Originaire de Belœil, Cédrick Benoit est courtier depuis une quinzaine d’années et se spécialise depuis plusieurs années dans les propriétés de prestige, notamment sur la Rive-Sud et dans la Vallée-du-Richelieu, à l’agence Engel & Völkers. Il remarque que des propriétés vendues à plus d’un million de dollars ne sont plus aussi rares qu’elles l’ont été par le passé. « Par exemple, à Belœil, on peut voir huit propriétés à plus d’un million sur le marché, alors que dans toute son histoire, seulement douze ont été vendues à ce prix, la première en 2021 », explique-t-il.
Si la pandémie a changé le comportement des acheteurs, faisant exploser la valeur des maisons dans la région, M. Benoit précise que la réalité du marché immobilier « normal » ne se transpose pas tout à fait à celle du marché de luxe. Plus le prix des maisons normales monte, plus les maisons prestigieuses doivent l’être pour se démarquer, même si leur prix n’est pas directement lié à l’inflation. « Une propriété de luxe ne prend pas de valeur comme ce qu’on a vu dans le marché immobilier régulier et je dirais que 80 % des transactions sont payées comptant, donc la hausse des taux d’intérêt n’a pas d’impact. […] La clientèle la plus fréquente pour de telles maisons est généralement des gens d’affaires ou des médecins, mais on voit arriver une génération d’héritiers qui veulent une vue sur le mont Saint-Hilaire. » Selon ses chiffres, à Mont-Saint-Hilaire seulement, un peu plus d’une centaine de ventes de plus d’un million de dollars ont été enregistrées, dont les trois quarts depuis 2019.
Et même les maisons de prestige peuvent faire face à une situation de surenchère lorsqu’elles sont de véritables coups de cœur. « Ça peut arriver, mais on voit aussi des cas où le prix de vente est plus bas que celui affiché. Quand le vendeur est milliardaire, il n’est pas à un million près! Le processus de vente est souvent assez long, ça peut prendre 3 ou 4 ans pour qu’une telle propriété se vende. Mais pendant la flambée pandémique, ça se vendait très vite, même à ces prix-là! », commente Cédrick Benoit.
Bord de l’eau populaire
Dans le monde de l’immobilier de prestige, ce qui compte, c’est le côté unique des propriétés et leur emplacement. « Il y a quelques années, on avait de la difficulté à vendre des maisons sur le bord de l’eau parce que les vendeurs demandaient trop cher pour ce que les gens étaient prêts à payer. Aujourd’hui, on enregistre des ventes record pour des maisons le long du Richelieu. La vue sur la montagne est aussi très tendance, de même qu’un grand terrain. Fait à noter, les acheteurs préfèrent un plain-pied qu’un cottage. »
Le marché de prestige a toutefois quelque chose en commun avec le marché immobilier normal. « Les gens veulent quitter Montréal et tout indique que cette tendance va se poursuivre », note le courtier.
Pas une définition fixe
Si, dans plusieurs cas, il est facile de deviner ce qu’est une propriété de prestige, la définition n’est pas coulée dans le béton et elle n’est surtout pas liée à la valeur de la propriété même si le montant d’un million de dollars et plus peut frapper l’imaginaire. En fait, selon M. Benoit, chacun peut se faire sa propre idée de ce qui correspond à une propriété de luxe. « Pour certains, une propriété à 600 000 $ est leur maison de rêve, pour d’autres, une maison à 2,5 M$ ne les impressionne pas. Moi, je ne me sens pas nécessairement comme un roi en entrant dans une maison d’un million », compare-t-il. Dans tous les cas, il confirme que les maisons en vente à plus d’un million de dollars apparaîtront de façon de plus en plus fréquente sur le marché et qu’elles ne seront pas nécessairement toutes prestigieuses.