Sur 49 plaintes déposées en 2018, 15 se sont avérées fondées selon le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). En 2015, le nombre de plaintes atteignait 22, dont 9 jugées fondées.
« Il y a une augmentation des plaintes qui sont jugées non fondées. Probablement qu’il y a un grand nombre de ces plaintes non fondées là qui ne répondent pas aux critères du MAPAQ. Mais c’est possible que ce soit des animaux qui ne soient pas dans des situations optimales », affirme la porte-parole de l’Ordre des vétérinaires du Québec, Dre Caroline Kilsdonk.
La directrice générale Services animaliers de la Vallée-du-Richelieu (SAVR), Madeleine Daoust, fait le même constat. « À partir du moment que l’animal a un toit, de la nourriture et de l’eau, le MAPAQ n’intervient pas. »
La croissance des plaintes ne surprend pas les intervenantes. La Dre Kilsdonk croit que la population est de plus en plus sensibilisée au bien-être des animaux. Depuis 2015, aux yeux de la Loi, les animaux sont considérés comme des êtres sensibles, donc qu’ils ressentent des émotions.
Depuis 2015, le MAPAQ est arrivé à une seule condamnation en juillet 2018 en Montérégie. Le Ministère a soumis une amende de 1200 $ à un résident de Saint-Basile-le-Grand pour avoir compromis la sécurité ou le bien-être d’un animal en ne s’assurant pas qu’il soit gardé dans un lieu convenable, salubre, propre et adapté à ses impératifs biologiques.
Une loi qui manque de mordant
Même si la cofondatrice de l’organisme Les Félins de la Vallée, Ève-Marie Bordeleau, n’est pas surprise de la croissance des plaintes, elle déplore que les dispositions actuelles n’aient pas beaucoup d’impact sur les usines à chiots et à chatons.
« Le gouvernement doit faire quelque chose. La plupart des fournisseurs des animaleries, bien que je n’aime pas ce terme, sont souvent des usines à chiots ou à chatons. Avec un peu d’investigation, c’est ce qu’on découvre. On doit mettre une réglementation auprès des animaleries », croit-elle.
Il lui arrive régulièrement d’accueillir des chats mal-en-point dans son refuge, raconte-t-elle. « Des fois, un éleveur nous apporte sa chatte reproductrice, nous dit qu’elle est malade, mais qu’il ne veut pas la soigner. Constamment, on voit des chats qui ont eu un passé difficile, mais on n’a pas assez de preuves pour faire une plainte. »
Plus de sensibilisation
Pour Madeleine Daoust, les propriétaires doivent se préparer en amont à accueillir un animal. En se documentant sur les besoins des animaux selon leur race, ils pourront prendre une décision éclairée concernant l’adoption, ce qui est peu le cas actuellement, observe-t-elle.
« Souvent, les gens prennent les animaux pour des peluches. Je trouve qu’on ne les respecte pas assez. Ce n’est pas tout le monde. Une partie de la population s’en occupe très bien et les considère comme un membre de la famille », souligne Mme Daoust.
Les nouvelles dispositions adoptées en 2015 représentent un grand pas dans la bonne direction, ajoute la Dre Caroline Kilsdonk, même s’il reste du chemin à faire.
« La réglementation ne peut jamais tout couvrir et ne peut jamais éviter toutes les situations non souhaitables. C’est ce qui fait qu’il ne faut pas oublier l’importance de l’éducation et de la sensibilisation. En fin de compte, cette partie-là a un impact majeur. La première façon d’éviter ces situations devrait être en amont et non en réaction par des plaintes et des avis », mentionne la porte-parole de l’Ordre des vétérinaires du Québec.
Les vétérinaires ont l’obligation de dénoncer une situation de maltraitance. Le Ministère travaille à élaborer un guide en collaboration avec les vétérinaires pour calibrer ce qui sera considéré comme de la maltraitance.
« Pour nous, c’est important que les gens ne perdent pas le lien de confiance. Il ne faut pas que les gens aient peur de consulter un médecin vétérinaire », conclut Mme Kilsdonk.
Le MAPAQ n’avait pas répondu à nos questions avant de mettre sous presse.