10 mars 2025 - 05:00
Danser en français
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

J’adore le français. C’est d’abord mon outil de travail, mais aussi ma culture, ma personnalité… Bref, vous voyez où je veux en venir, inutile de m’étendre. Je veux un affichage en français, un environnement en français.

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Mais parfois, certaines revendications me fatiguent. Alors, quand mon collègue m’a parlé du cas de Lucie Deslauriers, une citoyenne qui se plaint de l’usage de musique anglophone dans des cours de danse à Belœil, j’ai roulé des yeux. Désolé, Mme Deslauriers. Je me suis dit que vous auriez peut-être pu choisir un meilleur combat. Peut-être que j’ai réagi seulement par lassitude.

Nous avons tout de même convenu de rédiger un texte et de sonder l’opinion des gens de Belœil. Mon collègue s’en est chargé.

Mercredi dernier, assis à ma table de cuisine, en pleine préparation du journal, j’ai lu son article. Dans la première moitié, je comprenais bien votre point, sans être particulièrement ému. Puis, j’ai trouvé la réponse de la Ville tout à fait raisonnable : on impose et favorise le français, mais on laisse les professeurs choisir leur musique. Ok.

Mais la dernière phrase m’a fait tilter (anglicisme bien voulu ici) : « Dans ce contexte, sachant que l’ensemble des cours se déroulent en français et que les options de musique québécoise correspondant aux critères techniques requis sont limitées (tempo spécifique requis pour ce type de cours de mise en forme), la Ville de Belœil considère justifiée l’utilisation de certaines chansons en d’autres langues. Imposer exclusivement du contenu musical en français mettrait en péril la qualité et la tenue même de ces cours, faute de répertoire adapté. »

Je vous le dis, Mme Deslauriers, j’ai lâché un gros sacre dans ma cuisine. J’avais soudainement envie de vous appeler et de me battre à vos côtés.

Entendons-nous bien : la résidente déplore l’omniprésence de la musique anglophone. On comprend que, pour un cours de danse latine, le répertoire va s’adapter. Mais me faire croire qu’on ne peut pas trouver de chansons francophones adaptées pour de la Zumba ou de l’aérobie? C’est non seulement absurde, c’est un pied de nez à notre culture, à toute la francophonie.

Rendu là, dites la vérité : on préfère juste les chansons en anglais pour se bouger le cul. Mais ne me faites pas croire que le répertoire québécois, ou même francophone, est trop limité. Si ça ne vous intéresse pas, très bien, c’est votre choix. Mais ne venez pas prétendre que la diversité n’existe pas. La musique francophone, ce n’est pas juste Charlebois et Céline. Il y a une richesse incommensurable, et elle se décline aussi en musique énergique, rock, dance, techno,et bien plus. Oui, ça demande un effort. Plutôt que de mettre du Dua Lipa ou du Shakira pour se déhancher, il faut chercher un peu plus loin.

Ceci dit, c’est peut-être juste une réponse maladroite de la Ville. Accordons-lui le bénéfice du doute. Mais le vrai problème est ailleurs. C’est une mentalité de colonisé qui ne prend même pas la peine d’explorer sa propre culture. Et ça, c’est bien plus inquiétant que quelques « tounes » en anglais dans un cours de Zumba.

Un peu de respect, s’il vous plaît.

P.-S. J’ai demandé à ChatGPT de me proposer 100 chansons francophones pour me « bouger le cul », ça lui a pris 1 minute, et elles étaient classées par genres.

P.-S.-S. Mars, c’est le mois de la Francophonie.

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