Brigite Normandin est une artiste chevronnée qui cumule un long parcours et de nombreuses expositions en solo ou avec ses pairs. Ses différentes formations contribuent à approfondir son art tout en développant son dessin qu’elle qualifie comme étant la forme d’expression essentielle à sa démarche plastique.
Elle maîtrise parfaitement les techniques mixtes : du dessin aux assemblages compliqués, rien ne l’effraie! Les superpositions de médiums, de matières et d’objets rappellent les couches de l’épiderme humain. Qu’ils soient schématisés ou rendus avec une précision chirurgicale, les dessins anatomiques de l’artiste invitent à explorer le corps féminin en surface et en profondeur, sous la peau, anatomiquement et spirituellement.
Glaneuse, fascinée par l’archéologie, Normandin intègre des objets désuets, des artéfacts, des imprimés anciens et autres memorabilia à ses mannequins désassemblées sur papier, sur bois ou sur tissus. Elle est inspirée par ces pièces d’objets manufacturés ou naturels, des choix qui soutiennent les interprétations symboliques, pour peu qu’on y prête attention. L’artiste est reconnue pour son trait fin, précis, multiple, la qualité de ses exécutions et la profondeur de son engagement pour sa thématique.
Pour Compositions anatomiques, elle propose ses grandes séries de corps épars, recomposés, formant des silhouettes féminines au plomb, à l’encre ou au fusain; une cohorte de personnages anatomiques complexes qui parlent d’une seule voix.
Pour Amélie Pomerleau, le rapport du corps au temps s’incarne dans une série de pièces anatomiques façonnées. Ses œuvres de céramique entremêlent les matières, textures, tessons et glacis avec poésie et raffinement. Maîtrisant une pluralité de techniques et de matériaux, elle s’inscrit dans une pratique d’art actuel par sa singularité et la dualité percutante de ses créations.
Amélie Pomerleau explore dans son œuvre la convergence entre le temps biologique éphémère de l’humain et le temps géologique immuable de la planète, en s’appuyant principalement sur la céramique. À travers une fusion singulière des matériaux, elle parvient à capturer la tension entre la fugacité de la vie humaine et la pérennité des transformations géologiques. La céramique, avec sa malléabilité initiale et sa permanence après cuisson, devient un médium idéal pour exprimer ces notions de transformation et de dualité.
Chaque pièce orchestre une chorégraphie entre le temps humain et le temps géologique, révélant des surfaces texturées où se rencontrent traces biologiques et motifs minéraux. Le corps humain, thème central de son travail, est déconstruit et réimaginé à travers des éléments inspirés de la nature : épiderme évoquant les strates du temps, motifs marins ou fossiles estampés dans l’argile. Des formes de coquillages et de coraux se greffent organiquement aux surfaces, illustrant les liens profonds entre le corps et son environnement naturel.
La céramiste célèbre ainsi la fragilité de l’existence, proposant une méditation poétique sur la beauté qui émane de la vulnérabilité et de l’impermanence. À travers ses œuvres, elle invite à contempler la façon dont le temps sculpte les corps, les paysages et la mémoire, en dialogue constant avec l’histoire longue de la Terre.
La complémentarité de ces deux artistes est évidente et les interactions provoquées par la proximité de leurs corpus respectifs ravissent les visiteurs depuis le début de l’exposition le 1er mars. Compositions anatomiques s’achève au MBAMSH le 13 avril.
Info : mbamsh.com.
