19 août 2024 - 05:00
Dépassée
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Devant l’inondation de sa maison pour la deuxième fois en moins d’un an, Françoise Beaumier se pose une question très légitime : est-ce que la Municipalité de Saint-Mathieu-de-Beloeil (et par extension, toutes les municipalités rurales du Québec) est bien équipée pour gérer des problèmes de l’envergure du passage de l’ouragan Debby?

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Certes, la tempête du vendredi 9 août est un événement exceptionnel. Environ 2300 résidences ont été inondées et 464 personnes ont été évacuées sur le territoire de la province, sans parler de tous les dommages aux infrastructures.

À en croire les spécialistes du climat, il faut s’attendre à une hausse de ce type d’événement extrême dans les prochaines années.

Ce n’est pas pour rien que l’Union des municipalités du Québec (UMQ) demande une augmentation significative du soutien financier de la part du gouvernement provincial pour aider les municipalités à mettre en œuvre des mesures d’adaptation climatique et à renforcer leurs infrastructures face aux catastrophes naturelles comme les inondations. Selon l’analyse commandée par l’UMQ et réalisée par WSP et Ouranos, il en coûtera minimalement 2 milliards de dollars par an de plus aux municipalités du Québec – soit une augmentation de 12 % de leurs dépenses totales – pour adapter leurs infrastructures aux changements climatiques dès 2025, et ce, jusqu’en 2055! Les routes locales et les infrastructures d’eaux pluviales et usées seront les plus coûteuses en contexte de changements climatiques.

Bien sûr, au-delà des changements climatiques, la situation à Saint-Mathieu semble surtout être une question d’infrastructures. Même si le maire Normand Teasdale se veut rassurant (et empathique), il reste que la situation perdure depuis des années. En visionnant des images des anciennes séances publiques, on comprend que cela fait maintenant des années que des citoyens demandent à l’administration de régler le problème des inondations. Et cette dernière a beau multiplier les études auprès de firmes, les propriétaires doivent quand même vivre dans la crainte chaque fois qu’on annonce de la pluie. À tous ceux à qui j’ai parlé, il est impossible de prendre des vacances à l’extérieur si la température est incertaine. « On sent la Ville dépassée », dit Mme Beaumier. Et elle souhaite, comme d’autres, l’implication des paliers gouvernementaux supérieurs.

D’accord, le gouvernement du Québec a annoncé jeudi dernier vouloir aider financièrement les citoyens, les entreprises et les municipalités affectés par les inondations. Le premier ministre François Legault a promis des mesures exceptionnelles pour ajuster les programmes existants.

Mais c’est un plaster sur le problème. On peut supposer que les résidents de Saint-Mathieu recevront un dédommagement en raison des précipitations exceptionnelles. Mais la plupart craignent déjà la crue du printemps et espèrent rapidement des mesures de correction concrètes.

Déjà, la responsabilité du ruisseau Belœil relève de la MRC de la Vallée-du-Richelieu, pas de la simple Municipalité de Saint-Mathieu. Pourtant, le problème perdure et la solution ne semble pas si évidente.

Il y a certainement urgence d’agir au niveau de Saint-Mathieu, qui prend la situation au sérieux. Mais on semble mûr pour une forme « d’états généraux » sur la question dans la région… et dans le reste de la province.

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