Et bien sûr, il faudra une école. Et les élus de Belœil voyaient grand aussi pour cette école. Puisque le quartier doit être assez densifié, avec des bâtiments de trois étages, ils voulaient appliquer la même logique à l’école. Mais ce n’est pas ce que propose le Centre de services scolaire des Patriotes (CSSP). On parle plutôt d’une école d’un étage et demi, un « bâtiment tiré des années 1980 » qui ressemble à un cabanon, dit la mairesse de Belœil, Nadine Viau, déçue. L’automne dernier, elle parlait de « petits culs-de-sac » dans les négociations. Mais cette semaine, on comprend que le désaccord porte sur des enjeux plus… fondamentaux. « On a mis 8 millions d’argent public là-dedans (pour l’achat des terrains), mais on n’aurait pas un mot à dire sur la forme que ça prendrait? », demande la mairesse.
Il faut croire que non. Les élus ont voté en faveur de la proposition finale du CSSP par dépit, simplement pour que l’école voie le jour. Faut dire que la Ville n’avait malheureusement pas le gros bout du bâton. Depuis 2020, les villes doivent céder, gratuitement, des terrains ou des immeubles aux centres de services scolaires pour la construction d’écoles. Cette exigence, introduite par le projet de loi 40, transfère aux municipalités cette responsabilité financière considérable. L’Union des municipalités du Québec la dénonce depuis des années. Mais malgré les critiques, le gouvernement de la CAQ n’a jamais reculé.
En même temps, on ne veut pas non plus que les écoles deviennent le fruit de choix purement municipaux. Il est sain que la conception d’une demeure entre les mains du ministère ou des centres de services scolaires. Mais on comprend très bien l’exaspération de la mairesse Viau et du conseil municipal. Surtout quand on voit à quel point le ministère semble incapable de se projeter dans l’avenir pour bien évaluer les hausses démographiques.
Car oui, au-delà de la chicane sur la forme que prendra l’école, on sait déjà que cette école à venir sera insuffisante très bientôt. La Ville vient de fournir un terrain d’une valeur de 8 M$ et devra probablement en fournir un autre, comme le rapporte mon collègue Olivier Dénommée ici. Ce qui ne fait qu’exaspérer davantage les élus, qui se retrouveront à nouveau devant l’obligation de trouver un terrain. Et on sait à quel point c’est complexe. On se rappellera de la colère des résidents du secteur du parc de la Baronne, qui avaient manifesté leur opposition à l’idée de voir une école surgir dans leur parc. La Ville n’avait eu d’autre choix que de reculer, en 2021.
Même avec l’agrandissement prévu de l’école Le Petit-Bonheur et autres projets dans la région, ce ne sera pas suffisant. On le sait: les écoles débordent déjà. Les élèves sont entassés dans des classes modulaires, des blocs greffés aux écoles pour en faire un genre de construction Légo conçu par un enfant préscolaire. Ah, on me dit que ce sont de « belles » classes… Peut-être, mais ça manque quand même cruellement de vision à long terme. Et à coup de 8 M$ du terrain, faudrait peut-être penser à développer cette vision bientôt.