Denise Loiselle s’est intéressée à la cause animale après avoir été choquée par un reportage diffusé en 2011 sur le Berger Blanc, révélant des cas de maltraitance dans les fourrières. Mme Loiselle ignorait l’existence de telles pratiques, ce qui l’a poussée à approfondir ses recherches.
Elle a été mise en contact avec Johanne Tassé, fondatrice des centres d’adoption d’animaux de compagnie du Québec. Cette rencontre a renforcé son engagement en lui faisant découvrir l’ampleur des problèmes liés à l’abandon et à la gestion des animaux errants.
Détentrice d’une maîtrise en administration publique et d’une expérience de représentation au sein de plusieurs conseils d’administration, Mme Loiselle a entrepris des démarches auprès des municipalités et des instances politiques pour proposer des solutions globales pour la gestion des animaux domestiques. Mais face à l’inaction des autorités, elle a décidé de poursuivre son engagement en rédigeant des mémoires et en militant pour une réforme complète du système de gestion des animaux domestiques.
Son engagement a donc pris la forme d’un ouvrage d’environ 400 pages, Réforme de la gouvernance des animaux de compagnie au Québec, présenté sous forme de livre blanc, c’est-à-dire un ouvrage qui présente une analyse approfondie d’un problème et propose des solutions destinées à l’élaboration de politiques publiques ou de réformes.
Dans son livre blanc, l’Hilairemontaise dresse un portrait désorganisé de la gestion des animaux domestiques au Québec. Elle pointe tout d’abord du doigt un manque de coordination entre les différents acteurs impliqués, notamment les ministères et les municipalités, qui travaillent en silo. La responsabilité des animaux de compagnie est actuellement confiée au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), ce qui désole l’auteure du document. « Les animaux de compagnie, ça n’a rien à voir avec le MAPAQ, parce que la mission du MAPAQ, c’est le bioalimentaire. Ça devrait être une responsabilité du ministère des Affaires municipales », pense-t-elle.
Un autre problème fondamental est l’absence de données fiables permettant de dresser un portrait précis des besoins sur le terrain. Aucune étude exhaustive n’a été réalisée pour évaluer le nombre d’animaux, les services disponibles et les besoins réels des différentes régions du Québec, selon elle.
Enfin, Denise Loiselle souligne un vide législatif et réglementaire en matière de protection animale.
Une « SAAQ » des animaux
Devant ces constats, Denise Loiselle propose la création d’une société d’État dédiée à la gestion des animaux domestiques, inspirée du modèle de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). Cette entité aurait pour mission de centraliser la gestion des services animaliers à l’échelle provinciale, assurant ainsi une uniformisation des normes et une meilleure coordination entre les différentes instances. « J’ai trouvé qu’on avait la possibilité ni plus ni moins de prendre le modèle de la SAAQ comme canevas, comme solution, parce que je trouvais que ça correspondait et que c’est un organisme apolitique. »
Une société d’État permettrait d’établir des points de service dans les différentes régions du Québec, adaptés aux réalités locales, propose l’auteure du livre blanc. Elle permettrait également de mieux encadrer les refuges et fourrières afin de réduire les euthanasies abusives (ou mises à mort, comme elle préfère dire) et favoriser l’adoption.
Tous les services se retrouveraient donc sous une seule entité, remplaçant les régies municipales et les services municipaux, qui s’occuperait des liens avec les services privés. Dans ce modèle, les municipalités ne seraient plus responsables de la gestion directe des animaux.
En 2022, elle estimait que la mise en place de cette solution nécessiterait un investissement de 200 millions de dollars, mais cette projection nécessite une mise à jour.
Peu d’intérêt
Même si elle a remis une copie de Réforme de la gouvernance des animaux de compagnie au Québec à plusieurs politiciens et décideurs, Mme Loiselle n’a pas senti une urgence d’agir. « Ça ne répond pas à leurs priorités, ce n’est pas intéressant pour eux », dit-elle, tous paliers politiques confondus.
« L’après-pandémie, et principalement 2024, nous a révélé toutes les problématiques que vivent les refuges et les animaux de compagnie. Je pense qu’avec la réalité d’aujourd’hui, ce livre prend tout son sens et pourrait sauver bien des vies animales », souligne Patrick De Vos, ami de Denise Loiselle et ancien bénévole de la SPCA, qui a assisté à la rencontre.
Denise Loiselle ne jette pas l’éponge pour autant. Mais la suite des choses repose principalement sur la mobilisation citoyenne et la sensibilisation du public à la cause animale. Bien qu’elle ait déjà soumis des rapports et des mémoires aux instances gouvernementales, elle souhaite maintenant élargir son audience et établir des contacts stratégiques avec des élus et des partenaires potentiels. Il est possible de la joindre au deniseloiselle@gmail.com.
Pétition
Des citoyens pressent le gouvernement de revoir la gestion des animaux de compagnie dans la province. Dans une pétition adressée au gouvernement du Québec, au MAPAQ et aux élus, les signataires dénoncent une situation jugée préoccupante : surpopulation féline, refuges débordés, abandons en hausse, euthanasies de convenance, et manque d’encadrement des éleveurs. Ils critiquent également le peu de soutien accordé aux refuges.
Les signataires de la pétition mise sur pied par Justice Animale Alliance réclament une réforme en profondeur, incluant le retrait de la gestion animalière des mains du MAPAQ au profit d’un organisme dédié exclusivement aux animaux de compagnie, et de nombreuses autres mesures.
Au moment de publier ces lignes, la pétition avait recueilli plus de 1700 signatures. La pétition est disponible sur le www.change.org.