devoir de lui tendre le micro, n’en déplaise aux partisans du projet. L’idée n’est pas d’encenser ou de diaboliser un projet, mais de fournir aux lecteurs le plus d’éléments de réponse possible pour leur permettre de mieux se faire une tête sur un dossier. C’est dit.