Rencontré au parc alors qu’il s’apprêtait à finaliser ses trois sculptures après six semaines de travail, l’artiste a donné un aperçu de sa démarche. « J’ai proposé des [croquis] à la Municipalité en m’inspirant de la morphologie des arbres. Quand j’ai vu la branche à gauche [de l’arbre le plus près du chemin des Patriotes], j’ai tout de suite vu le bras du Petit Prince. Dans un autre arbre, j’ai vu deux bernaches qui s’envolaient! » La troisième œuvre s’est imposée pendant l’émondage. « Je disais aux émondeurs quelles branches conserver pour que je puisse travailler et j’ai pris des photos à presque chaque branche enlevée. En les regardant en ordre inverse, j’ai vu un arbre qui poussait. » C’est ainsi qu’il a décidé de recréer le feuillage de l’arbre mort à l’aide de câbles coaxiaux.
La sculpture la plus détaillée est celle du Petit Prince, où on reconnaît immédiatement l’imagerie qui lui est associée. En grandes lettres, la phrase « Fais-moi un dessein » fait le tour de l’arbre. « Pour la tête du Petit Prince, il a fallu que j’ajoute des choses, un morceau de bois que j’ai vissé et sur lequel j’ai pu sculpter. Et le foulard est en métal », précise le Charlerivain. De plus, une balançoire fonctionnelle a été installée le long de la massive branche. L’artiste invite tout le monde à essayer sa balançoire et à constater sa solidité.
Alors que les sculptures n’étaient pas encore entièrement terminées, plusieurs passants ont eu l’occasion de faire entendre leurs impressions à chaud à l’artiste à l’œuvre. « Le mot “magnifique” est revenu souvent », relate le sculpteur, qui croit que, bien entretenues, ses sculptures de 25 à 35 pieds de haut pourront facilement rester belles pendant plusieurs décennies. Une inauguration officielle par la Municipalité de Saint-Charles devrait avoir lieu en septembre.
Anecdotes incroyables
Daniel-Vincent Bernard ne manque pas d’histoires au fil de ses travaux sur les trois œuvres situées au parc Amyot. Par exemple, pendant qu’il travaillait sur la sculpture du Petit Prince, il a eu l’idée le 29 juin d’appeler sa conjointe simplement pour lui demander la date de fête d’Antoine de Saint-Exupéry… et ainsi apprendre que c’était le 29 juin 1990!
Pendant ses travaux, il a aussi constaté pour la première fois la présence de mouettes sur le territoire de Saint-Charles depuis qu’il y vit. Celles-ci se sont posées sur l’arbre qui était justement en train de se transformer en sculpture d’oiseaux en envol. « Je ne sais pas ce qui se passe au parc, mais il y a une belle énergie ici », commente Daniel-Vincent Bernard.
D’autres sculptures à venir
Maintenant que Daniel-Vincent Bernard a complété ces sculptures, il peut se lancer dans d’autres projets. D’autres résidents de Saint-Charles lui ont demandé de transformer leurs arbres morts en œuvre. Des municipalités de la région ont aussi manifesté un intérêt pour faire usage de son talent, mais encore rien de concret n’est sur la table, note toutefois le principal intéressé. Et, après avoir travaillé avec le très grand, des sculptures à plus petite échelle devraient aussi éventuellement voir le jour.
Le parc Amyot est situé à l’embranchement du rang Amyot et de la rue Bousquet, tout près du chemin des Patriotes, à Saint-Charles-sur-Richelieu.