18 octobre 2023 - 07:00
Défis et opportunités
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Certains éléments du projet Northvolt continuent de me faire sourciller, plus spécifiquement les modifications par le gouvernement de François Legault des seuils pour un examen du BAPE quelques mois avant l’annonce de la venue d’une usine. On aura beau m’expliquer que ce type d’industrie est nouveau et qu’il faut adapter nos lois en conséquence, j’ai cette impression qu’on m’a passé une petite vite pour accélérer le processus et permettre à l’entreprise de s’installer dans les meilleurs délais possibles.

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« Soustraire ce projet à une évaluation environnementale rigoureuse et au BAPE constituerait une régression sociale et environnementale indigne d’un projet qui se veut à l’avant-garde de la transition écologique », signent dans une lettre publiée dans Le Devoir le 13 octobre dernier des experts en environnement, des anciens du BAPE et d’autres figures sérieuses concernant les questions d’environnement (André Beauchamp, Michel Bélanger, Pierre Dumont, Louis-Gilles Francoeur, Lucie Sauvé et Louise Vandelac). Je vous invite à cette lecture.

L’autre aspect qui me chicote encore est tout l’argent que l’on injecte dans cette industrie, à coups de milliards. Mais mes lectures semblent aller dans les deux sens concernant cette tactique, avec autant d’applaudissements que de mises en garde, ce qui fait qu’il m’est difficile de me faire une opinion. Je n’ai tout simplement pas les connaissances pour trancher.

Maintenant que le mal est fait, j’essaie de voir si tout ce beau projet peut être positif. Après les séances d’information de l’entreprise, après mes rencontres avec les élus de McMasterville et de Saint-Basile-le-Grand et les séances publiques d’information, je me sens plutôt en confiance. Ma discussion avec Evelina Fahlesson (article page 3) n’a fait que me convaincre davantage, surtout sur les aspects du bruit et de la pollution, où elle se montre très rassurante. « Nous sommes fiers de faire partie de la transition verte », dit-elle.

Mais, elle le dit ouvertement : la venue de cette énorme industrie va ébranler le secteur et toute la région. De nouvelles opportunités, mais aussi de nombreux défis. Si cette « petite » commune de 75 000 habitants passe à 90 000 dans quelques années avec notamment l’arrivée de Northvolt, on peut s’attendre à un impact similaire dans la Vallée-du-Richelieu. Plus de constructions de logements, plus d’impact sur le transport. On a beau me dire que l’on investira dans la construction de logements, je reste sceptique sur ce point. J’ai l’impression que nous allons bientôt voir une autre pression déferler sur le marché immobilier de la région et que les maisons seront encore plus hors de prix qu’actuellement. Oui, l’usine risque d’avoir un impact positif sur l’économie et d’améliorer la qualité de vie de ses voisins via ses taxes, mais j’ai peur d’une certaine forme d’embourgeoisement à long terme où les moins nantis (et même certains natifs) seront poussés hors de la région pour faire place à des personnes plus fortunées. Le maire Martin Dulac, à McMasterville, en a fait allusion en séance publique le 2 octobre dernier, rappelant que le redéveloppement du Vieux-McMaster passe par la destruction de maisons « qui valent moins que le terrain sur lequel elles sont construites », afin de densifier davantage la région. Oui, c’est un processus en cours depuis de nombreuses années, ne nous alarmons pas. Mais cela donne une idée du rythme auquel les choses vont évoluer dans les années à venir.

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