Pour le moment, l’intervenante Karine Blanchet sera présente dans les bureaux de la Régie à raison de deux jours par semaine, mais déjà, l’inspecteur-chef Yanic Parent croit qu’elle pourrait être appelée à éventuellement augmenter sa présence.
Selon M. Parent, la Régie envisageait déjà depuis cinq ans la présence d’une intervenante du CAVAC. Il explique que l’intervenante pourra continuer là où s’arrête généralement le travail des enquêteurs, en reprenant les dossiers.
«Des fois, ça va vite. Les appels, l’enquête, tout déboule. Les policiers et les enquêteurs font leur possible pour assurer un bon suivi, mais Karine va pouvoir nous aider à aller plus loin que ça et orienter les personnes vers les bons services ou les bonnes ressources. Ça va être un avantage majeur»- Yanic Parent
Pour le CAVAC, cette présence contribue aussi à faire connaître l’organisme. «C’est souvent via les policiers que les gens vont entendre parler de nous, estime Mme Blanchet. En étant là physiquement, peut-être que les policiers et les enquêteurs vont y penser encore plus de parler de nous.Ca nous permet d’aller toucher plus de personnes.»
Dans l’air du temps
La vague d’agressions non dénoncées, de même que le cas de Daphné Huard-Boudreault, assassinée par son ex-copain l’an dernier dans la région, a ramené le dossier d’une intervenante au cœur de l’actualité, concède Yanic Parent. Rappelons que le travail de la Régie avait été critiqué dans l’histoire de Mme Huard-Boudreault, faisant l’objet d’une enquête du Bureau d’enquête indépendante. La Régie a déjà implanté un système de suivi systématique avec les victimes, notamment dans les cas de violence conjugale, et référait déjà au CAVAC.
«Il y a le volet policier, arrestation; mais le suivi avec les victimes, je pense que toute cette ère-là a montré l’importance de ça. À la Régie, on considère que cet aspect-là va être mieux couvert avec la présence de la CAVAC», indique M. Parent.
Gratuit et confidentiel
Les services du CAVAC sont disponibles aux victimes d’un acte criminel, quel qu’il soit, à leurs proches, mais aussi aux témoins d’un acte criminel. L’intervenante reçoit les références des policiers lorsque ceux-ci croient qu’une personne pourrait avoir besoin d’accompagnement. Celle-ci peut aussi prendre connaissance des résumés des événements après chaque quart de travail. Elle prend alors contact rapidement avec les personnes.
«L’objectif, c’est de voir comment la personne va et de présenter les services du CAVAC, explique Mme Blanchet. À partir de là, on peut vraiment évaluer ses besoins en général, voir ce qui peut lui être utile ou si elle pourrait bénéficier de l’aide d’autres organismes communautaires.»
L’intervenante est là pour informer sur les droits et les recours des victimes, écouter les personnes qui ont besoin de ventiler, apporter une aide technique (par exemple pour remplir certains formulaires) ou aider à la préparation et l’accompagnement à la cour.
Selon les besoins de la personne, le suivi peut s’étendre d’un appel à plusieurs rencontres. De l’avis de l’inspecteur-chef, le fait que l’intervenante ne soit pas une policière peut contribuer à mettre les victimes en confiance. La gratuité et la confidentialité des services sont aussi un avantage, croit l’intervenante. «Des fois, les gens ne sont pas ouverts à porter plainte ou à poursuivre dans cette voie-là, mais ils peuvent tout de même avoir des services. Ça ne les laisse pas avec rien», ajoute Mme Blanchet.
Enthousiastes
La Régie travaille à mettre en place un système pour que les enquêteurs et les patrouilleurs puissent signaler à l’intervenante une personne qui pourrait bénéficier. Déjà, les premières rencontres avec les agents de la paix ont démontré l’enthousiasme des policiers, alors que plusieurs ont déjà posé des questions à l’intervenante.
S’il s’agit d’une nouveauté pour la Régie, le travail en référence policière est déjà un terrain connu pour l’intervenante, qui a auparavant travaillé pendant près de six ans au CAVAC de Montréal avec les policiers. Titulaire d’un DEC en techniques policières et d’un baccalauréat en criminologie, elle dit d’ailleurs avoir toujours eu un intérêt pour le travail des policiers. «J’ai aussi beaucoup d’intérêt pour la relation d’aide. En étant intervenante ici, c’est le meilleur des deux mondes pour moi», estime-t-elle. n