D’abord, comme homme, est-ce que j’ai le droit à une opinion sur la culture du viol? En fait, je n’ai pas encore vraiment cristallisé mon opinion. Je n’ai jamais constaté cette culture dans ma vie. Les femmes de mon entourage n’en parlent pas. Par crainte? Ou parce que cette culture du viol n’existe pas tout à fait? Ou plus nuancée? Pas tout à fait comme on la dépeint dans les médias?
Sais pas.
Est-ce qu’une supposée culture du viol existera tant qu’il y a aura des différences entre les hommes et les femmes? Prenez cette anecdote banale. Nous avons publié en ligne un texte sur la sortie d’une nouvelle application de réseautage de femmes (Application WIM). Une belle idée pour mettre en lien des voisines qui veulent s’entraider dans le quotidien.
Mon premier réflexe en lisant? Pourquoi ne pas inclure les papas? Moi aussi, j’ai besoin de faire garder mes enfants. Moi aussi, il peut me manquer une tasse de sucre pour une recette ou un truc pour une fête d’enfant.
Est-ce que c’est parce que les mamans organisent mieux la vie familiale? En 2016, je pense que c’est moins vrai (sans être tout à fait faux).
Ou, est-ce plus profond? Est-ce la même raison inavouée qui pousse les femmes à se réunir dans des centres de conditionnement pour femmes, par exemple. Pour ne pas se faire draguer alors qu’elles suent leur vie. Pour avoir la paix.
Même chose avec l’application? Parce qu’en demandant la tasse de sucre, qu’est-ce qui empêche le mâle de draguer? Ou de zieuter le décolleté de la dame en pyjamas qui, dans le fond, ne veut pas se faire mâter si ce n’est pas sollicité comme, dans un bar, disons. C’est un peu ça, la culture du viol? L’espèce d’insistance mâle permanente.
Sais pas.
J’ai arpenté le site web de WIM un temps; un beau site. Mais je n’ai pas trouvé de raisons d’exclure les hommes.
C’est quoi le rapport avec l’affaire Gerry Sklavounos? Rien, je l’ai écrit plus haut. Ça n’a pas de lien.
On prétend en 2016 vouloir détruire la frontière des genres, reste que les gars et les filles, dans le fond, nous ne sommes pas pareils. Biologiquement ou culturellement, je ne sais pas, je laisse le débat aux chercheurs. C’est peut-être de tomber dans le panneau des genres de soulever cette différence. Y’a un fond d’universitaire en moi qui aime l’idée de déconstruire les genres. Mais à la fin, les gens qui ne se réclament d’aucun genre (ou des deux) sont encore la minorité. Et ce, malgré un regain de popularité dans les médias récemment.
Donc, même une chose aussi niaiseuse que le consentement sexuel, centrale à l’histoire Gerry Sklavounos, devient floue. Quand tu racontes à des gars (et des filles) que la victime d’agression a accepté de revoir son agresseur une deuxième fois, leurs yeux s’agrandissent.
C’est peut-être ça la culture du viol. Se dire que, quelque part, elle a couru après le trouble. Accorder plus de crédit à l’abuseur que la victime. En même temps, elle est remontée de plein gré. Culture du viol ou pas?
En fait, c’est peut-être toute cette affaire Gerry Sklavounos qui n’a rien à voir avec la culture du viol. Tout comme mon anecdote d’application de réseautage. Ça existe, mais ici, ce n’est pas ça. C’est plus complexe.
Sais pas.